1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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a une vison sur la durée. Il est préoccupé avant tout par la grandeur de la République vénitienne, dont il veut assurer la pérennité. Or, la cité lacustre est trop excentrée au sein de ses nombreuses colonies pour pouvoir en assurer une protection efficace. Il convient de se donner les meilleures chances face aux autres cités-États, dont le jeu des alliances constitue une menace constante. Contarini, lui, considère la proposition en juriste, évaluant les possibilités ou difficultés du point de vue juridique et diplomatique ; il évalue les conséquences d’un refus de la part du conseil. Voyant dans cet acte une logique conséquence de la politique coloniale de Venise, dont le pouvoir politique est d’ores et déjà représenté dans chacune possession et en particulier à Byzance, dont la République administre déjà le plus grand quartier, il pèse le pour et le contre d’un œil neutre, dégagé de toute affectation. Le troisième conseiller, Morosini, derrière l’idéalisme qu’il professe – la gloire de Venise – a des intérêts à Byzance, dont son oncle est le podestat. Du côté de ceux qui s’opposent à cette décision, se trouve en premier lieu Falier. Il est certes l’opposant le plus virulent à ce projet, mais non point le plus dangereux. Il réfute les arguments du Doge dans un discours dénué d’argumentation sérieuse et empreint d’une rhétorique démagogue propre à haranguer les foules, comme le fait remarquer Contarini. S’appuyant sur un patriotisme de circonstance, car il se refuse à lâcher la proie pour l’ombre, il brosse un tableau apocalyptique d’une Venise dépouillée de son pouvoir politique. Caravello est le seul qui invoque les Mongols pour expliquer son refus de transfert du pouvoir à Byzance. D’un point de vue stratégique, la situation de Venise lui parait plus sûre, c’est elle qui l’a préservée dans le passé des attaques des Huns. Caravello représente l’investisseur prudent, qui veut savoir son argent en sécurité. Le dernier conseiller, Tiepolo, qui succéda à Ziani aux fonctions de Doge (1229-1249), sous l’aspect d’un refus fondé sur des préoccupations pusillanimes est l’adversaire le plus redoutable du Doge, qu’il est prêt à affronter. Il a déjà manigancé des appuis pour s’opposer par la force au projet de Ziani. Audelà de leur divergence d’opinion sur le sujet en question, c’est d’une lutte pour le pouvoir dont il s’agit entre les deux hommes. 12 Bataille dans la plaine de Tiflis Exergue : Deux Géorgiens s’enfuient au galop. Le jeune, l’ancien Dialogue d’action mettant en scène deux chevaliers géorgiens fuyant après la bataille de Tiflis 211
Éléments de datation La bataille de Tiflis eut lieu en 1221 (février). 110 Le plus âgé des deux cavaliers pourrait être le connétable Jean ou Iwané de Géorgie. Le jeune cavalier lui dit : « Tu es un homme d’État, tu es important pour la Géorgie ». 111 Il est possible que la famille du connétable, « qui possédait la plus grande partie du pays situé entre le Kour et l’Araxe » 112 ait appartenu à la lignée des Bagratide ou Bagration (« Tu es un Bagration », lui dit son compagnon). 113 Overhoff s’est inspiré pour ce tableau de plusieurs passages tirés de l’History of the nation of the archers (the Mongols) by Grigor of Akanc’ datant de la fin du XIII e siècle, traduite par Robert P. Blake et Richard N. Frye, qu’il cite dans sa postface et qu’on retrouve dans la bibliographie établie par ses soins. L’un des personnages du tableau rapporte qu’il a vu le cheval du roi Georges Lascha s’écrouler lors de la bataille comme si on lui avait coupé les jarrets, ce à quoi le second cavalier accuse l’écuyer musulman du roi de trahison. 114 On trouve le même épisode dans l’History of the nation of the archers, se déroulant lors de la première bataille entre Géorgiens et Mongols, mais rapportée au connétable Iwané. 115 La description que dresse le cavalier géorgien de son adversaire mongol, faite de comparaisons avec des animaux, 116 est la traduction de celle qu’on trouve dans dans l’History of the nation of the archers (the Mongols) by Grigor of Akanc’. 117 On retrouvera ce même 110 René Grousset, L’Empire des steppes, Paris, 1939, p. 307. 111 „Du bist ein Staatsmann und wichtig für Georgien.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 149). 112 François René Rohrbacher : Histoire universelle de l’église catholique, vol. 17, Paris, 1858, p. 647. 113 „Du bist ein Bagration.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p.152). 114 „Der Hengst brach nieder, als hätte ihm einer die Fesseln durchgeschnitten.“ – „Verrat, der Stallmeister. Ich habe diesem Ungläubigen nie getraut.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 144). 115 “When the battle was joined, at this instant, by the scheming of Satan who was always against the truth, the chief of the Manasa stable, Hamidawla by name, because of some rancor, hamstrung the horse of the At’abak Iwvanē.” (History of the nation of the archers (the Mongols) by Grigor of Akanc’. Hitherto ascribed to Magak’ia the monk. The armenian text edited with an english translation and notes by Robert P. Blake and Richard N. Frye, Cambridge, 1954, p. 293). On trouve cette anecdote relatée chez Dulaurier, qui raconte que le roi Lascha dut fuir les Mongols avec le connétable : « Un chef ayant coupé les jarrets du cheval de ce dernier [Ivanê], il resta sans monture. » Édouard Dulaurier : Les Mongols, d’après les historiens arméniens. Fragments traduits sur les textes originaux, in : Journal asiatique, octobre-novembre 1860, p. 278. 116 „Häßlich war er, wie alle seiner Rasse, mit seinem Ochsenschädel, seinen Kükenaugen, der Katzenstumpfnase, den engen Ameisenlenden, den kurzen Schweinsbeinen. Immer noch stieß die bartlose Fratze das Schlachtgeschrei aus wie ein heiserer Adler.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 147). 117 “They Were terrible to look at and indescribable, with large heads like a Buffalo’s, narrow eyes like a fledgling’s, a snub nose like a cat’s Projecting snouts like a dog’s, narrow loins an ant’s, short legs like a hog’s, and by nature with no beards at all. Whit a lion’s strength they have voices more shrill than an eagle.” (History of the nation of the archers (the Mongols) by Grigor of Akanc’. Hitherto ascribed to Magak’ia the monk. The armenian text edited with an english translation and notes by Robert P. Blake and Richard N. Frye, Cambridge, 1954, p. 295). 212
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intérêts à Byzance, dont son oncle est le po<strong>de</strong>stat.<br />
Du côté <strong>de</strong> ceux qui s’opposent à cette décision, se trouve en premier lieu Falier. Il est<br />
certes l’opposant le plus virulent à ce projet, mais non point le plus dangereux. Il réfute les<br />
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S’appuyant sur un patriotisme <strong>de</strong> circonstance, car il se refuse à lâcher la proie pour l’ombre,<br />
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Ziani aux fonctions <strong>de</strong> Doge (1229-1249), sous l’aspect d’un refus fondé sur <strong>de</strong>s<br />
préoccupations pusillanimes est l’adversaire le plus redoutable du Doge, qu’il est prêt à<br />
affronter. Il a déjà manigancé <strong>de</strong>s appuis pour s’opposer par la force au projet <strong>de</strong> Ziani. Au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> leur divergence d’opinion sur le sujet en question, c’est d’une lutte pour le pouvoir<br />
dont il s’agit entre les <strong>de</strong>ux hommes.<br />
12 Bataille dans la plaine <strong>de</strong> Tiflis<br />
Exergue : Deux Géorgiens s’enfuient au galop. Le jeune, l’ancien<br />
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