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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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L’EIR et les discours indirects interprétatifs<br />

Dans l’ouvrage La grammaire d’aujourd’hui, on peut lire sous la rubrique « discours<br />

rapporté » la <strong>de</strong>scription suivante :<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> marques univoques du discours indirect libre, qui n’est interprétable comme tel qu’en<br />

contexte (Pierre sourit. Ils allaient voir ! : l’imparfait permet l’interprétation comme style indirect<br />

libre), contrairement à ce qui se passe dans une langue comme l’allemand, où une indépendante au<br />

subjonctif ne peut avoir que cette valeur. (Arrivé et al. 1986 : 237)<br />

Cette <strong>de</strong>scription implique une proximité entre le DIL et l’EIR qui remonte à une longue<br />

tradition comparatiste entre le DIL et les genres allemands. Bally est le premier, à notre<br />

connaissance, à rapprocher le DIL <strong>de</strong> l’EIR. Dans son premier article sur le style indirect<br />

libre, publié en 1912, Bally fait référence à l’EIR pour contrer l’affirmation selon laquelle<br />

seul l’allemand connaît un discours indirect sans conjonction. Bally rappelle les<br />

caractéristiques <strong>de</strong> l’EIR allemand 158 , qui sont celles <strong>de</strong> donner « l’illusion du style direct »<br />

(1912 : 550) tout en ayant avec le mo<strong>de</strong> subjonctif une marque <strong>de</strong> subordination :<br />

l’emploi <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> est comparable à celui d’une clé <strong>de</strong> transposition permettant <strong>de</strong> faire passer<br />

automatiquement une mélodie dans une autre tonalité (1912 : 550)<br />

Par ailleurs, sur le plan discursif, Bally qualifie à juste titre l’EIR <strong>de</strong> « forme grammaticale<br />

classique » (1914 : 469) en comparaison à l’erlebte Re<strong>de</strong> qui, plus encore d’ailleurs que le<br />

DIL, est encore perçu comme une forme nouvelle <strong>de</strong> l’écriture littéraire.<br />

Bally voit dans le style indirect libre français le correspondant <strong>de</strong> l’EIR 159 . Leurs<br />

dénominateurs communs sont la non-introduction et l’intégration d’éléments du mo<strong>de</strong> direct<br />

(1914 : 469).<br />

En 1926, M. Lips analyse à son tour le style indirect libre français et voit en allemand <strong>de</strong>ux<br />

constructions analogues, l’ER et l’EIR. L’EIR reçoit la <strong>de</strong>scription suivante :<br />

Ce type a <strong>de</strong>s analogies avec le style indirect libre. Il n’est plus subordonné à un verbe transitif, mais<br />

celui-ci est suggéré par le contexte. Comme toute proposition indépendante, il peut prendre une forme<br />

exclamative […]. Ce qui distingue ce type du style indirect libre, c’est la transposition modale à la<br />

place <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s temps. Mais la construction libre existe absolument pareille au type français […].<br />

(1926 : 200ss)<br />

158 Bally le désigne simplement par les termes <strong>de</strong> « style indirect » ou <strong>de</strong> « style indirect libre » (1912 : 550).<br />

159<br />

Bakhtine (1977 : 201) critique fortement le rapprochement initié par Bally, en avançant que le<br />

rapprochement n’a <strong>de</strong> validité que sur le plan <strong>de</strong> la langue, mais pas sur celui du discours (Bakhtine parle<br />

respectivement du plan grammatical et du plan <strong>de</strong>s tendances socio-verbales).<br />

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