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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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politique. Mais le tableau <strong>de</strong> la magie blanche contient en lui-même une opposition : s’y<br />

confrontent la sagesse patiente et sereine du père et l’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’élève face à la menace<br />

mongole.<br />

L’intention d’Overhoff est claire : à un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> spiritualité il va opposer un mon<strong>de</strong><br />

soumis aux contraintes <strong>de</strong> la politique. Il a choisi ici, comme représentants <strong>de</strong> la mystique, <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> la pensée islamique : tout d’abord Baha al-Din (1148-1231), le « père »<br />

dans le tableau, surnommé le « Sultan <strong>de</strong>s savants », 189 qui avait composé « trois livres<br />

d’instructions mystiques commentant le Coran ou les hadith ». 190 Originaire <strong>de</strong> Balkh<br />

(berceau <strong>de</strong> la civilisation persane qui avait vu naître Avicenne et Al-Ghazâli) au Khorassan<br />

(Iran), il avait quitté la ville avec son fils (né en 1207) face aux persécutions <strong>de</strong> chah<br />

Mohammed contre les soufis selon Overhoff. 191 Il avait trouvé refuge à Konya, en Anatolie,<br />

auprès du prince seldjouci<strong>de</strong> <strong>de</strong> Roum. L’historiographie <strong>de</strong> Rûmî indique que le père et le<br />

fils quittèrent Balkh en 1219 <strong>de</strong>vant la menace mongole et ne se fixèrent à Konya qu’en 1228<br />

à l’invitation du sultan Kaïkobad. C’est là, à Konya, que son fils Djelal-eddin Rûmî, le plus<br />

grand poète mystique <strong>de</strong> langue persane, 192 fonda une confrérie dont les membres furent<br />

appelés par l’Occi<strong>de</strong>nt, « impressionné par leurs pratiques », les « <strong>de</strong>rviches tourneurs ». 193<br />

Overhoff y fait <strong>de</strong>ux allusions. La première fois lorsque le père évoque la musique <strong>de</strong> la flûte<br />

<strong>de</strong> roseau, 194 et la secon<strong>de</strong> fois lorsque le fils s’approche <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres personnages. 195<br />

Rûmî, « mystique embrasé d’amour divin », 196 est l’auteur d’une œuvre considérable.<br />

Son œuvre majeure, le Matnawi, un poème <strong>de</strong> 45.000 vers divisé en six livres, est considérée<br />

par les soufis comme le « Coran persan ». Rûmî s’attache dans son œuvre à révéler le sens<br />

occulte du Coran. Il affirme la transcendance d’un Dieu se manifestant dans les religions<br />

révélées et qui doit être adoré en esprit et en vérité. La spiritualité <strong>de</strong> Rûmî est inspirée <strong>de</strong> la<br />

189 Cf. Eva <strong>de</strong> Vitray-Meyerovitch : Rûmî et le soufisme, Paris, 1977, p. 8.<br />

190 Miguel Cruz Hernán<strong>de</strong>z : Histoire <strong>de</strong> la pensée en terre d’Islam, Paris, 2005, p. 754.<br />

191 „Gerettet [<strong>de</strong>s Mongols], weil <strong>de</strong>r Chuarezm-Schah Mohammed die Sufis verfolgen ließ, zugunsten <strong>de</strong>rer, die<br />

er für rechtgläubig hielt. Wir wur<strong>de</strong>n um unserer Überzeugung willen vertrieben und entgingen so <strong>de</strong>m Mor<strong>de</strong>n.“<br />

(Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 282).<br />

192 Cf. Royston Pike : « Le poète et philosophe <strong>de</strong> langue persane Mawlana Jalal-ud-Din Balkhi–Rumi (Mevlana<br />

Celaleddin Belhī Rūmī) est né en 1207 à Balkh, aujourd’hui en Afghanistan. Il a passé l’essentiel <strong>de</strong> sa vie à<br />

Konya, aujourd’hui en Turquie, où il est mort en 1273. Il est considéré comme l’un <strong>de</strong>s plus grands maîtres et<br />

poètes soufis. Il fonda la confrérie Maulawî (Mevleviya) <strong>de</strong> <strong>de</strong>rviches, dont la danse tournante représente à la<br />

fois le mouvement <strong>de</strong>s sphères célestes et la révolution intérieure <strong>de</strong> l’âme opérée par l’amour ar<strong>de</strong>nt du soufi<br />

pour son Dieu. Roumî écrivit <strong>de</strong> nombreuses o<strong>de</strong>s en l’honneur <strong>de</strong> sa confrérie, dont Le Mathnawî ou « Distiques<br />

rimés », un recueil <strong>de</strong> préceptes moraux inspirés du Coran, tenu en haute vénération par les soufis. » (Royston<br />

Pike : Dictionnaire <strong>de</strong>s religions, Paris, 1954, p. 274).<br />

193 Miguel Cruz Hernán<strong>de</strong>z : Histoire <strong>de</strong> la pensée en terre d’Islam, Paris, 2005, p. 754.<br />

194 „Da bil<strong>de</strong>t sich <strong>de</strong>r Tanz <strong>de</strong>r tanzen<strong>de</strong>n Derwische.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 283).<br />

195 „Der Sohn hat sich an <strong>de</strong>r Quelle aufgerichtet; immer Flöte blasend kommt er in einem drehen<strong>de</strong>n Tanzschritt<br />

heran und bleibt vor <strong>de</strong>n bei<strong>de</strong>n stehen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 289).<br />

196 Eva <strong>de</strong> Vitray-Meyerovitch : Rûmî et le soufisme, Paris, 1977, p. 13.<br />

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