1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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son dos le bailli du roi et les autres membres de sa famille. À cette nouvelle, le roi envoya une partie de son armée assiéger cette terre. Le siège dura six jours. Le septième jour, trois tours et six coudées de murs de cette ville tombèrent au milieu de la nuit ; les chrétiens y pénétrèrent alors et tuèrent quatre vingt mille combattants. Ce qui suit est une traduction de l’autre charte. Le Seigneur a soumis à son serviteur le roi David la terre de Caracher où l’on trouve douze grandes villes, et en outre la terre du sultan Begrichar où il y a huit grandes villes, ainsi que la terre appelée Sacom, soit vingt journées jusqu’à Sagibus, puis dix journées jusqu’à Pharaga et Margana. Ensuite il a soumis à sa domination la terre de Coegent, d’où sortent de grandes quantités de soie de première qualité, elle s’étend jusqu’à Bocara qui contient trois cents villes et soixante-six cours d’eau, avec juges ou consuls, douze milles et s’étend sur douze journées – et de là jusqu’à la terre de Harsinoth huit journées, et encore jusqu’à Sacchere vingt journées. Tout cela est au-delà du fleuve Geos, et il y a au milieu de ces terres deux cent cinquante forteresses et grandes villes. En deça du fleuve Geops il s’est emparé du royaume du sultan Machemoth dont la terre est appelée Choressan, et où se trouvent les villes : Amanchioniro, Mero, Sirchos, Thos et Maummerie, Dabuli, Sarasten, Gaharamien, Nessaor, d’où viennent d’excellents tissus, Barach, Herte d’où viennent des pierres précieuses, Bastem, Schere, Damirigagi ; ce sont les plus grandes villes. En ce qui concerne les autres places fortes et grandes villes, il en a soumis à sa domination deux cent trente-deux. Il a acquis en outre la terre du sultan Senecha, qui contient ces grandes villes : Nessihor, Debihagan, Dehestan, Gargan, et de surcroît il prit la région de Decatan-de-hensin qui contient huit grandes villes. En outre il prit les pays de Macharenzedran et le territoire adjacent avec dix grandes villes et deux cent cinquante grandes forteresses. Il prit ensuite les territoires du grand sultan, qui est plus puissant que tous ceux que nous venons de dire, Caioreseth, avec trois mois de long et autant de large. Ceci fait, il s’empara de la terre du sultan Theor Delbarach. Puis il arriva près de Baldach ; il prit accessoirement la terre Debigahan contenant quarante-sept grandes et célèbres cités, dont les principales sont : Leray, Aschar, Chasvin, Chon, Chassehen, Sephen, d’où viennent les meilleurs tissus précieux, Hamedan ; outre ces quarante-sept villes, ce territoire contient trois cent vingt forteresses et grandes villes fortes. Après quoi il prit la terre du sultan Sardahan qui comptait les villes suivantes : Harman et Marahan, Selemesth, Maharage d’où vient cette terre qui sert pour se laver la tête. Enfin il prit la terre de l’émir Bobair contenant onze villes et dont la capitale est Keme, ainsi que cent-soixante-dix forteresses et grandes villes fortes. C’est là la dernière région de Perse de notre côté, et à partir de là il n’y a qu’une vaste plaine jusqu’à Baldach, soit cinq journées. Tous les noms donnés ci-dessus sont en langue perse. Le roi David a cependant trois armées ; il envoya l’une d’elles dans le territoire de Calaph frère du sultan d’Égypte, une autre à Baldach, la troisième vers Mausa, dont le nom antique est Ninive, et n’est qu’à une distance d’Antioche de quinze journées. Pressé de venir à la Terre de la Promesse afin d’y visiter le sépulcre du Seigneur et de reconstruire la ville sainte, il voulut auparavant, avec la permission de Dieu, soumettre au nom chrétien la terre du sultan d’Iconium ainsi qu’Aleph et Damas et tout le territoire situé entre elles, pour ne pas laisser derrière lui un seul ennemi. Des exemplaires des lettres précédentes ont été apportés au comte de Tripoli par certains de ses hommes venant de ces régions ; d’autres toutes semblables l’ont été par des marchands apportant de l’Orient des épices et des pierres précieuses ; et tous ceux qui viennent de ces régions disent la même chose. Certains hommes de notre armée furent faits prisonniers du sultan d’Égypte ; il les envoya à Damas, à son frère Contadin ; ce dernier les expédia à son seigneur le calife de Bagdad, et celui-ci remit ces prisonniers au roi David contre une grande somme d’argent. Lorsqu’il s’aperçut qu’ils étaient chrétiens, il les fit débarrasser de leurs liens et ramener à Antioche. Là, il nous rapportèrent les rumeurs susdites, et beaucoup d’autres renseignements sur le roi David. Le sultan d’Égypte apprenant par les messagers de ce calife de Bagdad la puissance invincible du roi David, ses victoires admirables, à la nouvelle aussi qu’il avait mis sous sa main puissante deux cents journées des terres 307

des Sarrasins, sans que nul pût lui résister, consterné et accablé, il fit amener devant lui certains nobles qu’il retenait prisonniers au Caire. Il s’agissait de l’Élu de Beauvais, de son frère, vicomte de Beaumont, de Jean d’Archies et d’Eudes de Châtillon, André d’Époisse, et certains frères du Temple et de l’Hôpital de Saint-Jean et de la Maison des chevaliers teutoniques. Il espérait obtenir la paix par leur intermédiaire ; en outre il nous envoya à l’armée de Damiette ses propres messagers avec une lettre, cherchant par tous les moyens à obtenir la paix ou une trêve avec nous. L’armée des chrétiens, cependant, exultait à l’annonce de ces rumeurs, et trouvait son réconfort en le Seigneur – surtout lorsque nous reçûmes une lettre de l’empereur des Romains Frédéric ; les messagers porteurs de celleci affirmaient que si Dieu le permettait, l’empereur viendrait au mois d’août suivant avec grande force et vaillance pour l’honneur de Dieu et au secours des chrétiens. L’an passé, un livre des Sarrasins qui jouissait parmi eux d’une grande autorité parvint entre nos mains. Il avait pour auteur un astrologue que les Sarrasins tiennent pour un grand prophète ; il l’avait écrit avec le plus grand soin en partant des origines de leur loi. Il prédisait entre autres choses combien de temps leur loi devrait durer – et que, comme elle avait commencé par le glaive, elle périrait de même. Il prédit en outre les grands maux que Saladin infligerait aux chrétiens, et qu’avant la destruction de la race des païens et l’extermination de leur loi, il soumettrait bel et bien à sa domination le royaume de Jérusalem avec beaucoup d’autres, puis non pas en vaticinant mais comme s’il exposait méthodiquement une histoire, il décrivait avec une grande clarté la reprise de la ville d’Acre et des événements survenus dans l’armée des rois de France et d’Angleterre, ainsi que dans celles des autres princes d’Occident – le tout comme s’il l’avait vu de ses yeux. Il ajouta en outre, en pleine conformité avec ce que nous avons vu de nos yeux, tout ce qui nous est arrivé en ces jours jusqu’à la prise de Damiette, et aussi aux Sarrasins en diverses occurrences ; c’est pourquoi, nous avons plus facilement ajouté foi lorsqu’il prédisait qu’allaient arriver bientôt d’autres événements qui ne s’étaient pas produits encore : il a prédit ainsi qu’une fois Damiette prise, le peuple des chrétiens s’emparerait d’Alexandrie, du Caire, de Babylone et de toute l’Égypte, et qu’en outre le très puissant prince des chrétiens grâce à l’armée du peuple chrétien occuperait Damas, Alep et toutes les provinces adjacentes, et libérerait des mains des païens la ville de Jérusalem avec la Syrie toute entière. Or le Sarrasin auteur de ces prédictions vint à mourir ; beaucoup des nôtres refusèrent de prêter foi à ses propos, sans prendre garde au fait que Balaam, devin et païen, a fait prophétie du Christ et des fils d’Israël, que Nabuchodonosor vit en songe les royaumes à venir, et la pierre qui se détache de la montagne sans la main d’aucun homme, et que le Pharaon, roi d’Égypte vit en songe les énigmes de la fertilité future, et de l’indigence subséquente ; il y a aussi Caïphe, qui était le grand-prêtre de cette année-là : il a prophétisé non de lui-même, mais de l’Esprit saint, parlant comme l’âne de Balaam, sans comprendre ce qu’il disait – et je pense qu’aucun des saints prophètes n’a parlé plus ouvertement du Christ et de ses deux avents qu’a fait le Seigneur par la Sibylle : le témoignage venu de la partie adverse est le plus solide. Afin cependant d’enlever toute ambiguïté du cœur de ceux qui doutent, des Syriens qui étaient dans l’armée avec nous cette année nous ont montré un autre livre très ancien écrit en langue sarrasine, et qui provenait de leurs anciennes bibliothèques. Il avait pour titre : Révélations de saint Pierre, apôtre, rédigé en volumen par son disciple Clément. Quel que soit l’auteur de ce livre, il a prédit si ouvertement et expressément l’état de l’Église de Dieu depuis le début jusqu’aux temps de l’Anté- Christ et à la fin du monde que lorsqu’on constate les accomplissements concernant le passé on doit faire foi indubitable à l’avenir prédit. Or il a prédit entre autre l’achèvement en extinction de la loi perfide des Sarrasins ; il a annoncé que la destruction des païens était imminente, à nos portes, et que le peuple des chrétiens subjuguerait d’abord la ville herbeuse et entourée d’eau il appelait ainsi Damiette ; il parle ensuite de deux nouveaux rois ; l’un viendrait de l’Occident ; quant à l’autre, il prédit qu’il viendrait de l’Orient dans la ville sainte face au roi susdit et que, par les mains de ces rois, le Seigneur exterminerait la loi abominable des hommes impies. Beaucoup d’entre eux mourraient par l’épée, tandis que d’autres se convertiraient en la foi au Christ, afin qu’entrât la multitude des nations et qu’ainsi tout Israël serait sauvé, avant que survînt le fils de perdition, puis le Jugement et la fin. Peu après que nous eûmes montré ce livre d’Apocalypse à l’ensemble du peuple assemblé dans le sable devant Damiette, pour sa recréation et sa consolation, nous apprîmes l’arrivée des lettres mentionnées ci-dessus, ainsi que la rumeur joyeuse tant au sujet du roi David que de l’empereur 308

<strong>de</strong>s Sarrasins, sans que nul pût lui résister, consterné et accablé, il fit amener <strong>de</strong>vant lui certains nobles<br />

qu’il retenait prisonniers au Caire. Il s’agissait <strong>de</strong> l’Élu <strong>de</strong> Beauvais, <strong>de</strong> son frère, vicomte <strong>de</strong><br />

Beaumont, <strong>de</strong> Jean d’Archies et d’Eu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Châtillon, André d’Époisse, et certains frères du Temple<br />

et <strong>de</strong> l’Hôpital <strong>de</strong> Saint-Jean et <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong>s chevaliers teutoniques. Il espérait obtenir la paix par<br />

leur intermédiaire ; en outre il nous envoya à l’armée <strong>de</strong> Damiette ses propres messagers avec une<br />

lettre, cherchant par tous les moyens à obtenir la paix ou une trêve avec nous. L’armée <strong>de</strong>s chrétiens,<br />

cependant, exultait à l’annonce <strong>de</strong> ces rumeurs, et trouvait son réconfort en le Seigneur – surtout<br />

lorsque nous reçûmes une lettre <strong>de</strong> l’empereur <strong>de</strong>s Romains Frédéric ; les messagers porteurs <strong>de</strong> celleci<br />

affirmaient que si Dieu le permettait, l’empereur viendrait au mois d’août suivant avec gran<strong>de</strong> force<br />

et vaillance pour l’honneur <strong>de</strong> Dieu et au secours <strong>de</strong>s chrétiens.<br />

L’an passé, un livre <strong>de</strong>s Sarrasins qui jouissait parmi eux d’une gran<strong>de</strong> autorité parvint entre nos<br />

mains. Il avait pour auteur un astrologue que les Sarrasins tiennent pour un grand prophète ; il l’avait<br />

écrit avec le plus grand soin en partant <strong>de</strong>s origines <strong>de</strong> leur loi. Il prédisait entre autres choses combien<br />

<strong>de</strong> temps leur loi <strong>de</strong>vrait durer – et que, comme elle avait commencé par le glaive, elle périrait <strong>de</strong><br />

même. Il prédit en outre les grands maux que Saladin infligerait aux chrétiens, et qu’avant la<br />

<strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la race <strong>de</strong>s païens et l’extermination <strong>de</strong> leur loi, il soumettrait bel et bien à sa<br />

domination le royaume <strong>de</strong> Jérusalem avec beaucoup d’autres, puis non pas en vaticinant mais comme<br />

s’il exposait méthodiquement une histoire, il décrivait avec une gran<strong>de</strong> clarté la reprise <strong>de</strong> la ville<br />

d’Acre et <strong>de</strong>s événements survenus dans l’armée <strong>de</strong>s rois <strong>de</strong> France et d’Angleterre, ainsi que dans<br />

celles <strong>de</strong>s autres princes d’Occi<strong>de</strong>nt – le tout comme s’il l’avait vu <strong>de</strong> ses yeux. Il ajouta en outre, en<br />

pleine conformité avec ce que nous avons vu <strong>de</strong> nos yeux, tout ce qui nous est arrivé en ces jours<br />

jusqu’à la prise <strong>de</strong> Damiette, et aussi aux Sarrasins en diverses occurrences ; c’est pourquoi, nous<br />

avons plus facilement ajouté foi lorsqu’il prédisait qu’allaient arriver bientôt d’autres événements qui<br />

ne s’étaient pas produits encore : il a prédit ainsi qu’une fois Damiette prise, le peuple <strong>de</strong>s chrétiens<br />

s’emparerait d’Alexandrie, du Caire, <strong>de</strong> Babylone et <strong>de</strong> toute l’Égypte, et qu’en outre le très puissant<br />

prince <strong>de</strong>s chrétiens grâce à l’armée du peuple chrétien occuperait Damas, Alep et toutes les provinces<br />

adjacentes, et libérerait <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong>s païens la ville <strong>de</strong> Jérusalem avec la Syrie toute entière. Or le<br />

Sarrasin auteur <strong>de</strong> ces prédictions vint à mourir ; beaucoup <strong>de</strong>s nôtres refusèrent <strong>de</strong> prêter foi à ses<br />

propos, sans prendre gar<strong>de</strong> au fait que Balaam, <strong>de</strong>vin et païen, a fait prophétie du Christ et <strong>de</strong>s fils<br />

d’Israël, que Nabuchodonosor vit en songe les royaumes à venir, et la pierre qui se détache <strong>de</strong> la<br />

montagne sans la main d’aucun homme, et que le Pharaon, roi d’Égypte vit en songe les énigmes <strong>de</strong> la<br />

fertilité future, et <strong>de</strong> l’indigence subséquente ; il y a aussi Caïphe, qui était le grand-prêtre <strong>de</strong> cette<br />

année-là : il a prophétisé non <strong>de</strong> lui-même, mais <strong>de</strong> l’Esprit saint, parlant comme l’âne <strong>de</strong> Balaam,<br />

sans comprendre ce qu’il disait – et je pense qu’aucun <strong>de</strong>s saints prophètes n’a parlé plus ouvertement<br />

du Christ et <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux avents qu’a fait le Seigneur par la Sibylle : le témoignage venu <strong>de</strong> la partie<br />

adverse est le plus soli<strong>de</strong>.<br />

Afin cependant d’enlever toute ambiguïté du cœur <strong>de</strong> ceux qui doutent, <strong>de</strong>s Syriens qui étaient<br />

dans l’armée avec nous cette année nous ont montré un autre livre très ancien écrit en langue sarrasine,<br />

et qui provenait <strong>de</strong> leurs anciennes bibliothèques. Il avait pour titre : Révélations <strong>de</strong> saint Pierre,<br />

apôtre, rédigé en volumen par son disciple Clément. Quel que soit l’auteur <strong>de</strong> ce livre, il a prédit si<br />

ouvertement et expressément l’état <strong>de</strong> l’Église <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>puis le début jusqu’aux temps <strong>de</strong> l’Anté-<br />

Christ et à la fin du mon<strong>de</strong> que lorsqu’on constate les accomplissements concernant le passé on doit<br />

faire foi indubitable à l’avenir prédit. Or il a prédit entre autre l’achèvement en extinction <strong>de</strong> la loi<br />

perfi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Sarrasins ; il a annoncé que la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s païens était imminente, à nos portes, et que<br />

le peuple <strong>de</strong>s chrétiens subjuguerait d’abord la ville herbeuse et entourée d’eau il appelait ainsi<br />

Damiette ; il parle ensuite <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nouveaux rois ; l’un viendrait <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt ; quant à l’autre, il<br />

prédit qu’il viendrait <strong>de</strong> l’Orient dans la ville sainte face au roi susdit et que, par les mains <strong>de</strong> ces rois,<br />

le Seigneur exterminerait la loi abominable <strong>de</strong>s hommes impies. Beaucoup d’entre eux mourraient par<br />

l’épée, tandis que d’autres se convertiraient en la foi au Christ, afin qu’entrât la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nations<br />

et qu’ainsi tout Israël serait sauvé, avant que survînt le fils <strong>de</strong> perdition, puis le Jugement et la fin.<br />

Peu après que nous eûmes montré ce livre d’Apocalypse à l’ensemble du peuple assemblé dans le<br />

sable <strong>de</strong>vant Damiette, pour sa recréation et sa consolation, nous apprîmes l’arrivée <strong>de</strong>s lettres<br />

mentionnées ci-<strong>de</strong>ssus, ainsi que la rumeur joyeuse tant au sujet du roi David que <strong>de</strong> l’empereur<br />

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