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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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Perception <strong>de</strong>s Mongols<br />

Théodore Ange Comnène a une tout autre vision <strong>de</strong>s Mongols qu’El-Kamel dans le<br />

tableau précé<strong>de</strong>nt. Sa position est elle aussi tout autre. Si El-Kamel doit défendre les<br />

territoires <strong>de</strong> son sultanat, Théodore Ange doit, lui, commencer par les conquérir sur son<br />

adversaire grec Théodore Lascaris et ses ennemis latins <strong>de</strong> l’empire latin <strong>de</strong> Constantinople.<br />

Dans ce tableau, le personnage en quête <strong>de</strong> pouvoir évoque toutes les pièces <strong>de</strong> l’échiquier<br />

byzantin. Théodore Ange Comnène est un homme fier – en lui coule le sang <strong>de</strong> trois lignées<br />

impériales, les Ange, les Comnène et les Doukas, il se compare à Dandolo et à Gengis Khan –<br />

et avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> pouvoir, prêt à tout pour accé<strong>de</strong>r au trône impérial. Il n’a pas reculé <strong>de</strong>vant<br />

l’assassinat <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Courtenay venu à Constantinople pour se faire couronner empereur<br />

<strong>de</strong> l’empire latin <strong>de</strong> Constantinople, 85 et, dans la ligne <strong>de</strong> cette politique, ne reculera pas<br />

<strong>de</strong>vant une alliance avec les Mongols pour parvenir à ses fins. 86 Les Mongols sont présentés<br />

comme la pièce maîtresse <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> Théodore, comme sa botte secrète. Mais s’ils<br />

apparaissent indispensables à Théodore pour parvenir à ses fins, il ne les considère que<br />

comme <strong>de</strong>s alliés temporaires, auxquels il est prêt à faire allégeance. La fin justifie les<br />

moyens. Chacun pourrait appeler les Mongols à leur rescousse, afin <strong>de</strong> faire table rase. 87<br />

En <strong>de</strong>hors d’une présentation <strong>de</strong> la situation complexe dans cette région du mon<strong>de</strong>,<br />

Overhoff présente pour la première fois les Mongols recherchés comme alliés par une<br />

puissance occi<strong>de</strong>ntale, à <strong>de</strong>s seules fins personnelles, pour éliminer un ennemi (Théodore<br />

Lascaris). Théodore Ange Comnène parviendra certes à prendre Thessalonique et à s’y faire<br />

couronner empereur, la couronne <strong>de</strong> Constantinople ne sera pas pour autant sienne. Il sera<br />

finalement vaincu par les successeurs <strong>de</strong> Théodore Lascaris, et mourra en prison en 1254.<br />

Théodore Ange Comnène évoque ici ce qui fera l’objet du tableau 11 (Venise) : « Il<br />

parait qu’ils veulent à présent transférer la rési<strong>de</strong>nce du Doge à Byzance. » 88<br />

85 Le 16 juin 1216 mourut sans postérité Henri <strong>de</strong> Hainaut, second empereur latin <strong>de</strong> Constantinople. Les barons<br />

<strong>de</strong> l’empire proposèrent alors le trône à son neveu André II <strong>de</strong> Hongrie, qui refusa, puis à Pierre <strong>de</strong> Courtenay,<br />

beau-frère du défunt empereur, qui l’accepta. Il se rendit à Brindisi pour embarquer vers son empire et assiégea<br />

Duras, pendant que sa femme se rendait directement à Constantinople. Ayant échoué à prendre la ville, il se<br />

rendit par la voie terrestre à Salonique. Il fut attaqué par Théodore Ange Doukas Comnène, qui le fit prisonnier.<br />

Il resta emprisonné jusqu’à sa mort, laquelle fut annoncée en 1219.<br />

86 „So wer<strong>de</strong> ich die Mongolen rufen. […] Einer mehr ins Spiel, <strong>de</strong>r mit <strong>de</strong>n an<strong>de</strong>rn aufräumt o<strong>de</strong>r von ihnen<br />

ausgewichtet wird: Bulgaren und Seldschuken, Normannen und Venezianer, Mohammedaner und Franken – nun<br />

die Mongolen, wohlan! […] Für wenige Zuge setzten wir <strong>de</strong>n neuen Stein aufs Brett, <strong>de</strong>r da heißt Dschingiz-<br />

Chan.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 107).<br />

87 „Noch viele wer<strong>de</strong>n die Mongolen rufen. Die wie Theodor Laskaris und ich Nabe an Nabe laufen. Alle, die<br />

das gespannte Heute nicht mehr aushalten, die lieber irgend ein Morgen wollen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan,<br />

p. 108).<br />

88 „Jetzt wollen sie angeblich die Resi<strong>de</strong>nz ihres Dogen nach Byzanz verlegen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p.<br />

103).<br />

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