1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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justement par sa vie et ses actions à l’amélioration du monde et de ses conditions. » 18 Cette attitude idéaliste est essentielle à la compréhension de son œuvre, car elle en est la racine. III Définition du roman historique En voulant allier vérité et fiction, réalité et imagination, le roman historique est en luimême une contradiction. Ce genre échappe aux codifications et sont considérées comme romans historiques des œuvres aussi différentes qu’Ivanhoé, Salammbô, Guerre et paix, Les Frères Karamazov, ou les Mémoires d’Hadrien. Aussi le Dictionnaire des littératures de langue française 19 propose-t-il d’une part une définition large du roman historique, qui se comprendrait comme une « fiction qui emprunte à l’histoire une partie de son contenu », d’autre part une définition étroite, selon laquelle il serait une « forme de roman qui prétend donner une image fidèle d’un passé précis par l’intermédiaire d’une fiction mettant en scène des comportements, des mentalités, des personnages réellement historiques. » Ces notions, afin d’être mieux cernées, appellent des remarques complémentaires. Pour qu’un roman soit historique, il ne suffit pas que l’action d’un roman ait pour cadre une période de l’histoire. Le roman historique doit faire preuve de distanciation, et s’appliquer à reconstituer et expliquer cette période, qui, sinon, n’est qu’un décor historique. Le roman historique prétend à ressusciter et à interpréter le passé. Il a pour ambition de recréer l’atmosphère, le climat moral et intellectuel d’une époque, au moyen d’emprunts à des événements et à des personnages historiques. Il introduit des personnages incarnant l’esprit d’un temps, d’un état, d’une culture, et qui exercent souvent un pouvoir sur le cours des choses. 20 L’homme, à travers l’histoire, est confronté à des problèmes analogues, et grâce aux tentatives pour les résoudre s’établit un lien entre les époques. Le roman historique est un regard d’aujourd’hui porté sur hier et c’est ce double rapport à l’histoire qui fait son intérêt. Il s’intéresse au passé sans tourner le dos au présent. Il permet d’éclairer un événement du passé par le présent ou de donner à réfléchir sur l’actualité par le biais d’événements passés. Le romancier adapte son œuvre en fonction de l’image qu’il se fait du passé, elle-même modelée en fonction des perceptions de sa propre époque. Si le passé n’existe qu’en fonction de l’appréhension qu’en ont les hommes qui lui sont ultérieurs, 18 Cf. paroles d’introduction à une lecture de la nouvelle Incipit vita nova, le 15.03.1951 à Karlsruhe (script) : „In Wirklichkeit gibt es nämlich keinen Menschen, der nicht in der verborgensten Falte seines Herzens irgendwie Hoffnung nährte, der nicht im geheimsten glaubte, doch gerade durch sein Leben und sein Tun an der Verbesserung der Welt und der Umstände mitzuwirken.“ 19 Jean-Pierre de Beaumarchais/Daniel Couty/Alain Rey : Dictionnaire des littératures de langue française, Paris, 1994. Entrée Roman historique, rédigée par Daniel Madelénat, pp. 2137-2140. 20 Cf. article Roman historique, in : Claude Burgelin : Dictionnaire des genres et notions littéraires, Paris, 1997, p. 662. 74
cette appréhension est elle-même tributaire de son contexte actuel. L’image que l’on se fait du passé varie elle-même avec le temps ; les lecteurs ultérieurs d’un roman historique n’auront pas la même image : le roman historique, au bout d’une ou deux générations, n’a plus seulement un caractère historique, il témoigne également de l’époque de son auteur. L’écriture historique peut adopter une vision moderne, a posteriori, de ce qu’était la réalité autrefois, ou bien la vision que les contemporains avaient de leur temps. Il est possible de choisir ce que nous croyons à présent être les causes des événements ou bien ce que les gens de l’époque pensaient être les causes, pour être fidèle à leur conception de l’histoire, qui était alors leur présent. La démarche de romancier historique d’Overhoff s’efforce d’établir un contact direct avec le passé, de restituer les faits historiques d’après les informations parvenues, en écartant « toutes les idées et tous les sentiments accumulés par couches successives entre ces gens et nous » comme le dit Marguerite Yourcenar dans les Mémoires d’Hadrien. 21 C’est bien ce qu’il ressort de l’injonction au lecteur à la fin de l’avant-propos du Monde avec Gengis Khan : « Entre, espère et souffre avec ceux qui vivaient jadis. » 22 Overhoff nous montre l’histoire en train de se faire. Son propos est de donner un sentiment de présent en excluant la connaissance de ce qui s’est passé après le moment où se déroule le roman. L’auteur veut installer le lecteur dans l’origine des événements (qui lui sont connus comme événements historiques) à l’heure et aux lieux auxquels ils étaient en train de se constituer. À l’origine de cette démarche se retrouve le refus professé par Overhoff de tout déterminisme : tout aurait pu être autrement si les forces en présence avaient agi différemment. Telle est la leçon pour le présent qu’Overhoff veut suggérer à son lecteur. Le roman historique a pour fonction de donner de cette conviction comme la preuve expérimentale. Le Monde avec Gengis Khan s’inscrit bien dans la mouvance du roman historique postmoderne où « l’histoire en tant que récit où évoluent des personnages fictifs ou non devient, elle aussi, objet d’interrogations et cela par le biais de l’ironie, du collage, de la multiplication des points de vue, etc. ». 23 Le Monde avec Gengis Khan rassemble en une œuvre les différentes caractéristiques du roman historique moderne telles que les présente Claude Burgelin dans le Dictionnaire des genres et notions littéraires 24 : le roman offre une « méditation distanciée » sur le cours de l’histoire comme celle de Marguerite Yourcenar dans 21 Marguerite Yourcenar : Mémoires d’Hadrien, Paris, 1951, p. 332. 22 „Tritt ein, hoffe und leide mit denen, die damals waren.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 31). 23 Claude Burgelin : Dictionnaire des genres et notions littéraires, Paris, 1997, p. 663. 24 Ibid. 75
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21 Marguerite Yourcenar : Mémoires d’Hadrien, Paris, 1951, p. 332.<br />
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24 Ibid.<br />
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