1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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de l’ouvrage de Friedrich et Buddruss, en particulier dans la description de l’initiation des chamans. 170 Ce tableau à caractère ésotérique fait pendant à la scène d’incantation (13) de la secte ismaélienne des Assassins (et dans une certaine mesure, au dernier tableau du roman, constituée de litanies hindouistes) et sert les mêmes motifs : se protéger, se défendre des Mongols. Les moyens mis en œuvre diffèrent en fonction de la spiritualité de la religion : là où la secte des Assassins formait – selon les rites qu’on lui attribue – une arme afin de détruire Gengis Khan, le chaman se sert de ses pouvoirs pour se protéger contre l’envahisseur. Cette dernière tactique est couronnée de succès au contraire de celle des Ismaéliens. La poursuite des Merkit dans les régions de la Sibérie septentrionale présentée dans ce tableau ne peut être datée avec précision, Gengis Khan ayant poursuivi durant des années ce peuple d’une haine qui ne fut assouvie qu’à son extermination complète. Mais cette poursuite telle qu’elle est décrite dans ce tableau ne peut avoir lieu dans l’espace de temps indiqué par Overhoff. La soumission des tribus mongoles en un empire mongol unifié est en effet bien antérieure aux années 20 du XIII e siècle. Gengis Khan ne se lança à la conquête de la Chine puis de l’Islam qu’une fois la stabilité assurée dans la steppe. Ce tableau se situe donc au plus tard dans les dix premières années du XIII e siècle. Au point de vue géographique également on peut remarquer une anomalie. S’il est vrai que les Toungouses vivaient au nord de la Sibérie, il n’est indiqué dans aucune source que les Merkit trouvèrent refuge auprès d’eux, comme ils le firent avec d’autres tribus, comme les Naiman. Le territoire habité par les peuples toungouses ne fut pas conquis par les Mongols, et il n’est aucune source consignant une volonté de conquête dans cette région de leur part. 171 Les frontières de l’empire mongol se situaient au nord du lac Baïkhal, bien au sud des territoires où vivaient les peuples 170 Comparaison entre le texte d’Overhoff et celui de Friedrich et Buddruss : Overhoff : „Dennoch sind wir stärker, wir, die wenigen Tungusen. Das kann sein, weil unser großer, schwarzer Schamane gezaubert hat. Als er Schamane wurde, kochten seine Vorfahren, die alle Schamanen waren, sein Fleisch. Vier Spieße wurden voll davon. Derweil lag er steif auf dem Rücken, die Arme platt zur Seite gestreckt, der Körper bog sich nicht mehr. Als sein Fleisch gar war, setzten ihn die Vorfahren wieder zusammen. Da fuhr der Geist in ihn. Seitdem ist er der größte aller Schamanen.“ (Le Monde avec Gengis Khan, pp. 239-240) ; Friedrich et Buddruss : „Wenn die Belehrung beendet ist, dann kochen sie sein Fleisch, damit er reif werde. In alter Zeit kochten sie alle Schamanen, damit diese das schamanische Grundwissen lernten.“ p. 209 ; „Beide Arme liegen platt zur Seite gestreckt, der Körper biegt sich nicht mehr und wird wie ein Stock.“ p. 210 ; „Ein Mensch kann nicht Schamane werden, wenn es in seiner Sippe keine Schamanen gibt. Nur derjenige empfängt die Gabe des Schamanisierens, der in der Vergangenheit Schamanen-Vorfahren hat, die von Generation zu Generation weitergehen“ p. 211 ; „Die tungusischen Schamanen zerhauen die Geister verstobener Schamanen irgendwo oben in kleine Stückchen. Dann ziehen sie die zerschnittenen Teile des Schamanen auf Spieße. Man sagt vom Fleische eines guten Schamanen werden vier Spieße voll.“ p. 213. (Cf. Adolf Friedrich/Georg Buddruß : Schamanengeschichten aus Sibirien, Munich, 1955). 171 Sous la poussée de tribus fuyant les Mongols, les Toungouses furent repoussés dans le bassin de la Lena. Cf. : ibid., p. 17. 227

toungouses. Une défaite des Mongols confrontés au chamanisme toungouse n’est attestée nulle part non plus. 21 Route à l’est d’Hérat, le long du lit d’un fleuve asséché Sous-titre : Le fantassin en ami de Dieu Exergue : Des parois rocheuses abruptes, quelques euphorbies échevelés. Sous un arbuste à épines se trouve Toktamich le grand, fantassin sans emploi. Il se fait un bandage au pied. Monologue d’un mercenaire construit sur plusieurs niveaux. Seul, le personnage se parle à lui-même, ou apostrophe familièrement Dieu, pour qu’il lui indique la voie à suivre. Lorsque surviennent de nouveaux personnages s’établit un dialogue uniquement rendu par les paroles du fantassin. Il s’agit ici d’une véritable scène d’action, qui raconte les rencontres du personnage errant, que celui-ci commente au fur et à mesure qu’elles se déroulent. Le procédé de ce tableau est à rapprocher de celui du tableau 12, qui est un dialogue d’action. Éléments de datation Le tableau se situe entre la prise de Nichapour en 1221 et celle de Ghazni en 1222. « Dieu, envoie-moi un signe clair ou un boulanger !» 172 Quelques formules de ce style 173 confèrent au tableau un aspect humoristique en décalage avec la situation vécue par le personnage. Blessé, affamé, rescapé de la bataille de Nichapour, où il combattait dans les troupes du chah, Toktamich se trouve à un croisement dans sa vie. Il hésite sur le chemin à suivre, au sens figuré comme au sens propre. Doit-il continuer sa route et se rendre à Ghazni, encore très éloignée, et rejoindre l’armée de Djelâl ed-Dîn, le fils de Mohammed, ou doit-il faire demi-tour et aller à la rencontre des bandes de Mongols qui sillonnent la région à la recherche de Djelâl ed-Dîn, en espérant qu’ils l’épargneront et l’incorporeront ? Il ne sait où se trouve son salut et attend que Dieu lui envoie un signe. Il se présente sous la forme de deux passants, un derviche favorable à la dynastie du Chah, suivi d’un noble perse, satisfait de la défaite de Mohammed l’usurpateur. Toktamich conclut : « Le premier passant m’indiquait d’aller à Ghazni, retrouver Djelâl ed-Dîn, vers l’est, le second de me diriger vers l’ouest, où se trouvent les Mongols, chez Gengis Khan. » 174 Dieu lui-même est perplexe. Le discours de Toktamich est entremêlé de citations légèrement modifiées tirées de l’œuvre d’Ibn ar 172 „Gott, schicke mir ein deutliches Zeichen oder einen Bäcker!“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 253). 173 Autre formule remplie d’humour : „Die suchen den Prinzen Dschelal ed-Din. Gefunden haben sie den Fußlappen Tochtamyschs des Langen. “ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 256). 174 „Wies der erste Passant auf Gazni, auf Dschelal ed-Din, nach Osten, so der zweite nach Westen zu den Mongolen, zu Dschingiz-Khan.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 255). 228

toungouses. Une défaite <strong>de</strong>s Mongols confrontés au chamanisme toungouse n’est attestée<br />

nulle part non plus.<br />

21 Route à l’est d’Hérat, le long du lit d’un fleuve asséché<br />

Sous-titre : Le fantassin en ami <strong>de</strong> Dieu<br />

Exergue : Des parois rocheuses abruptes, quelques euphorbies échevelés. Sous un arbuste à<br />

épines se trouve Toktamich le grand, fantassin sans emploi. Il se fait un bandage<br />

au pied.<br />

Monologue d’un mercenaire construit sur plusieurs niveaux. Seul, le personnage se<br />

parle à lui-même, ou apostrophe familièrement Dieu, pour qu’il lui indique la voie à suivre.<br />

Lorsque surviennent <strong>de</strong> nouveaux personnages s’établit un dialogue uniquement rendu par les<br />

paroles du fantassin. Il s’agit ici d’une véritable scène d’action, qui raconte les rencontres du<br />

personnage errant, que celui-ci commente au fur et à mesure qu’elles se déroulent. Le procédé<br />

<strong>de</strong> ce tableau est à rapprocher <strong>de</strong> celui du tableau 12, qui est un dialogue d’action.<br />

Éléments <strong>de</strong> datation<br />

Le tableau se situe entre la prise <strong>de</strong> Nichapour en 1221 et celle <strong>de</strong> Ghazni en 1222.<br />

« Dieu, envoie-moi un signe clair ou un boulanger !» 172 Quelques formules <strong>de</strong> ce<br />

style 173 confèrent au tableau un aspect humoristique en décalage avec la situation vécue par le<br />

personnage. Blessé, affamé, rescapé <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Nichapour, où il combattait dans les<br />

troupes du chah, Toktamich se trouve à un croisement dans sa vie. Il hésite sur le chemin à<br />

suivre, au sens figuré comme au sens propre. Doit-il continuer sa route et se rendre à Ghazni,<br />

encore très éloignée, et rejoindre l’armée <strong>de</strong> Djelâl ed-Dîn, le fils <strong>de</strong> Mohammed, ou doit-il<br />

faire <strong>de</strong>mi-tour et aller à la rencontre <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Mongols qui sillonnent la région à la<br />

recherche <strong>de</strong> Djelâl ed-Dîn, en espérant qu’ils l’épargneront et l’incorporeront ? Il ne sait où<br />

se trouve son salut et attend que Dieu lui envoie un signe. Il se présente sous la forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

passants, un <strong>de</strong>rviche favorable à la dynastie du Chah, suivi d’un noble perse, satisfait <strong>de</strong> la<br />

défaite <strong>de</strong> Mohammed l’usurpateur. Toktamich conclut : « Le premier passant m’indiquait<br />

d’aller à Ghazni, retrouver Djelâl ed-Dîn, vers l’est, le second <strong>de</strong> me diriger vers l’ouest, où se<br />

trouvent les Mongols, chez Gengis Khan. » 174 Dieu lui-même est perplexe. Le discours <strong>de</strong><br />

Toktamich est entremêlé <strong>de</strong> citations légèrement modifiées tirées <strong>de</strong> l’œuvre d’Ibn ar<br />

172 „Gott, schicke mir ein <strong>de</strong>utliches Zeichen o<strong>de</strong>r einen Bäcker!“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 253).<br />

173 Autre formule remplie d’humour : „Die suchen <strong>de</strong>n Prinzen Dschelal ed-Din. Gefun<strong>de</strong>n haben sie <strong>de</strong>n<br />

Fußlappen Tochtamyschs <strong>de</strong>s Langen. “ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 256).<br />

174 „Wies <strong>de</strong>r erste Passant auf Gazni, auf Dschelal ed-Din, nach Osten, so <strong>de</strong>r zweite nach Westen zu <strong>de</strong>n<br />

Mongolen, zu Dschingiz-Khan.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 255).<br />

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