1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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Ce tableau se déroule donc avant la bataille de la Kalka, nom du fleuve qui se jette dans la mer d’Azov, qui se déroula le 31 mai 1223. La bataille du fleuve de la Kalka fut le premier engagement militaire entre les armées mongoles de Genghis Khan et le monde russe, c’est-à-dire occidental. Les forces coalisées furent écrasées. Retranché sur une colline, Mstislav, le grand-prince de Kiev, résista encore avec ses hommes et capitula début juin avec la promesse des Mongols de libérer les vaincus contre rançon. Les Mongols le saisirent et le ligotèrent sous les planches qui leur servaient de siège. Il mourut écrasé. Emannuel Berl résume ainsi la situation : « Les Mongols broyèrent l’armée russo-turque. Aux Russes, ils refusèrent tout quartier : qu’avaient-ils à s’immiscer dans le conflit des nations turques ? Les têtes russes coupées servirent de soubassement au plancher sur lequel les officiers mongols dansèrent. » 90 Certains contemporains d’Overhoff plaçaient cette bataille un an plus tôt, le 31 mai 1222. C’est la date que l’on retrouve chez Grousset, aussi bien dans L’Empire des steppes 91 que dans Le Conquérant du monde. 92 Bertold Spuler indique le 16 mai 1223, en se référant aux chroniques d’Ibn al-Atir et Rasid od-Din. 93 Overhoff indique 1222 sur la carte jointe au livre et portant les dates des batailles mongoles, mais sur le tableau chronologique également joint au livre, il porte la date de 1223 pour la bataille de Kalka, tout comme dans l’évocation de la bataille dans l’avant-propos du roman. 94 Perception des Mongols Overhoff a représenté ici l’un des effets de la tactique de terreur pratiquée par les Mongols. La description qui en est faite, semblable dans ses grands traits à celle du croisé du tableau 5 (apparition soudaine d’un peuple inconnu et cruel) s’en différencie par la symbolique apocalyptique dont elle est empreinte. Les Mongols sont assimilés à des craintes liées au Jugement dernier et à la fin du monde. 95 Il est ici pour la première fois question d’un rapport direct avec les Mongols, sous forme d’offre de paix des Mongols si les Russes leur livrent les Kiptchak. 96 90 Emmanuel Berl : Histoire de l’Europe, Paris, 1945, tome 1, p 207. 91 René Grousset : L’Empire des steppes, Paris, 1939, p. 308. 92 René Grousset : Le Conquérant du monde. Vie de Gengis Khan, Paris, 1944, p. 345. 93 Bertold Spuler : Die Mongolen in Iran, Leyde, 1985, p. 25. 94 „Die Schlacht an der Kalka gegen die Russen 1223“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 28). 95 „Es ist eine schreckliche Kunde zu uns gedrungen von einem fremden Volk, das heranzieht, nur Gott kennt seinen Ursprung. Treulos und grausam wollen diese Mongolen die Welt, so scheint es, in die Einöde vor dem letzten Gericht verwandeln, und vielleicht ist das Ende der Zeiten gekommen.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 110). 96 „Diese Mongolen haben uns durch Gesandte Frieden bieten lassen. Nur den Polowzern oder Kumanen gelte ihr Zorn, denn jene seien nichts als ihre entlaufenen Troßbuben und Knechte, so geht ihre Botschaft. Ausliefern 207

Ce tableau représente une suite et comme une réponse au tableau précédent. On y voit le destin de ceux qui s’allient avec les Mongols (les Kiptchak) pour combattre leurs propres ennemis, comme veut le faire Théodore Ange au tableau précédent. Mais on y voit aussi que l’affrontement direct mène à l’anéantissement. 10 Liegnitz, Silésie Sous-titre : Un parti conservateur se constitue Exergue : Banquet à la citadelle. Le comte Henri, le bailli et les grands du duché le président. Tables richement décorées, hures de sangliers, de cerfs et de bisons en décoration, magnifiquement préparées. Beaucoup de viandes et de volailles, pas de légumes, des pots de gruau, des cruches de bière, dont on se ressert souvent. À l’autre bout de la table, un ministérial allemand et un polonais, plongés dans une conversation animée. Dialogue entre deux ministériaux, 97 sans action Éléments de datation L’indication chronologique précise est livrée avec l’évocation de l’expulsion des Chevaliers teutoniques hors de Transylvanie par le roi André II de Hongrie, qui eut lieu en 1225. D’autres indications nous renseignent aussi : les Mongols sont arrivés à proximité des territoires russes, le tableau a donc lieu après la chevauchée de Djébé et Subotaï en 1223 et après la bataille sur la Kalka. Overhoff a donné, avec Liegnitz, un cadre hautement symbolique à ce tableau (la victoire des Mongols en 1241 sur les armées polonaises et allemandes). Le caractère profane de celui-ci en est accentué. Deux ministériaux, l’un allemand, l’autre polonais, et tous deux passablement éméchés, 98 s’entretiennent lors d’un banquet donné par le duc Henri I er le Barbu, (1170-1238), duc de Silésie en 1201, dont le fils Henri le Pieux tombera à la bataille de Liegnitz. Perception des Mongols Une rumeur concernant les Mongols est évoquée par les deux hommes, qui expliquerait leur venue en Europe : ils voudraient s’emparer des reliques des rois mages sollten wir die Flüchtigen, dann wäre unser Land vor den Schrecken des Krieges bewahrt.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 111). 97 Officiers au service du roi, du prince ou du seigneur, dont le statut varie entre l’aristocratie de service et une catégorie servile. Cf : De la Meuse à l’Oder. L’Allemagne au XIII e siècle. Sous la direction de Michel Parisse, Paris, 1994, p. 115. 98 Le nombre de tableaux où l’alcool joue un rôle important est d’ailleurs élevé : 1, 5, 8, 10, 15, 19. 208

Ce tableau se déroule donc avant la bataille <strong>de</strong> la Kalka, nom du fleuve qui se jette<br />

dans la mer d’Azov, qui se déroula le 31 mai 1223. La bataille du fleuve <strong>de</strong> la Kalka fut le<br />

premier engagement militaire entre les armées mongoles <strong>de</strong> Genghis Khan et le mon<strong>de</strong> russe,<br />

c’est-à-dire occi<strong>de</strong>ntal. Les forces coalisées furent écrasées. Retranché sur une colline,<br />

Mstislav, le grand-prince <strong>de</strong> Kiev, résista encore avec ses hommes et capitula début juin avec<br />

la promesse <strong>de</strong>s Mongols <strong>de</strong> libérer les vaincus contre rançon. Les Mongols le saisirent et le<br />

ligotèrent sous les planches qui leur servaient <strong>de</strong> siège. Il mourut écrasé. Emannuel Berl<br />

résume ainsi la situation : « Les Mongols broyèrent l’armée russo-turque. Aux Russes, ils<br />

refusèrent tout quartier : qu’avaient-ils à s’immiscer dans le conflit <strong>de</strong>s nations turques ? Les<br />

têtes russes coupées servirent <strong>de</strong> soubassement au plancher sur lequel les officiers mongols<br />

dansèrent. » 90<br />

Certains contemporains d’Overhoff plaçaient cette bataille un an plus tôt, le 31 mai<br />

1222. C’est la date que l’on retrouve chez Grousset, aussi bien dans L’Empire <strong>de</strong>s steppes 91<br />

que dans Le Conquérant du mon<strong>de</strong>. 92 Bertold Spuler indique le 16 mai 1223, en se référant<br />

aux chroniques d’Ibn al-Atir et Rasid od-Din. 93 Overhoff indique 1222 sur la carte jointe au<br />

livre et portant les dates <strong>de</strong>s batailles mongoles, mais sur le tableau chronologique également<br />

joint au livre, il porte la date <strong>de</strong> 1223 pour la bataille <strong>de</strong> Kalka, tout comme dans l’évocation<br />

<strong>de</strong> la bataille dans l’avant-propos du roman. 94<br />

Perception <strong>de</strong>s Mongols<br />

Overhoff a représenté ici l’un <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> la tactique <strong>de</strong> terreur pratiquée par les<br />

Mongols. La <strong>de</strong>scription qui en est faite, semblable dans ses grands traits à celle du croisé du<br />

tableau 5 (apparition soudaine d’un peuple inconnu et cruel) s’en différencie par la<br />

symbolique apocalyptique dont elle est empreinte. Les Mongols sont assimilés à <strong>de</strong>s craintes<br />

liées au Jugement <strong>de</strong>rnier et à la fin du mon<strong>de</strong>. 95 Il est ici pour la première fois question d’un<br />

rapport direct avec les Mongols, sous forme d’offre <strong>de</strong> paix <strong>de</strong>s Mongols si les Russes leur<br />

livrent les Kiptchak. 96<br />

90 Emmanuel Berl : Histoire <strong>de</strong> l’Europe, Paris, 1945, tome 1, p 207.<br />

91 René Grousset : L’Empire <strong>de</strong>s steppes, Paris, 1939, p. 308.<br />

92 René Grousset : Le Conquérant du mon<strong>de</strong>. Vie <strong>de</strong> Gengis Khan, Paris, 1944, p. 345.<br />

93 Bertold Spuler : Die Mongolen in Iran, Ley<strong>de</strong>, 1985, p. 25.<br />

94 „Die Schlacht an <strong>de</strong>r Kalka gegen die Russen 1223“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p. 28).<br />

95 „Es ist eine schreckliche Kun<strong>de</strong> zu uns gedrungen von einem frem<strong>de</strong>n Volk, das heranzieht, nur Gott kennt<br />

seinen Ursprung. Treulos und grausam wollen diese Mongolen die Welt, so scheint es, in die Einö<strong>de</strong> vor <strong>de</strong>m<br />

letzten Gericht verwan<strong>de</strong>ln, und vielleicht ist das En<strong>de</strong> <strong>de</strong>r Zeiten gekommen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p.<br />

110).<br />

96 „Diese Mongolen haben uns durch Gesandte Frie<strong>de</strong>n bieten lassen. Nur <strong>de</strong>n Polowzern o<strong>de</strong>r Kumanen gelte<br />

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