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discours d’endoctrinement, dont une des caractéristiques est d’être fondé sur la répétition de propositions et non pas de s’inscrire dans un schéma social d’actes de communication dont rendraient compte des verbes introducteurs. Cette forme est une construction stylistique fondée sur l’ellipse, et non pas un genre de DR comme l’est l’EIR. Le DI elliptique, s’il est aujourd’hui une figure de style, se rencontre fréquemment jusqu’à la moitié du 19 ème siècle dans des séquences longues. L’acceptabilité de ce type de construction a décru corollairement au développement du DIL. (150) La mère des novices […] avait toujours bien dit à notre mère supérieure qu’il fallait tenir bon, et que cela passerait ; que les meilleures religieuses avaient eu de ces moments-là ; que c’étaient des suggestions du mauvais esprit qui redoublaient ses efforts lorsqu’il était sur le point de perdre sa proie ; que les obligations de la vie religieuse me paraîtraient d’autant plus supportables que je me les étais plus fortement exagérées ; que cet appesantissement subit du joug était une grâce du ciel, qui se servait de ce moyen pour l’alléguer… (Diderot, La Religieuse, cité par Riegel et al. 2001 : 600) Nous comparerons en 5.3.2 l’EIR au DI elliptique pour montrer quelles sont les proximités dans l’usage de ces deux formes en tenant compte des variations discursives diachroniques du DI elliptique. L’EIR est ensuite, en 5.3.3, comparé avec le conditionnel, une forme qui présente certaines analogies avec l’EIR sans être stricto sensu une forme de discours rapporté. La première partie (5.3.1) développe la comparaison avec le DIL. 5.3.1 L’einführungslose indirekte Rede : un discours indirect libre ? L’étude de l’EIR et de ses correspondants dans le système du discours rapporté français est intimement liée à celle du discours indirect libre et de l’erlebte Rede. A la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème siècle, des grammairiens et linguistes se consacrèrent à l’étude des formes mises à l’honneur par la littérature romanesque, notamment par G. Flaubert, E. Zola et T. Mann. Dans leurs travaux, l’erlebte Rede ainsi que le style indirect libre furent délimités par rapport aux formes déjà connues de discours indirect : l’indirekte Rede, le discours indirect et surtout l’einführungslose indirekte Rede. Les travaux suivants (Steinberg (1971), Kullmann (1992a, 1995a, 1995b), Gehnen et Kleineidam (1988)) ont étudié l’EIR sous l’angle contrastif et traductologique en privilégiant également la comparaison avec le discours indirect libre et l’erlebte Rede. L’ensemble des travaux s’oriente dans deux directions : soit la proximité de l’EIR avec le mode indirect régi est soulignée, soit c’est au contraire la proximité de l’EIR avec les formes - 166 -
hybrides, allemandes et françaises, de discours indirects interprétatifs qui est mise en avant. La deuxième direction est majoritaire, mais comporte des nuances 157 . L’EIR et le DI régi Seuls Kalepky et Lerch soulignent la proximité entre l’EIR et le discours indirect régi allemand ou français. Kalepky établit un parallèle entre le DIL et l’ER d’une part, et l’EIR et le mode indirect régi français d’autre part (cf. 5.2.3). Lerch (1914) distingue l’EIR de l’ER en se fondant sur la transposition des temps de l’ER. Il établit les correspondances suivantes : 1. (Er sagte :) « Ich bin nicht zufrieden » 2. (Er sagte,) er sei / wäre nicht zufrieden 3. er war nicht zufrieden, wie er sagte 1. Il disait : „Je ne suis pas content“ 2. (Il disait) qu’il n’était pas content 3. Il n’était pas content, (disait-il) (1914 : 471) Bien que se défendant de voir dans l’EIR un simple DI avec élision du verbe, Lerch fait un rapprochement entre ces deux formes au niveau de la langue : il met sur un même plan « qu’il n’était pas content » et « er sei nicht zufrieden » ou « er wäre nicht zufrieden », soit une construction stylistique française et un genre discursif propre à l’allemand. Lerch fait également un rapprochement discursif entre l’EIR et le DI régi : l’EIR est selon l’auteur un moyen d’expression en inadéquation avec le roman moderne, car la médiation marquée par le Konjunktiv prive le lecteur du sentiment d’avoir accès à l’intimité des personnages, à l’instar du discours indirect elliptique français : der Konjunktiv im Deutschen (und im Französischen die ewige Einleitung durch que) stellen das Gesagte beinahe als unwirklich hin ; […] die indirekte Rede […] ist im modernen Roman wenig beliebt : sie bedeutet ein Hervortreten des resümierenden Autors, und dafür ist der moderne Roman zu dramatisch geworden (1914 : 474) Lerch souligne à juste titre la différence de l’effet discursif entre l’EIR et l’ER, mais il a selon nous le tort de faire correspondre le DI elliptique à l’EIR. La représentation indirecte et libre des discours se réalise selon un schéma qui n’est pas, comme il le prétend, symétrique entre l’allemand et le français. 157 La présente partie est donc complémentaire aux parties 5.2.2 et 5.2.3. - 167 -
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hybri<strong>de</strong>s, alleman<strong>de</strong>s et françaises, <strong>de</strong> discours indirects interprétatifs qui est mise en avant.<br />
La <strong>de</strong>uxième direction est majoritaire, mais comporte <strong>de</strong>s nuances 157 .<br />
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L’EIR et le DI régi<br />
Seuls Kalepky et Lerch soulignent la proximité entre l’EIR et le discours indirect régi<br />
allemand ou français. Kalepky établit un parallèle entre le DIL et l’ER d’une part, et l’EIR et<br />
le mo<strong>de</strong> indirect régi français d’autre part (cf. 5.2.3). Lerch (1914) distingue l’EIR <strong>de</strong> l’ER<br />
en se fondant sur la transposition <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> l’ER. Il établit les correspondances<br />
suivantes :<br />
1. (Er sagte :) « Ich bin nicht zufrie<strong>de</strong>n »<br />
2. (Er sagte,) er sei / wäre nicht zufrie<strong>de</strong>n<br />
3. er war nicht zufrie<strong>de</strong>n, wie er sagte<br />
1. Il disait : „Je ne suis pas content“<br />
2. (Il disait) qu’il n’était pas content<br />
3. Il n’était pas content, (disait-il) (1914 : 471)<br />
Bien que se défendant <strong>de</strong> voir dans l’EIR un simple DI avec élision du verbe, Lerch fait un<br />
rapprochement entre ces <strong>de</strong>ux formes au niveau <strong>de</strong> la langue : il met sur un même plan<br />
« qu’il n’était pas content » et « er sei nicht zufrie<strong>de</strong>n » ou « er wäre nicht zufrie<strong>de</strong>n », soit<br />
une construction stylistique française et un genre discursif propre à l’allemand.<br />
Lerch fait également un rapprochement discursif entre l’EIR et le DI régi : l’EIR est selon<br />
l’auteur un moyen d’expression en inadéquation avec le roman mo<strong>de</strong>rne, car la médiation<br />
marquée par le Konjunktiv prive le lecteur du sentiment d’avoir accès à l’intimité <strong>de</strong>s<br />
personnages, à l’instar du discours indirect elliptique français :<br />
<strong>de</strong>r Konjunktiv im Deutschen (und im Französischen die ewige Einleitung durch que) stellen das<br />
Gesagte beinahe als unwirklich hin ; […] die indirekte Re<strong>de</strong> […] ist im mo<strong>de</strong>rnen Roman wenig<br />
beliebt : sie be<strong>de</strong>utet ein Hervortreten <strong>de</strong>s resümieren<strong>de</strong>n Autors, und dafür ist <strong>de</strong>r mo<strong>de</strong>rne Roman zu<br />
dramatisch gewor<strong>de</strong>n (1914 : 474)<br />
Lerch souligne à juste titre la différence <strong>de</strong> l’effet discursif entre l’EIR et l’ER, mais il a<br />
selon nous le tort <strong>de</strong> faire correspondre le DI elliptique à l’EIR. La représentation indirecte et<br />
libre <strong>de</strong>s discours se réalise selon un schéma qui n’est pas, comme il le prétend, symétrique<br />
entre l’allemand et le français.<br />
157 La présente partie est donc complémentaire aux parties 5.2.2 et 5.2.3.<br />
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