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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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avaient, dans leur immense majorité, perdu le souvenir <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> terreur mongole du milieu<br />

du XIII e siècle. Aussi la situation à laquelle ils se trouvaient confrontés leur semblait-elle<br />

radicalement neuve. L’analogie avec la crise du XIII e siècle est cependant évi<strong>de</strong>nte, et<br />

Overhoff veut le rappeler. Pour la première fois <strong>de</strong>puis 1241, l’Europe avait, face à la menace<br />

orientale, été saisie par un désarroi aux dimensions <strong>de</strong> son impuissance.<br />

Dans ces circonstances, l’intention <strong>de</strong> l’auteur est <strong>de</strong> donner une vision pour assurer un<br />

avenir à l’Europe. Cette vision est fondée sur <strong>de</strong>s réalités historiques et géographiques,<br />

révélées par la connaissance du passé. Overhoff fon<strong>de</strong> son roman sur <strong>de</strong>s données avérées. Il a<br />

utilisé <strong>de</strong>s documents historiques qui authentifient son discours, et confèrent au roman une<br />

crédibilité quasi-scientifique. L’auteur ne saurait sinon se réclamer d’une quelconque<br />

clairvoyance pour alerter ses contemporains.<br />

Overhoff considère qu’il est indispensable, pour être à même d’appréhen<strong>de</strong>r les<br />

aspects mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong>s civilisations actuelles d’en connaître l’histoire. 2 Il va même au-<strong>de</strong>là et<br />

pense que l’avenir <strong>de</strong> toutes les civilisations dépend <strong>de</strong> la connaissance du passé. L’avenir<br />

n’est en effet que l’évolution du présent, <strong>de</strong> même que le présent est le résultat du passé ; en<br />

ce sens l’avenir n’est autre chose que la configuration <strong>de</strong> l’héritage du passé. Ces convictions<br />

font s’opposer Overhoff aux conceptions communistes en vigueur en Europe orientale. À<br />

cette menace politique qui pèse sur l’Europe s’ajoute une confrontation idéologique. Overhoff<br />

s’inscrit en faux contre l’idéologie socialiste, et plus généralement contre une attitu<strong>de</strong> au<br />

mon<strong>de</strong> qui caractérise le XIX e et le XX e siècle : l’idéologie du progrès, qui fait « table rase »<br />

du passé, 3 pour permettre la venue <strong>de</strong>s « len<strong>de</strong>mains qui chantent ». 4 L’homme, pour se<br />

libérer du joug qui pèse sur lui, doit oublier son passé, dont les structures mentales et sociales<br />

l’inhibent. Ceci est tout à fait opposé à la philosophie d’Overhoff, pour qui celui qui ignore le<br />

passé est condamné à le répéter et donc à rester un « ewig Gestriger ». Il a dénoncé dans La<br />

Descente du Gange « ceux qui veulent en finir avec l’histoire, à Moscou, à Pékin, à<br />

Belgra<strong>de</strong> » 5<br />

2 Cf. note 154 du chapitre I.<br />

3 Cf. Paroles <strong>de</strong> L’Internationale : « Du passé, faisons table rase [...] Le mon<strong>de</strong> va changer <strong>de</strong> base. Nous ne<br />

sommes rien, soyons tout ! »<br />

4 Titre <strong>de</strong> l’autobiographie <strong>de</strong> Gabriel Péri, député communiste fusillé par les Allemands en 1941, tiré <strong>de</strong> la lettre<br />

d’adieu rédigée la veille <strong>de</strong> son exécution : « le communisme est la jeunesse du mon<strong>de</strong> et il prépare <strong>de</strong>s<br />

len<strong>de</strong>mains qui chantent. » Overhoff y fait allusion dans les lignes suivantes : „Begreifen wir jetzt die<br />

geschmeichelte Verlegenheit <strong>de</strong>r Japaner, sobald man sie nach ihren alten Sitten fragt? Etwas in ihnen weiß mehr<br />

als sie selber: daß die kommen<strong>de</strong> Einheitser<strong>de</strong> nur zu ertragen sein wird, wenn je<strong>de</strong>r von uns seine ganze<br />

Vergangenheit mitbringt. Die da meinen, das Umgekehrte täte not, die Weltlosen und <strong>de</strong>shalb<br />

Zukunftshungrigen, die ins Morgen vorrennen, weil sie hinter sich selber zurückbleiben – sie sind die ewig<br />

Gestrigen.“ (La Descente du Gange, pp. 440-441).<br />

5 Cf. note 163 du chapitre I.<br />

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