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parmi les premiers à systématiser la pratique de la traduction, mis en lumière certaines difficultés de traductions reposant sur des différences structurelles et à proposer des classifications de procédés de traductions. Stolze conclut : « Sie haben den ersten umfassenden Versuch unternommen, übersetzerisches Verhalten deskriptiv zu ordnen » (2001 : 74). La méthodologie développée par Mario Wandruszka M. Wandruszka a montré la complémentarité entre la linguistique et la traductologie en révélant le potentiel heuristique de la traduction pour la linguistique descriptive. Les confrontations de textes sources avec leurs textes cibles dans plusieurs langues, appelées « multilaterale Übersetzungsvergleiche », aident à cerner des faits de langue et à aboutir à une description plus précise et juste de chacune des langues mises en rapport, que ce soit au niveau sémantique, discursif ou textuel : « Was die Sprache für den Menschen bedeutet, was sie für ihn leistet, wie sie es leistet, erkennt man am besten, wenn man verschiedene Sprachen miteinander vergleicht », déclare Wandruszka (1969 : 7) 112 . La réussite d’une telle démarche est subordonnée à des précautions méthodologiques : il faut réunir un corpus dans lequel chaque langue est la langue cible et la langue source, en raison de la nature asymétrique de la traduction (1969 : 7). De plus, le corpus doit contenir plusieurs traductions concurrentes afin d’examiner les paraphrases possibles 113 . Nous pouvons retenir que la démarche de Wandruszka allie linguistique et traductologie dans une perspective inverse à la nôtre. Wandruszka instrumentalise la traduction, puisque la confrontation des textes jette une lumière nouvelle sur les éléments de chaque langue. Notre travail en revanche met la linguistique contrastive au service de la traduction, puisque cette 112 Wandruszka se distancie nettement de la thèse relativiste. Il rappelle que « Das Wort ist nicht der Gedanke, der sprachliche Ausdruck des Gedankens ist nicht der Gedanke selbst » (1969 : 8), et souligne l’aporie d’un comparatisme philologique. La présence d’arbitraire dans les langues (notamment dû à l’aléa de certaines évolutions diachroniques, observables par exemple dans les conjugaisons irrégulières ou les genres de noms) est un élément qui infléchit l’idée d’une étroite corrélation entre l’identié du locuteur et sa langue. Toutefois, il laisse une certaine place aux problématiques relativistes qui ne manquent pas de se poser : « Der Linguist [erlebt] immer wieder die letzlich unübersetzbare Eigenart, ja Einzigartigkeit jeder Sprache. [...] Für ihn beginnt hier erst das große Fragen. Was bedeutet die Verschiedenheit der Formen und Strukturen [...]? Spiegeln sich darin die verschiedenen Welterfahrungen, Weltansichten, Weltanschauungen der Völker, die diese Sprachen geschaffen haben? [...] Wie weit ist jede Sprache prägende und geprägte Weltanschauung? » (1969 : 9). 113 Les difficultés liées à la réalisation d’un tel corpus ont certainement alimenté les réserves avec lesquelles furent accueillies ses propositions (Pöckl 2002). - 112 -

première aide à prévoir, en amont, certains hiatus entre des langues et, en aval, à analyser les traductions. Si les principes qui guident notre démarche sont inverses de ceux de Wandruszka, notre analyse traductologique a néanmoins des retombées qui implicitement éclairent les phénomènes énonciatifs de l’allemand et du français. 2.4.2 La complémentarité des deux disciplines La critique suivante de Ladmiral vise les démarches qui feraient se confondre la nature et les objectifs de la linguistique contrastive avec ceux de la traductologie : D’un côté, on a affaire à une approche comparative qui correspond à un projet cognitif de description linguistique de deux systèmes, dans une perspective synchronique […]. D’un autre côté : il y a la traduction, qui est une pratique […]. En somme, ce sont deux choses tout à fait différentes, qui se situent à deux niveaux ‘épistémiques’ distincts : et la conjonction qui articule le binôme de la dichotomie dont il est question ne doit en aucun cas être lue (‘pragmatiquement’) comme une quasicopule établissant une relation de conséquence entre la linguistique contrastive et la traduction, la seconde étant ‘déduite’ de la première, comme une ‘application’. (Ladmiral 2004 : 31-32) Sa critique se nourrit explicitement de l’héritage de la Stylistique comparée : S’agissant de la traduction […] l’accent mis sur la linguistique contrastive reviendrait à n’y voir qu’un problème de langues – ce que n’est qu’accessoirement la traduction. On reconnaît ici toute une tradition que ponctue un certain nombre de travaux qu’on pourra subsumer sous la catégorie de la Stylistique comparée : […] Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet, mais aussi Jacqueline Guillemin- Flescher, Michel Ballard, etc. (Ladmiral 2004 : 31-32) Lederer (2006 : 37) rappelle à juste titre que « les langues, à condition qu’elles soient maîtrisées par le traducteur, ne sont pas l’objet de la traduction ». La langue est le matériau de la traduction et, pour cette raison, un de ses paramètres, ce qui amène Ladmiral à conclure avec humour : « S’il est vrai que la traduction n’est pas qu’une affaire de linguistique, on ne peut pas dire qu’elle n’est pas du tout l’affaire des linguistes » (2004 : 28). L’analyse linguistique est donc intimement liée à la traduction, même si la traduction dépasse les visées de la linguistique contrastive (Berman 1984 : 304). Le discours rapporté est un phénomène métaénonciatif observable dans toutes les langues 114 , caractéristique du langage naturel, mais qui se réalise selon des modalités différentes susceptibles d’être décrites par la linguistique contrastive : 114 D’après von Roncador (1988 : 27), le mode direct est le mode universel du DR, mais il existe en nombre très limité des langues qui n’ont pas développé de mode indirect. - 113 -

première ai<strong>de</strong> à prévoir, en amont, certains hiatus entre <strong>de</strong>s langues et, en aval, à analyser les<br />

traductions. Si les principes qui gui<strong>de</strong>nt notre démarche sont inverses <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong><br />

Wandruszka, notre analyse traductologique a néanmoins <strong>de</strong>s retombées qui implicitement<br />

éclairent les phénomènes énonciatifs <strong>de</strong> l’allemand et du français.<br />

2.4.2 La complémentarité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux disciplines<br />

La critique suivante <strong>de</strong> Ladmiral vise les démarches qui feraient se confondre la nature et les<br />

objectifs <strong>de</strong> la linguistique contrastive avec ceux <strong>de</strong> la traductologie :<br />

D’un côté, on a affaire à une approche comparative qui correspond à un projet cognitif <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription<br />

linguistique <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux systèmes, dans une perspective synchronique […]. D’un autre côté : il y a la<br />

traduction, qui est une pratique […]. En somme, ce sont <strong>de</strong>ux choses tout à fait différentes, qui se<br />

situent à <strong>de</strong>ux niveaux ‘épistémiques’ distincts : et la conjonction qui articule le binôme <strong>de</strong> la<br />

dichotomie dont il est question ne doit en aucun cas être lue (‘pragmatiquement’) comme une quasicopule<br />

établissant une relation <strong>de</strong> conséquence entre la linguistique contrastive et la traduction, la<br />

secon<strong>de</strong> étant ‘déduite’ <strong>de</strong> la première, comme une ‘application’. (Ladmiral 2004 : 31-32)<br />

Sa critique se nourrit explicitement <strong>de</strong> l’héritage <strong>de</strong> la Stylistique comparée :<br />

S’agissant <strong>de</strong> la traduction […] l’accent mis sur la linguistique contrastive reviendrait à n’y voir qu’un<br />

problème <strong>de</strong> langues – ce que n’est qu’accessoirement la traduction. On reconnaît ici toute une<br />

tradition que ponctue un certain nombre <strong>de</strong> travaux qu’on pourra subsumer sous la catégorie <strong>de</strong> la<br />

Stylistique comparée : […] Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet, mais aussi Jacqueline Guillemin-<br />

Flescher, Michel Ballard, etc. (Ladmiral 2004 : 31-32)<br />

Le<strong>de</strong>rer (2006 : 37) rappelle à juste titre que « les langues, à condition qu’elles soient<br />

maîtrisées par le traducteur, ne sont pas l’objet <strong>de</strong> la traduction ». La langue est le matériau<br />

<strong>de</strong> la traduction et, pour cette raison, un <strong>de</strong> ses paramètres, ce qui amène Ladmiral à conclure<br />

avec humour : « S’il est vrai que la traduction n’est pas qu’une affaire <strong>de</strong> linguistique, on ne<br />

peut pas dire qu’elle n’est pas du tout l’affaire <strong>de</strong>s linguistes » (2004 : 28). L’analyse<br />

linguistique est donc intimement liée à la traduction, même si la traduction dépasse les visées<br />

<strong>de</strong> la linguistique contrastive (Berman 1984 : 304).<br />

Le discours rapporté est un phénomène métaénonciatif observable dans toutes les langues 114 ,<br />

caractéristique du langage naturel, mais qui se réalise selon <strong>de</strong>s modalités différentes<br />

susceptibles d’être décrites par la linguistique contrastive :<br />

114 D’après von Roncador (1988 : 27), le mo<strong>de</strong> direct est le mo<strong>de</strong> universel du DR, mais il existe en nombre très<br />

limité <strong>de</strong>s langues qui n’ont pas développé <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> indirect.<br />

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