1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
nombre <strong>de</strong> son peuple : nul ne pouvait le compter, et il s’avança contre la terre du roi <strong>de</strong>s Perses<br />
Chancana. Ce <strong>de</strong>rnier se porta contre lui avec une troupe très nombreuse, et il y eut un combat entre<br />
eux. Ainsi, par la volonté divine et l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la croix <strong>de</strong> vie le roi David eut le <strong>de</strong>ssus et le vainquit ; la<br />
plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son peuple périt, sauf certains qui ont été lavés <strong>de</strong> l’eau du baptême. Le roi <strong>de</strong>s<br />
Perses Chancana lui-même fut capturé et, les pieds entravés <strong>de</strong> chaînes d’or, fut amené en captivité sur<br />
un char à la terre du roi David.<br />
Ce roi David se soumit toute la terre <strong>de</strong> son ennemi, royaurpe qu’on appelle « royaume du roi <strong>de</strong>s<br />
rois sarrasins », où l’on compte soixante-quatre gran<strong>de</strong>s villes : l’une s’appelle Damagalcha, une autre<br />
Chasahar, d’autres Lakehelech, Melech, Bessibehelec, Chaten, Asguchent, Chaogent, Bakara,<br />
Samarchanda, Phargana, Agagya. De Chasahar à Phargana il y a dix journées, <strong>de</strong> Chaogent à Bachara<br />
vingt journées, <strong>de</strong> Bachara à Zarmich huit journées, <strong>de</strong> Zarmich à Bocharichi dix journées, <strong>de</strong><br />
Bocharichi à Abiar dix journées et enfin <strong>de</strong> Zarmich à Bellasachum dix journées. Ensuite le roi David<br />
est venu à la terre qu’on appelle Alaanar, qui se trouve aux confins <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>. Or, dans la province où<br />
se trouve cette ville d’Alaanar, il y a un si grand nombre <strong>de</strong> cités que nul ne pourrait les énumérer. La<br />
ville où le roi <strong>de</strong>s Perses avait coutume <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer est appelée Gasne : c’est la ville la plus gran<strong>de</strong>, et<br />
elle est aussi extrêmement peuplée. On n’y trouve pas moins <strong>de</strong> cinq cents mosquées, et autant<br />
d’écoles ainsi que six cents hospices où trouvaient abri ces sages <strong>de</strong>s Sarrasins qu’on appelle<br />
«moines» en notre langue.<br />
Ce roi David a combattu ensuite avec le roi <strong>de</strong> cette terre appelée Alaanar, et l’a vaincu. Presque<br />
tout son peuple a péri alors, sauf une certaine partie qui s’est convertie à notre foi ; quand la contrée<br />
eut été entièrement soumise, il regagna le pays appelé Chatha. Il y avait alors <strong>de</strong>s trêves en vigueur<br />
entre le roi <strong>de</strong> Chatha et Chavarsmisan, avec une zone indivise entre eux, comprenant Bachara,<br />
Samarchant, Bellasachun. Chavarmisan, que nous avons mentionné ci-<strong>de</strong>ssus, envoya <strong>de</strong>s messagers<br />
au roi David, conclut un accord avec lui ; il lui donna toute la terre qu’il détenait au-<strong>de</strong>là du fleuve<br />
Geos. Une fois rassuré en ce qui concerne David, il rassembla une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> gens et traversa<br />
une province nommée Chorasan, ainsi que le grand Arach et le petit Arach, qui sont <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s provinces,<br />
et aussi Diarbechen et parvint à proximité <strong>de</strong> Baldach en six journées. Il envoya <strong>de</strong>s messagers<br />
au calife <strong>de</strong> Baldach qui a régné à Baldach quarante-et-un ans et a pour nom Alenanzer Lenidalla – on<br />
peut traduire celui-ci « ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la loi divine ». Tel est son cognomen, son nom étant Romanzur fils <strong>de</strong><br />
Mostad. C’est pourquoi il lui dénia également sa foi vassalique. Le calife prit peur, car il ne pouvait<br />
disposer <strong>de</strong> forces suffisantes pour lui résister ; consultés par lui, ses fidèles lui dirent <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />
Iaphelec, le patriarche <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s, qui <strong>de</strong>meurait dans la ville <strong>de</strong> Barach, d’inviter le roi David à rompre<br />
la trêve avec Chavarmisan, car il renoncerait alors à son attaque.<br />
Le calife partit à cheval <strong>de</strong> nuit avec quelques-uns <strong>de</strong>s siens, car il n’avait pas accoutumé <strong>de</strong><br />
chevaucher <strong>de</strong> jour sauf à <strong>de</strong>s dates bien définies, et gagna la <strong>de</strong>meure du patriarche qui se trouvait à<br />
Baldach. Dès qu’il le vit, le patriarche le reçut honorablement, et se montra très content <strong>de</strong> son arrivée.<br />
Puis le calife prit la parole et lui dit : « C’est dans un moment extrêmement critique que je <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
ton ai<strong>de</strong>, car la fidélité d’un ami s’éprouve dans la dure adversité : voici que ce vaurien <strong>de</strong><br />
Charvarsmisan s’est porté contre nous <strong>de</strong> toute sa force, et s’il vient à occuper ta terre, il ne manquera<br />
pas <strong>de</strong> livrer tous tes chrétiens à la mort, car il leur porte une haine sans borne. » Le patriarche<br />
répondit que c’était vrai. Le calife lui dit enfin : « Vous pouvez me faire plaisir <strong>de</strong> la manière suivante<br />
: le roi David et tous les autres qui observent votre loi vous obéiront ; je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que, par lettre et<br />
messagers, vous mandiez au roi David l’ordre d’entrer en guerre contre Chavarsmisan ; ainsi il<br />
renoncera à nous harceler. Je sais en effet avec certitu<strong>de</strong> qu’il rentrera dans son pays dès que le roi<br />
David commencera à le harceler. Et si vous me donnez satisfaction en ceci, nous accor<strong>de</strong>rons tout ce<br />
que vous pourrez vouloir à vous-même et à tous ceux qui suivent votre loi ». Le patriarche répondit à<br />
ce discours : « Vous le savez, nous sommes tenus par serment fait à vos prédécesseurs et à vousmême,<br />
<strong>de</strong> n’envoyer <strong>de</strong> lettre à aucun roi chrétien ni à lui donner quelque nouvelle que ce soit <strong>de</strong> votre<br />
territoire ». À quoi le calife répondit : « Je suis le maître <strong>de</strong> cette terre, et en outre le calife <strong>de</strong>s<br />
prophètes <strong>de</strong>s Sarrasins : je vous donne l’autorisation <strong>de</strong> faire cela, et vous établirai <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong><br />
sureté ». Le patriarche entendit donc la prière du calife et fit dire au roi David qu’il rompe la trêve<br />
avec ce Chavarsmisan. Comme on l’y invitait, le roi David rassembla une armée innombrable et enva-<br />
305