1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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situations « presque semblables » à celle <strong>de</strong> l’homme contemporain. 9 Il reprend ce faisant la<br />
pensée classique <strong>de</strong> Cicéron : l’histoire maîtresse <strong>de</strong> la vie, historia magistra vitae, qui<br />
affirme que l’histoire offre un florilège <strong>de</strong> leçons pour le présent.<br />
Ce choix du roman historique, fondé sur la conception d’Overhoff du rôle <strong>de</strong> l’histoire<br />
dans l’appréhension du présent et la gestation <strong>de</strong> l’avenir, explique l’importance <strong>de</strong>s romans<br />
et <strong>de</strong>s nouvelles historiques au sein <strong>de</strong> son œuvre. Outre Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan,<br />
l’auteur en composa nombre d’autres : Une Famille <strong>de</strong> Mégare (Eine Familie aus Megara,<br />
1946), La Trahison d’Afschin (Der Verrat <strong>de</strong>s Afschin, 1950), Conscience et responsabilité<br />
(Rechenschaft eines Verantwortungsbewussten, 1969), rassemblant quatorze nouvelles<br />
historiques. La Cathédrale (Die Kathedrale, 1955), en tant qu’histoire d’un édifice<br />
imaginaire, peut être rangée dans cette catégorie. Cinq monographies sur les quinze que<br />
compte l’œuvre d’Overhoff relèvent <strong>de</strong> ce genre littéraire. Dans le cadre <strong>de</strong> ces œuvres ellesmêmes<br />
se révèle sa conception <strong>de</strong> l’histoire. Ainsi fait-il dire à son personnage Euklei<strong>de</strong>s,<br />
disciple <strong>de</strong> Socrate, dans Une Famille <strong>de</strong> Mégare : « Il n’est pas d’époque qui soit son propre<br />
fon<strong>de</strong>ment, qui jaillisse tout armée du front <strong>de</strong> Zeus, comme Pallas Athéné. Chacune est fille<br />
<strong>de</strong> l’époque qui l’a précédée, le fruit <strong>de</strong> ses œuvres, qu’elle a enfanté, nourri, élevé. Chaque<br />
génération prend pied sur un terrain que lui a préparé le passé. » 10<br />
Aux yeux d’Overhoff, le roman ou la nouvelle historique était le moyen le mieux adapté<br />
pour transmettre au public sa conception du rôle <strong>de</strong> l’histoire dans l’appréhension du mon<strong>de</strong><br />
contemporain. De ce mon<strong>de</strong>, Overhoff avait une connaissance profon<strong>de</strong> par sa profession au<br />
service <strong>de</strong> l’industrie ; il ne vivait pas en marge du mon<strong>de</strong> qui l’entourait. Il était au contraire<br />
impliqué dans l’économie internationale et ne pouvait être suspecté ni <strong>de</strong> méconnaissance <strong>de</strong>s<br />
problèmes <strong>de</strong> son époque, ni <strong>de</strong> désintérêt envers eux, en dépit <strong>de</strong>s critiques qui lui ont été<br />
adressées dans ce sens. Il a répondu à ces reproches en expliquant sa démarche et en<br />
exposant l’un <strong>de</strong>s principes à la racine <strong>de</strong> son œuvre : trouver dans l’histoire les clefs <strong>de</strong><br />
l’avenir :<br />
Certains critiques me reprochent d’écrire <strong>de</strong>s livres ésotériques, <strong>de</strong> m’occuper <strong>de</strong> figures<br />
appartenant à une histoire lointaine. Il est possible que ces critiques ne prêtent pas suffisamment<br />
l’oreille. Je voudrais proclamer ici que jamais je n’ai écrit une ligne qui ne soit en rapport<br />
absolument direct avec notre actualité la plus brûlante. Pourquoi interrogeons-nous un empereur<br />
9 Cf. paroles d’introduction le 15.03.1951 à Karlsruhe, script : „Wir stehen vor schwierigen, kaum lösbaren<br />
Problemen, hat es nicht ähnliche, fast gleiche Situationen auf <strong>de</strong>r Welt schon einmal gegeben? Wie haben sich<br />
<strong>de</strong>nn da die Menschen verhalten, um mit <strong>de</strong>n Schwierigkeiten fertig zu wer<strong>de</strong>n? Können wir vielleicht da etwas<br />
lernen, Erfahrungen machen?“<br />
10 „Keine Zeit beruht auf sich selbst, gewappnet <strong>de</strong>r Stirn <strong>de</strong>s Zeus entspringend wie Pallas Athene. Son<strong>de</strong>rn eine<br />
je<strong>de</strong> ist die Tochter <strong>de</strong>r Zeit vor ihr, ihr leibliches Kind, von ihr geboren, gesäugt und großgezogen. Je<strong>de</strong>s<br />
Geschlecht steht auf <strong>de</strong>m Bo<strong>de</strong>n, <strong>de</strong>n das Vergangene ihm bereitet.“ (Une Famille <strong>de</strong> Mégare, Cologne, 3 1961,<br />
p. 41).<br />
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