1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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Alors qu’on voit l’opportunisme d’Odo l’amener à envisager son avenir à Karakorum, la future capitale de l’empire, 218 le personnage historique de Guillaume Boucher montre que des réalisations et une carrière telles que les souhaite Odo sont possibles. En évoquant Karakorum, Overhoff aborde le sujet de l’avenir des Mongols, de leur évolution après la mort de Gengis Khan. La fondation de Karakorum varie dans le temps suivant les sources. La chronique de la dynastie Yuan donne 1220 comme date où le site a été choisi. Karakorum ne se trouve pas dans les terres d’origine de l’expansion mongole, sur l’Onon, mais dans la vallée de l’Orkhon, située au centre de l’empire. 219 Grousset reste vague : « Déjà, sous le règne de Gengis Khan, Qaraqoroum ou un site voisin avait sans doute été adopté à partir de 1220 comme capitale théorique, mais ce fut Ogödaï qui fit de notre Qaraqoroum la capitale véritable du nouvel empire en y construisant en 1235, une enceinte murée. » 220 Ce tableau est l’occasion d’évoquer de nouveau les pratiques chamaniques des Mongols, qui sont décrites par Odo, mais également la situation issue de la rencontre de deux monde, celui des Occidentaux et celui des peuples de la steppe, tout comme au tableau 22 quand Overhoff montrait la rencontre entre la femme mongole et la prisonnière chinoise. Les deux tableaux correspondent dans la constellation des personnages : à un Mongol qui avait épousé la prisonnière chinoise, répond Odo, qui s’est marié à une Mongole. Certaines coutumes figurent dans les deux cas, comme celle de réutiliser l’eau de vaisselle pour faire la cuisine. On retrouve des informations à propos de Gengis Khan, comme sa discorde avec son fils aîné (évoquée au tableau précédent). 27 Empire Hi-Sia, monastère sur le cours supérieur du Hoang-ho (Fleuve jaune) Sous-titre : Points de vue plus larges Exergue : Conseil de l’ordre bouddhiste, résumé du Père supérieur Éléments de datation La présence du moine taoïste Tch’ang-tch’ouen à la cour de Gengis Khan sert ici aussi de repère chronologique. Il est d’ailleurs révélateur que la présence du moine serve de repère à plusieurs reprises au chapitre IV, placés sous le signe de la spiritualité. Ce ne sont plus les événements politiques ou les campagnes qui sont utilisées, phénomène montrant l’entrée du roman dans la sphère de la spiritualité, s’éloignant du monde de la politique. Ce tableau ne serait donc pas postérieur au printemps 1223. Toutefois, l’imminence d’une attaque du 218 „Der Chagan nun will in Zukunft eine große Stadt bauen, eine Art Hauptstadt, Karakorum, glaub ich, heißt der vorgesehene Platz.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 312). 219 Cf. Gudrun Ziegler/Alexander Hogh : Die Mongolen. Im Reich des Dschingis Khan, Stuttgart, 2005, p. 34. 220 René Grousset : L’Empire des steppes, Paris, 1939, p. 320. 241
oyaume de Hi-Sia 221 porterait à conclure à une date postérieure – la campagne eut lieu en 1226 –, tout comme les propos du Père supérieur estimant proche la mort de Gengis Khan. Ce monologue du supérieur bouddhiste est un plan d’action en vue de la conversion de Gengis Khan et des Mongols au bouddhisme. Le conseil de l’église bouddhiste s’oppose aux vues du pouvoir temporel du royaume de Hi-Sia et fait preuve d’une capacité de vision d’envergure pour le futur. Il considère une attaque des Mongols en représailles du refus des Tangous d’honorer le traité qui les liait à Gengis Khan comme inévitable – ce dont les autorités séculaires n’ont pas la prescience, et se désolidarise par conséquent de la politique menée dans le royaume, espérant par là éviter la destruction des monastères. Mais au-delà de cette mesure de protection face au danger imminent, le conseil bouddhiste décide d’adopter une attitude offensive, de s’engager « dans un combat avec les seules armes spirituelles » qui soient à sa disposition, c’est-à-dire de « convertir les Mongols à la vraie voie », 222 afin d’assurer une paix durable. Le père supérieur expose les différentes religions monothéistes en lice en en présentant les avantages qu’elles pourraient posséder par rapport au bouddhisme et les moyens de les vaincre néanmoins. C’est un véritable plan de bataille, qui dénote une bonne connaissance de la situation des Mongols. Le moment semble bien choisi pour se prêter à une offensive de prosélytisme, les victoires des Mongols les amenant à réfléchir sur leur destinée et leur religion. D’autre part, le père supérieur fait état d’une division au sein des Mongols, entre les riches tribus qui possèdent des chevaux et des chameaux et les pauvres qui élèvent chèvres et moutons. 223 Les méthodes de conversion à adopter doivent s’adapter aux tribus. Ces différences de classes sociales au sein des Mongols avait déjà été évoquée par le noyon du tableau 15, qui déclarait que ces différences étaient abolies depuis que Gengis Khan avait unifié les peuples nomades. 224 Le moine bouddhiste nuance ce jugement : les différences sont toujours bien présentes, mais étouffées par l’emprise de Gengis Khan. Elles ne demanderont qu’à ressurgir après la mort du conquérant. 225 221 „Das Konzil fühlt die Zeit de Vollstreckung nahe herbeigekommen, jetzt, da der Islam niedergeworfen und der Krieg im Westen zu Ende gegangen ist.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 318) 222 „Um auch die fernere Zukunft nicht dem Ungefähr preis zugeben, beschließt das Konzil, durch die ihm von der Buddha-Religion verliehenen und ihm einzig gemäßen geistigen Waffen den Kampf aufzunehmen, das heißt, die Mangchol zum rechten Wege zu bekehren.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 319). 223 „[…] die Steppenmongolen [zerfallen] seit jeher in zwei deutlich getrennte Schichten […]. Während die reichen Pferde-, rinder-, Yak- und Kamelhirten im allgemeinen den Adel stellen, gelten die ärmeren Schaf- und Ziegenhirten als Gemeine.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 323). 224 „Der elende Dschamucha, der Feind unseres Chagan, hat gesagt, in der Steppe sollten alle gleich sein, die kleinen Schafhirten und die großen Pferdehirten […]. Das war ungebührlich vor der Sitte, deshalb starb Dschamucha […]. Es war aber auch töricht. Nun sind in der Steppe alle reich und glücklich, das ganze Volk der himmelsblauen Mongolen […].“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 182). 225 „Nach dem Lauf dieser Welt müssen sich Gegensätze zwischen solchen Schichten bilden. Erscheinen sie heute nicht, ist das auf die gewaltige Person des Dschingiz-Chan zurückzuführen […]. Es bedarf keiner 242
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oyaume <strong>de</strong> Hi-Sia 221 porterait à conclure à une date postérieure – la campagne eut lieu en<br />
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Ce monologue du supérieur bouddhiste est un plan d’action en vue <strong>de</strong> la conversion <strong>de</strong><br />
Gengis Khan et <strong>de</strong>s Mongols au bouddhisme. Le conseil <strong>de</strong> l’église bouddhiste s’oppose aux<br />
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Tangous d’honorer le traité qui les liait à Gengis Khan comme inévitable – ce dont les<br />
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menée dans le royaume, espérant par là éviter la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s monastères. Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
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soient à sa disposition, c’est-à-dire <strong>de</strong> « convertir les Mongols à la vraie voie », 222 afin<br />
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Mongols, entre les riches tribus qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s chevaux et <strong>de</strong>s chameaux et les pauvres qui<br />
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tribus. Ces différences <strong>de</strong> classes sociales au sein <strong>de</strong>s Mongols avait déjà été évoquée par le<br />
noyon du tableau 15, qui déclarait que ces différences étaient abolies <strong>de</strong>puis que Gengis Khan<br />
avait unifié les peuples noma<strong>de</strong>s. 224 Le moine bouddhiste nuance ce jugement : les différences<br />
sont toujours bien présentes, mais étouffées par l’emprise <strong>de</strong> Gengis Khan. Elles ne<br />
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221 „Das Konzil fühlt die Zeit <strong>de</strong> Vollstreckung nahe herbeigekommen, jetzt, da <strong>de</strong>r Islam nie<strong>de</strong>rgeworfen und<br />
<strong>de</strong>r Krieg im Westen zu En<strong>de</strong> gegangen ist.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 318)<br />
222 „Um auch die fernere Zukunft nicht <strong>de</strong>m Ungefähr preis zugeben, beschließt das Konzil, durch die ihm von<br />
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die Mangchol zum rechten Wege zu bekehren.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 319).<br />
223 „[…] die Steppenmongolen [zerfallen] seit jeher in zwei <strong>de</strong>utlich getrennte Schichten […]. Während die<br />
reichen Pfer<strong>de</strong>-, rin<strong>de</strong>r-, Yak- und Kamelhirten im allgemeinen <strong>de</strong>n A<strong>de</strong>l stellen, gelten die ärmeren Schaf- und<br />
Ziegenhirten als Gemeine.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 323).<br />
224 „Der elen<strong>de</strong> Dschamucha, <strong>de</strong>r Feind unseres Chagan, hat gesagt, in <strong>de</strong>r Steppe sollten alle gleich sein, die<br />
kleinen Schafhirten und die großen Pfer<strong>de</strong>hirten […]. Das war ungebührlich vor <strong>de</strong>r Sitte, <strong>de</strong>shalb starb<br />
Dschamucha […]. Es war aber auch töricht. Nun sind in <strong>de</strong>r Steppe alle reich und glücklich, das ganze Volk <strong>de</strong>r<br />
himmelsblauen Mongolen […].“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 182).<br />
225 „Nach <strong>de</strong>m Lauf dieser Welt müssen sich Gegensätze zwischen solchen Schichten bil<strong>de</strong>n. Erscheinen sie<br />
heute nicht, ist das auf die gewaltige Person <strong>de</strong>s Dschingiz-Chan zurückzuführen […]. Es bedarf keiner<br />
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