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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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1246. 187 Overhoff substitue donc un épiso<strong>de</strong> s’étant déroulé sous le règne <strong>de</strong> Kaï-Khusraw II à<br />

celui <strong>de</strong> Kaïkobad I er , qui correspond au cadre du roman (1219-1237). Overhoff a aussi choisi<br />

Kaïkobad car c’est sous son règne que la culture seldjouci<strong>de</strong> vit son épanouissement, et que le<br />

sultanat <strong>de</strong> Roum (du mot « romain » pour désigner l’empire byzantin, qui revendiquait<br />

l’héritage <strong>de</strong> l’ancien empire <strong>de</strong> Rome) s’étendait sur presque toute l’Anatolie et prospérait<br />

grâce aux relations commerciales entretenues tant avec l’Orient qu'avec l’Occi<strong>de</strong>nt. Kaïkobad<br />

I er est le successeur <strong>de</strong> Kaï Khosraw, tué par Théodore Lascaris en 1210 (comme le raconte<br />

Théodore Ange Comnène dans le tableau 8). Le tableau se déroule à Konya en Anatolie,<br />

l’antique Iconium, capitale du sultanat seldjouci<strong>de</strong> <strong>de</strong> Roum. 188<br />

Du point <strong>de</strong> vue stylistique, ce tableau est unique dans le livre, et il n’en existe pas <strong>de</strong><br />

similaire à notre connaissance dans la littérature. Il juxtapose <strong>de</strong>ux dialogues, qu’on doit<br />

imaginer parallèles, au même endroit, dans les jardins <strong>de</strong> Meram. Seule différence : <strong>de</strong>ux<br />

personnages sont dans les jardins, et les <strong>de</strong>ux autres, sous les jardins. Dans ce tableau,<br />

Overhoff multiplie les symboles, à commencer par ces <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s, l’un en surface, où l’on<br />

enseigne la « magie blanche <strong>de</strong> la mystique » et l’autre souterrain, où l’on enseigne la « magie<br />

noire <strong>de</strong> la politique ». Overhoff indique dès le sous-titre (Deux initiations : a) en surface, à la<br />

magie blanche <strong>de</strong> la mystique, b) la souterraine, à la magie noire <strong>de</strong> gouverner) qu’une<br />

réalité peut avoir <strong>de</strong>ux visages.<br />

Ce tableau est bâti sur le principe <strong>de</strong> l’opposition. À un premier niveau, l’opposition<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tableaux présentés : la magie blanche <strong>de</strong> la mystique et la magie noire <strong>de</strong> la<br />

187 Les circonstances entourant la présence du prince David à Konya sont entourées <strong>de</strong> mystères. Overhoff<br />

présente le prince otage <strong>de</strong>s Seldjouci<strong>de</strong>s, aussi bien au tableau 12 qu’au tableau 24. C’est aussi ce que dit<br />

l’History of the nation of the archers (the Mongols) by Grigor of Akanc’ : “For at that time Lašēn the king of the<br />

Georgians has died, and had left one son, Dawit’ by name, And a daughter named Uŗuzuk’an (Rusudan). Dawit’<br />

had fallen into the hands of the sultan of Rum. He remained in prison and his sister Uŗuzuk’an held the kingdom<br />

un<strong>de</strong>r the guardianship of Iwvanē, who Was surnamed At’abak.” (History of the nation of the archers (the<br />

Mongols) by Grigor of Akanc’ (Hitherto ascribed to Magak’ia the monk. The armenian text edited with an<br />

english translation and notes by Robert P. Blake and Richard N. Frye, Cambridge, 1954, p. 293). Les traducteurs<br />

corrigent en note le texte original : “King George Lashen IV died in 1223 after the battle with the Mongols, and<br />

was succee<strong>de</strong>d by his sister Rusudan. David nephew of Rusudan and a competitor, was held a prisoner by Sultan<br />

of Rum at the instigation of Rusudan.” (Ibid., p. 385). Spuler présente une autre version <strong>de</strong>s faits, en se référant à<br />

Brosset : „Diesen letztgenannten David V. hatte bisher auf Betreiben Rusudans ihr Schwiergersohn, <strong>de</strong>r Rum-<br />

Sutlan Gijas ed-Din, längere (angeblich sieben) Jahre hindurch in einer Grube gefangen gehalten, nach<strong>de</strong>m zwei<br />

Befehle zu seiner Hinrichtung zufällig o<strong>de</strong>r absichtlich nicht vollstreckt wor<strong>de</strong>n waren.“ (Bertold Spuler : Die<br />

Mongolen in Iran, Ley<strong>de</strong>, 1985, p. 42). Roussoudan, selon Brosset, aurait envoyé son neveu David « secrètement<br />

à sa fille et à son gendre Gaïath-ed-Din, en Grèce, afin <strong>de</strong> le faire périr, et pour que son fils David n’eut pas<br />

l’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> partager avec lui la royauté. » (Marie-Félicité Brosset : Histoire <strong>de</strong> la Géorgie <strong>de</strong>puis l’antiquité<br />

jusqu’au XIX e siècle, vol. 1 : Histoire ancienne, jusque 1469 <strong>de</strong> J.-C. Traduite du géorgien par M. Brosset, St.<br />

Peterbourg, 1949, p. 508). Mais David fut traité honorablement à la cour, jusqu’à ce que Roussoudan l’accuse <strong>de</strong><br />

commerce coupable avec sa cousine, la femme du sultan. Jeté dans un puits sans lumière infesté <strong>de</strong> serpents,<br />

David survit malgré tout durant cinq ans. (Cf. ibid., pp. 524-527).<br />

188 Ainsi nommé parce qu’il était établi sur les terres <strong>de</strong> l’empire romain d’Orient, ce qui valut à Djelal-eddin son<br />

surnom <strong>de</strong> « Rumi », le Romain. Cf. Miguel Cruz Hernán<strong>de</strong>z : Histoire <strong>de</strong> la pensée en terre d’Islam, Paris,<br />

2005, p. 754.<br />

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