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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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Justinien, un Muley Boabdil, le <strong>de</strong>rnier sultan maure <strong>de</strong> Grena<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> vagues figures plus<br />

lointaines encore <strong>de</strong> l’Orient ? Uniquement pour se remémorer la réponse qu’ils ont apportée<br />

dans <strong>de</strong>s situations-charnières (selon l’expression <strong>de</strong> Jaspers) analogues aux nôtres, pour que ce<br />

qui fut dans le passé éclaire le présent et l’avenir, pour nous montrer le chemin. 11<br />

D’autre part, écrire une œuvre littéraire lui permettait <strong>de</strong> faire acte <strong>de</strong> création,<br />

d’échapper à la stérilité d’une pério<strong>de</strong> que les théories d’Oswald Spengler avaient dénoncée<br />

comme déca<strong>de</strong>nte dans Le Déclin <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt (1916-1920), ouvrage qui avait profondément<br />

marqué la pensée alleman<strong>de</strong> – et européenne – tout au long <strong>de</strong> la première moitié du XX e<br />

siècle. L’époque mo<strong>de</strong>rne représentait selon Spengler l’aboutissement d’un cycle et se<br />

caractérisait par le vi<strong>de</strong>, le scepticisme, le manque <strong>de</strong> spontanéité <strong>de</strong> l’individu, l’oubli <strong>de</strong>s<br />

valeurs humaines essentielles et l’incapacité à affronter l’avenir avec créativité. En opposition<br />

à ce climat, Overhoff voulait faire vivre le XX e siècle en créant <strong>de</strong>s œuvres originales.<br />

Le domaine <strong>de</strong> la fiction lui laissait en outre toute liberté dans les choix narratifs et<br />

thématiques, ce que l’objectivité d’un essai historique n’aurait pas permis. Le roman<br />

historique, en donnant à comprendre l’histoire <strong>de</strong> manière vivante, servait son objectif.<br />

Overhoff a tenté, dans Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, d’établir un équilibre entre la création<br />

poétique et le respect <strong>de</strong>s réalités historiques, comme l’avait salué Karl Glock. Il considérait<br />

comme <strong>de</strong> son <strong>de</strong>voir d’écrivain d’utiliser le matériel mis à sa disposition par la science<br />

historique. Son apport d’écrivain consistait à mettre en œuvre l’« outil » qu’est la puissance<br />

<strong>de</strong> l’imagination (Vorstellungskraft). Sa tâche consistait à redonner vie par l’observation et<br />

l’« immersion », tout comme le font les historiens par l’analyse, l’appréciation et la<br />

combinaison <strong>de</strong> tous les faits et témoignages, qu’ils soient spirituels ou matériels. 12 Selon lui,<br />

l’historien et l’écrivain n’ont pas d’alternative : l’écrivain ne peut pas plus se passer <strong>de</strong><br />

sources soli<strong>de</strong>s 13 que l’historien <strong>de</strong> puissance imaginative. 14 Peter Suhrkamp considérait<br />

11 „Manche Kritiker halten mir vor, meine Bücher seien esoterisch, ich beschäftigte mich mit weit abliegen<strong>de</strong>n<br />

Figuren <strong>de</strong>r Historie. Vielleicht hören diese Kritiker nicht genau genug hin. Ich mochte hier bekennen, daß ich<br />

nie auch nur eine Zeile geschrieben habe, die nicht aufs allerunmittelbarste mit unserer brennen<strong>de</strong>n Gegenwart<br />

verbun<strong>de</strong>n wäre. Weshalb fragen wir <strong>de</strong>nn einen Kaiser Justinian, einen Muley Boabdil, <strong>de</strong>n letzten<br />

Maurenherrscher von Granada, ja noch fernere, schattenhafte Gestalten aus <strong>de</strong>m Orient? Doch nur, um ihre<br />

Antwort zu vergegenwärtigen, die sie in einer <strong>de</strong>r unseren ähnlichen ‚Grenzsituation‘ (wie Jaspers sagt) gegeben<br />

haben, daß im Damals das Jetzt, das Kommen<strong>de</strong> aufleuchte, uns <strong>de</strong>n Weg zu zeigen.“ (Sich um das Ganze<br />

mühen Ansprache bei <strong>de</strong>r Verleihung <strong>de</strong>r Literaturehrengabe 1964 <strong>de</strong>s Bezirksverban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>r Pfalz an Dr. Julius<br />

Overhoff am 26. April 1965. Son<strong>de</strong>rdruck <strong>de</strong>r BASF. Hauptzeitschrift <strong>de</strong>r Badischen Anilin- & Soda-Fabrik AG,<br />

p. 17).<br />

12 „Was ich einzusetzen habe, mein Werkzeug, ist die Vorstellungskraft. Durch Anschauen und Versenken<br />

wie<strong>de</strong>r lebendig machen muß mein Teil sein wie das Ihre [das Teil <strong>de</strong>r Historiker] durch Analyse, Wertung und<br />

Kombination aller Fakten und Zeugnisse, geistiger wie materieller.“ (Introduction à une lecture à Mayence le<br />

12.07.1965, script). Dans les Inscriptions européennes, il avait écrit : „Erst durch die volle Einbildungskraft stellt<br />

das ganze Mosaik sich her. Nur <strong>de</strong>r Zusammenhang ist erlebbar; <strong>de</strong>nn niemals halten wir so viele Tatsachen in<br />

<strong>de</strong>r Hand, daß wir die volle Wirklichkeit von einst zusammensetzen können.“ (Inscriptions européennes, p. 142).<br />

13 Sur les sources utilisées par Overhoff pour Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, voir infra « Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire ».<br />

14 „Aber einmal wer<strong>de</strong>n sich die bei<strong>de</strong>n Wege treffen o<strong>de</strong>r doch schnei<strong>de</strong>n, arbeiten bei<strong>de</strong> Parteien nur genau<br />

genug, in <strong>de</strong>r Wahrheit nämlich. Am En<strong>de</strong> ist es gar so, daß kein Schriftsteller ohne soli<strong>de</strong>s Quellenmaterial und<br />

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