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introduction, l’einführungslose indirekte Rede, l’erlebte Rede et le discours indirect libre, à l’exception de Kalepky (1899) et Lerch (1914), pour qui l’EIR est proche du DI, et de Celle (2004, cf. 5.3.3), qui l’envisage dans sa relation avec le conditionnel. 2) La question des relations entre les trois genres sans introduction reçoit deux réponses sur le plan contrastif : 2.1) Bally (1912), Steinberg (1971) et Kullmann (1992a, 1995a et 1995b) considèrent que l’einführungslose indirekte Rede est, au même titre que l’erlebte Rede, une construction similaire au discours indirect libre. En somme, s’il y a en français un discours indirect libre, il y a en allemand l’erlebte Rede et son doublet, l’einführungslose indirekte Rede, comme le formule Kullmann : « Einer einzigen grammatischen Form im Französischen stehen also im Deutschen zwei unterschiedliche Formen gegenüber. Sie müssen, von ihrer Stellung im Sprachsystem her gesehen, als gleichberechtigte Entsprechungen der französischen Form angesehen werden. » (1992a : 330) 162 . 2.2) l’einführungslose indirekte Rede et le discours indirect libre sont les véritables correspondants dans le système des discours indirects, l’erlebte Rede n’ayant qu’un écho très partiel dans le discours indirect libre. Cette position est celle de Lips (1926), Günther (1928) et celle de Gehnen et Kleineidam (1988). Nous privilégions la deuxième approche. Le DIL et l’EIR marquent la subordination sur des plans qui sont également ceux, respectivement, du discours indirect régi et de l’indirekte Rede. L’ER occupe une place particulière dans le continuum allemand du discours rapporté puisqu’il se construit à partir de l’adaptation des temps du cadre énonciatif second à ceux du cadre énonciatif premier. 5.3.2 Le discours indirect elliptique L’EIR demande à être comparé avec le discours indirect elliptique français tel qu’il est attesté dans les exemple suivants, dans des textes dramatiques et de prose, dans des dialogues et des interventions non dialogales. (151) Je lui dis que pour lui mon âme était blessée, / Mais que, voyant mon père en d’autres sentiments, / Je devais une feinte à ses commandements ; / Qu’ainsi de notre amour nous ferions un mystère / Dont la nuit seulement serait dépositaire ; / Et qu’entre nous de jour, de peur de rien gâter, / Tout entretien 162 Nous précisons en anticipant sur la section III que sur le plan traductologique, Steinberg et Kullmann établissent que l’EIR est souvent l’équivalent le plus adéquat du DIL, et Kullmann conclut même à une équivalence globalement moins grande entre l’ER et le DIL qu’entre l’EIR et le DIL. - 170 -

secret se devait éviter ; / Qu’il me verrait alors la même indifférence / Qu’avant que nous eussions la moindre intelligence ; / Et que de son côté, de même que du mien, / Geste, parole, écrit, ne m’en dit jamais rien (Molière, Le Dépit amoureux, cité par Bally 1912 : 551) (152) Les voilà tous les deux occupés à manger et à arroser les petits pâtés ; et l’exempt demandant à son camarade comment allait son commerce ? - Fort bien. - S’il n’avait aucune mauvaise affaire ? - Aucune. - S’il n’avait point d’ennemi ? - Il ne s’en connaissait pas. - Comment il vivait avec ses parents, ses voisins, sa femme ? - En amitié et en paix. - D’où peut donc venir, ajouta l’exempt, l’ordre que j’ai de t’arrêter. (Diderot, Jacques le fataliste, cité par Lips 1926 : 78) (153) On lui a demandé si j’étais son client et il a dit : « Oui, mais c’était aussi un ami » ; ce qu’il pensait de moi et il a répondu que j’étais un homme ; ce qu’il entendait par là et il a déclaré que tout le monde savait ce que cela voulait dire ; s’il avait remarqué que j’étais renfermé et il a reconnu seulement que je ne parlais pas pour ne rien dire. (Camus, L’Etranger : 135-136) La comparaison ne s’effectue pas dans les mêmes termes selon la date de production des DI elliptiques. En parallèle avec le développement du DIL, l’acceptabilité du DI elliptique sur de longues périodes a décru à partir de la moitié du 19 ème siècle. Le DI elliptique est fortement condamné par Flaubert, évoquant la « cacophonie » que produit la répétition des que, et par Bally, pour qui cette construction est « démodée », « monotone et artificiel[le] » (1912 : 551 ; voir aussi Lerch 1914 : 474). Le DIL a nettement supplanté le DI elliptique, comme en témoigne l’extrait suivant de la grammaire de Riegel et al. : « Les auteurs modernes se limitent le plus souvent à une ou deux phrases, en raison de la lourdeur de la subordination, et préfèrent employer, dans les textes narratifs, le style indirect libre » (Riegel et al. 2001 : 600). Par conséquent, le DI elliptique des extraits 151) et 152) est un genre de discours rapporté usuel, tandis que celui de l’extrait 153) est un procédé de style 163 . Le point commun entre l’EIR et le DI elliptique est l’économie partielle de verbe introducteur. L’étude traductologique doit étudier quelle peut être l’équivalence entre l’EIR et le DI elliptique en tenant compte des variations diachroniques qui ont touché le DI elliptique français. 163 Dans ce dernier texte, les interventions de la Cour, privées d’une description de l’acte de parole, semblent déshumanisées et contrastent avec celles du personnage de Céleste. - 171 -

introduction, l’einführungslose indirekte Re<strong>de</strong>, l’erlebte Re<strong>de</strong> et le discours indirect libre, à<br />

l’exception <strong>de</strong> Kalepky (1899) et Lerch (1914), pour qui l’EIR est proche du DI, et <strong>de</strong> Celle<br />

(2004, cf. 5.3.3), qui l’envisage dans sa relation avec le conditionnel.<br />

2) La question <strong>de</strong>s relations entre les trois genres sans introduction reçoit <strong>de</strong>ux réponses sur<br />

le plan contrastif :<br />

2.1) Bally (1912), Steinberg (1971) et Kullmann (1992a, 1995a et 1995b) considèrent que<br />

l’einführungslose indirekte Re<strong>de</strong> est, au même titre que l’erlebte Re<strong>de</strong>, une construction<br />

similaire au discours indirect libre. En somme, s’il y a en français un discours indirect libre,<br />

il y a en allemand l’erlebte Re<strong>de</strong> et son doublet, l’einführungslose indirekte Re<strong>de</strong>, comme le<br />

formule Kullmann : « Einer einzigen grammatischen Form im Französischen stehen also im<br />

Deutschen zwei unterschiedliche Formen gegenüber. Sie müssen, von ihrer Stellung im<br />

Sprachsystem her gesehen, als gleichberechtigte Entsprechungen <strong>de</strong>r französischen Form<br />

angesehen wer<strong>de</strong>n. » (1992a : 330) 162 .<br />

2.2) l’einführungslose indirekte Re<strong>de</strong> et le discours indirect libre sont les véritables<br />

correspondants dans le système <strong>de</strong>s discours indirects, l’erlebte Re<strong>de</strong> n’ayant qu’un écho très<br />

partiel dans le discours indirect libre. Cette position est celle <strong>de</strong> Lips (1926), Günther (1928)<br />

et celle <strong>de</strong> Gehnen et Kleineidam (1988).<br />

Nous privilégions la <strong>de</strong>uxième approche. Le DIL et l’EIR marquent la subordination sur <strong>de</strong>s<br />

plans qui sont également ceux, respectivement, du discours indirect régi et <strong>de</strong> l’indirekte<br />

Re<strong>de</strong>. L’ER occupe une place particulière dans le continuum allemand du discours rapporté<br />

puisqu’il se construit à partir <strong>de</strong> l’adaptation <strong>de</strong>s temps du cadre énonciatif second à ceux du<br />

cadre énonciatif premier.<br />

5.3.2 Le discours indirect elliptique<br />

L’EIR <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être comparé avec le discours indirect elliptique français tel qu’il est<br />

attesté dans les exemple suivants, dans <strong>de</strong>s textes dramatiques et <strong>de</strong> prose, dans <strong>de</strong>s<br />

dialogues et <strong>de</strong>s interventions non dialogales.<br />

(151) Je lui dis que pour lui mon âme était blessée, / Mais que, voyant mon père en d’autres sentiments, / Je<br />

<strong>de</strong>vais une feinte à ses comman<strong>de</strong>ments ; / Qu’ainsi <strong>de</strong> notre amour nous ferions un mystère / Dont la<br />

nuit seulement serait dépositaire ; / Et qu’entre nous <strong>de</strong> jour, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> rien gâter, / Tout entretien<br />

162 Nous précisons en anticipant sur la section III que sur le plan traductologique, Steinberg et Kullmann<br />

établissent que l’EIR est souvent l’équivalent le plus adéquat du DIL, et Kullmann conclut même à une<br />

équivalence globalement moins gran<strong>de</strong> entre l’ER et le DIL qu’entre l’EIR et le DIL.<br />

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