1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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<strong>de</strong>ttes, inflation. 33 Pour exemple, la somme que l’État avait payée à Julius Overhoff pour son<br />
cheval lorsqu’il quitté son régiment <strong>de</strong> cavalerie pour se rendre sur le front roumain, avait,<br />
l’hiver <strong>de</strong> l’année 1918, la valeur d’un ticket <strong>de</strong> tramway. 34 Vienne et ses millions d’habitants,<br />
coupés <strong>de</strong> leur zones d’approvisionnement traditionnelles <strong>de</strong>puis le redécoupage <strong>de</strong>s<br />
frontières, connurent cet hiver-là un hiver <strong>de</strong> famine. Outre les conditions matérielles<br />
difficiles, Vienne vivait une époque <strong>de</strong> troubles politiques intérieurs.<br />
Dans ces conditions matérielles et psychologiques, le jeune Overhoff doit se<br />
réorienter. D’une part la précarité financière <strong>de</strong> sa famille, ruinée par l’inflation, réduit à néant<br />
ses ambitions <strong>de</strong> carrière diplomatique. 35 D’autre part, comme beaucoup <strong>de</strong> citoyens du<br />
nouvel État, il ne pouvait s’i<strong>de</strong>ntifier à cette « république orpheline », 36 à cet État « malgré<br />
lui ». Représenter un État n’ayant plus aucun poids dans la balance <strong>de</strong> la politique<br />
internationale n’attirait plus le jeune homme, qui ne se sentait pas concerné par cette nouvelle<br />
république : « Diplomate d’un reste d’Autriche alleman<strong>de</strong>, au lieu <strong>de</strong> représenter la vieille<br />
puissance <strong>de</strong> l’empire d’Autriche-Hongrie, successeur légitime du Saint Empire romain<br />
germanique ? » 37<br />
C’est ainsi que Julius Overhoff entame <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> droit à l’université <strong>de</strong> Vienne<br />
pendant qu’il est en apprentissage à la Banque Centrale <strong>de</strong>s caisses d’épargne alleman<strong>de</strong>s<br />
(Zentralbank <strong>de</strong>utscher Sparkassen). En 1920, il obtient son diplôme <strong>de</strong> droit et saisit<br />
l’occasion d’entrer, après son grand-père maternel et son père, chez Bayer, et quitte en mars<br />
1920 l’Autriche pour Leverkusen, où se trouve le siège <strong>de</strong> Bayer. 38<br />
II.2 Entrée dans la vie professionnelle<br />
Overhoff saisit l’opportunité que lui propose Bayer et rédige une thèse <strong>de</strong> doctorat à<br />
l’université <strong>de</strong> Cologne parallèlement à son activité professionnelle. En mars 1923 il passe<br />
son doctorat grâce à une thèse sur « L’imposition <strong>de</strong>s revenus, du luxe et du patrimoine issus<br />
33 Cf. Olivier Milza : Histoire <strong>de</strong> l’Autriche, Paris, 1995, p. 201.<br />
34 „Was Julius vom Staat für sein Pferd bekommen hatte, damit bezahlte man jetzt eine Trambahnfart.“<br />
(Chronique sur la famille Otto, Ottonisches, script, p. 24).<br />
35 „In <strong>de</strong>r Jugend bestand <strong>de</strong>r Plan, die diplomatische Laufbahn einzuschlagen. Ihn zu verwirklichen verhin<strong>de</strong>rte<br />
das Auseinan<strong>de</strong>rfallen <strong>de</strong>r österreichischen-ungarischen Monarchie, weil nachher die finanziellen<br />
Vorraussetzungen in <strong>de</strong>r Familie nicht mehr gegeben waren.“ (Script <strong>de</strong> l’année 1959).<br />
36 „verwaiste Republik“ (Steven Beller : Geschichte Österreichs, Vienne, 2007, p. 188).<br />
37 „Diplomat eines Rest-Deutsch-Österreich statt Vertreter <strong>de</strong>r alten Großmacht Österreich-Ungaren, <strong>de</strong>r<br />
legitimen Nachfolgerin <strong>de</strong>s heiligen Römischen Reiches Deutscher Nation?“ (Script, s.l., s.d.). Cf. Stefan Zweig,<br />
qui écrivait : „Ich bin 1881 in einem großen und mächtigen Kaisserreiche geboren, in <strong>de</strong>r Monarchie <strong>de</strong>r<br />
Habsburger, aber man suche sie nicht auf <strong>de</strong>r Karte: sie ist weggewaschen ohne Spur.“ (Stefan Zweig : Die Welt<br />
von gestern, Francfort/M., 1947, p. 10).<br />
38 Il y fait la connaissance du poète Arthur Hospelt, (Gedichte, publiés en 1914 chez Xenien à Leipzig), grand<br />
amateur <strong>de</strong> Rilke qui <strong>de</strong>viendra son ami le plus cher par l’intermédiaire <strong>de</strong> son cousin Kurt Overhoff, qui était<br />
musicien et chef d’orchestre (assistant <strong>de</strong> Furtwängler à la fin <strong>de</strong>s années 20). Hospelt avait rédigé le livret d’un<br />
opéra, Mira, dont Kurt Overhoff avait composé la musique. L’opéra fut joué en 1924.<br />
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