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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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tableaux. La composition du livre, le déplacement géographique, est le fil conducteur qui<br />

porte l’action.<br />

L’idée <strong>de</strong> théâtre va plus loin. Elle est à l’origine <strong>de</strong> la composition du roman, constitué<br />

<strong>de</strong> tableaux, selon un principe <strong>de</strong> division fondée sur un changement d’espace, ce qui<br />

l’apparente à une pièce <strong>de</strong> théâtre. 53 À la différence <strong>de</strong>s scènes, divisions d’un même drame,<br />

dont l’intrigue tourne autour <strong>de</strong> quelques personnages apparaissant constamment tout au long<br />

du drame, comme dans La Renaissance <strong>de</strong> Gobineau, 54 les tableaux 55 n’ont en commun que<br />

<strong>de</strong> se rapporter à la même problématique, dont ils sont les différentes illustrations. Selon<br />

Gaston Baty dans son essai sur le théâtre, le choix <strong>de</strong> la coupe en tableaux ou en scènes<br />

dépend du sujet traité : « Quand trois, quatre ou cinq actes suffisent à exprimer pleinement le<br />

milieu et les personnages, c’est-à-dire lorsque l’action se trouve ramenée à une crise, il serait<br />

singulier <strong>de</strong> la morceler inutilement. Par contre, c’est la coupe en tableaux qui s’impose<br />

lorsqu’il s’agit d’évoquer un milieu complexe où doivent s’opposer <strong>de</strong>s atmosphères<br />

différentes. » 56 Le terme <strong>de</strong> tableau 57 convient donc mieux que celui <strong>de</strong> scène pour<br />

caractériser les trente épiso<strong>de</strong>s du Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, dont le propos est d’évoquer <strong>de</strong><br />

manière la plus complète possible la puissance mongole. Il convient d’autant plus qu’au<br />

changement <strong>de</strong> lieux s’ajoute un changement <strong>de</strong> personnages, et que les tableaux ne sont pas<br />

disposés selon une suite chronologique rigoureuse, l’action <strong>de</strong> chacun ne dépendant pas <strong>de</strong><br />

l’action du précé<strong>de</strong>nt. Le tableau illustre donc la conception d’Overhoff, qui veut présenter<br />

une vue d’ensemble <strong>de</strong> tout le spectre <strong>de</strong>s perceptions <strong>de</strong> la réalité, semblable à une étu<strong>de</strong><br />

phénoménologique. Il veut représenter une réalité unique, quasi nouménale, en en faisant le<br />

tour à partir <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue variés : c’est le principe du kaléidoscope. 58 Ceci explique que les<br />

personnages n’apparaissent qu’une fois et qu’aucun lien ne les unisse dans la succession <strong>de</strong>s<br />

53 Overhoff précise à ce sujet : „In <strong>de</strong>m Buch ‚Die Welt mit Dschingiz-Chan‘ habe ich versucht diese Ereignisse<br />

in einzelnen Szenen nachzugestalten, […].“ (Introduction à une lecture le 23.07.1967 à Offenbourg, script).<br />

54 Cf. supra partie « Prédécesseurs d’Overhoff » du présent chapitre.<br />

55 « Tableau : division d’une pièce marquée par un changement à vue <strong>de</strong> décor. Ce changement n’entraîne pas<br />

une suspension <strong>de</strong> l’action comme c’est le cas pour la fin d’un acte ». (Agnès Pierron : Dictionnaire <strong>de</strong> la langue<br />

du théâtre, Paris, 2002, pp. 529-530).<br />

56 Gaston Baty : Ri<strong>de</strong>au baissé, Paris, 1949, p. 213.<br />

57 Le principe <strong>de</strong>s tableaux a été utilisé par Bertold Brecht dans Mère Courage et ses enfants, mais dans une tout<br />

autre optique. Les <strong>de</strong>ux auteurs poursuivent en effet <strong>de</strong>s objectifs tout à fait opposés. Là où Brecht, par son<br />

principe <strong>de</strong> distanciation (« Verfremdungseffekt »), souhaitait « un théâtre <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience et non <strong>de</strong><br />

l’émotion, <strong>de</strong> la distance et non <strong>de</strong> la fusion ». (Agnès Pierron : Dictionnaire <strong>de</strong> la langue du théâtre, Paris,<br />

2002, p. 181), Overhoff invite son lecteur à vivre les émotions <strong>de</strong> ses personnages („Tritt ein, hoffe und lei<strong>de</strong>,<br />

mit <strong>de</strong>nen, die damals waren!“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Kahn, avant-propos, p. 31).<br />

58 Cf. infra partie « Présentation générale ».<br />

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