1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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Musulmans de se défendre et d’offrir un rempart à la Chrétienté face aux forces mongoles. 79 Il serait vain de penser que l’offensive mongole s’arrête à la Méditerranée, si les Musulmans étaient vaincus. El-Kamel démontre que ce calcul des Chrétiens de laisser les Mongols éliminer leur adversaire finirait à leurs dépens. 80 C’est dans le cadre de cette politique que s’inscrit la décision magnanime du sultan de laisser les croisés quitter l’Egypte. 81 On voit donc ici comment la présence mongole a pour la première fois influencé la politique mondiale. 8 Les ruines de l’empire byzantin Sous-titre : Un capitaine de corps francs s’essaie au rôle d’empereur Exergue : Paysage de montagne sauvage du nord de la Grèce, à minuit ; le despote Théodore Ange Doukas Comnène, en armure, traîne par la barbe le pope du village qui hurle dans l’auberge déserte, le jette sur un banc et pousse une table devant lui. Tableau dans lequel seul Théodore Ange Comnène parle, les paroles de son interlocuteur ne sont pas restituées. Premier monologue scénique du roman, où dès les premiers mots apparaît la différence par rapport aux monologues de récit, par le ton injurieux employé et par la violence qui est y contenue, empreinte de menaces. 82 Le monologue de Théodore Ange Comnène est interrompu régulièrement par des insultes et des injonctions au pope apeuré. 83 Il y a donc ici une mise en scène, avec des acteurs auxquels Overhoff donne vie en les faisant agir, bouger. Tout le côté statique des monologues de récit disparaît ici. Les personnages en sont rendus plus vivants. 79 „Die islamischen Fürsten vermögen den Kampf gegen die Mongolen nur dann mit Aussicht auf Erfolg zu führen, wenn der Druck der Franken an der syrischen Küste aussetzt.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 93). 80 „Es wäre, wie Deine Weisheit einsehen wird, ein leichtfertiges Gedankenspiel, darauf zu hoffen, die Mongolen würden den Islam überrennen und somit den Christen helfen. […] Gelänge es nämlich den Mongolen, Uns zu besiegen, was der Allmächtige, Allgerechte und Allgütige verhüten möge, dann stünde ihnen der Weg nach Rom offen, und kein schwergepanzertes Ritterheer würde ihren Sturm aufhalten.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 93). 81 „Wir Fürsten des Ostens haben Uns nunmehr mit Plänen zu beschäftigen, wie wir der mongolischen Heimsuchung entgegentreten können, falls die Flut nicht von selber zurücktritt, und auch Ihr im Westen werdet guttun, auf Unsere Worte zu hören. Wir verheimlichen Dir nicht, daß Unser mildes Verfahren gegen Pelagius bereits von diesen Plänen mitbestimmt ist.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 92). 82 „Da, sitz, Papas! Und halt dein Maul endlich, ich lasse dich nicht foltern. […] Du aber trink! Wenn du nicht trinkst und mir zuhörst die ganze Nacht, dann knüpfe ich dich eigenhändig an den Ast der Platane vor deinem Haus, daß dir die Katzen unter den Kittel gucken.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 97). 83 „Du riechst nicht nach Weihrauch und Myrrhen, mein Lieber, ich gehe das Fenster öffnen. […] Weg mit dem schwarzen Topfhut von deinem weißen Haupte, so! Kennst du Byzanz, die herrlichste der Städte? Armer Tropf, du weißt nicht, weshalb du dich auf der Erde herumtreibst. […] Trink doch, trink mit mir zum Gedächtnis von Byzanz! […] Da, wußte ich’s doch! Angekotzt den ehrwürdigen Bart und die schwarze Kutte! Was stinkt der Kerl, widerwärtig.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 98ff). 203

Éléments de datation Ce tableau est parsemé d’indications chronologiques qui permettent de le dater de 1222. C’est en effet cette année-là que mourut Théodore Lascaris, qui apparaît dans le tableau comme un rival bien vivant de Théodore Ange Comnène. C’est aussi l’année de la prise de Thessalonique par ce même Ange Comnène, qu’il est sur le point d’attaquer dans ce tableau. Le tableau 8 est intéressant par sa dimension militaire, mettant en scène une autorité politique, mais également en envisageant pour la première fois – et la seule fois de la part d’un monarque chrétien – une possibilité d’alliance et de soumission temporaire aux forces mongoles, afin d’assouvir sa soif de pouvoir. Un tel projet – même si Overhoff indique qu’il n’est pas établi de façon avérée – s’inscrit dans les troubles faisant suite à la prise de Constantinople en 1204 par les croisés menés par le doge Dandolo, qui donna naissance à une myriade d’États latins et grecs, se faisant mutuellement la guerre, mais opposés aussi aux Bulgares et aux Turcs. Ce sont des ruines en effet, tel que le rappelle le titre, qui restèrent après la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Les Grecs érigèrent alors trois États : l’Empire de Nicée, l’Empire de Trébizonde et le despotat d’Épire, où régnait Théodore Ange Comnène, qui avait succédé à son demi-frère Michel I er . Il parvint en 1222 à s’emparer de Thessalonique, aux mains des Latins. Théodore Lascaris, empereur de Nicée à qui il a pourtant prêté serment de fidélité, est son ennemi juré. Parmi la myriade de potentats locaux, il voit en Lascaris et lui-même les deux seuls capables de restituer sa grandeur à l’empire byzantin. 84 Sur cet échiquier vacillant, Théodore Ange Comnène essaie d’avancer ses pions. Au moment où se situe l’action de ce tableau, il a réussi à arracher des territoires aux Francs et est sur le point d’envahir Thessalonique. Il parviendra à conquérir complètement le royaume de Thessalonique en 1224 et eût peut-être atteint la consécration suprême, ceindre la couronne de l’empire redevenu byzantin, si les Bulgares ne l’avaient vaincu et fait prisonnier en 1230. Les ruines de l’empire byzantin sont à ce moment-là une zone de combats incessants entre Chrétiens et Musulmans. S’associer aux Mongols pour venir à bout de ces ennemis paraissait une tactique vouée au succès. Mais le lecteur sait que cette alliance ne se fera pas, que les Mongols n’emprunteront pas ce chemin pour leur avancée en Europe. 84 „Darum können nur wir das Reich retten, die Aristokraten. Und deshalb sind wir beide übrig geblieben von den vielen, die es gewagt haben, mein Freund Theodor Laskaris in Nicäa und ich, der Wolf von Epirus.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 99). 204

Éléments <strong>de</strong> datation<br />

Ce tableau est parsemé d’indications chronologiques qui permettent <strong>de</strong> le dater <strong>de</strong><br />

1222. C’est en effet cette année-là que mourut Théodore Lascaris, qui apparaît dans le tableau<br />

comme un rival bien vivant <strong>de</strong> Théodore Ange Comnène. C’est aussi l’année <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong><br />

Thessalonique par ce même Ange Comnène, qu’il est sur le point d’attaquer dans ce tableau.<br />

Le tableau 8 est intéressant par sa dimension militaire, mettant en scène une autorité<br />

politique, mais également en envisageant pour la première fois – et la seule fois <strong>de</strong> la part<br />

d’un monarque chrétien – une possibilité d’alliance et <strong>de</strong> soumission temporaire aux forces<br />

mongoles, afin d’assouvir sa soif <strong>de</strong> pouvoir. Un tel projet – même si Overhoff indique qu’il<br />

n’est pas établi <strong>de</strong> façon avérée – s’inscrit dans les troubles faisant suite à la prise <strong>de</strong><br />

Constantinople en 1204 par les croisés menés par le doge Dandolo, qui donna naissance à une<br />

myria<strong>de</strong> d’États latins et grecs, se faisant mutuellement la guerre, mais opposés aussi aux<br />

Bulgares et aux Turcs.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s ruines en effet, tel que le rappelle le titre, qui restèrent après la prise <strong>de</strong><br />

Constantinople par les croisés en 1204. Les Grecs érigèrent alors trois États : l’Empire <strong>de</strong><br />

Nicée, l’Empire <strong>de</strong> Trébizon<strong>de</strong> et le <strong>de</strong>spotat d’Épire, où régnait Théodore Ange Comnène,<br />

qui avait succédé à son <strong>de</strong>mi-frère Michel I er . Il parvint en 1222 à s’emparer <strong>de</strong><br />

Thessalonique, aux mains <strong>de</strong>s Latins. Théodore Lascaris, empereur <strong>de</strong> Nicée à qui il a<br />

pourtant prêté serment <strong>de</strong> fidélité, est son ennemi juré. Parmi la myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> potentats locaux,<br />

il voit en Lascaris et lui-même les <strong>de</strong>ux seuls capables <strong>de</strong> restituer sa gran<strong>de</strong>ur à l’empire<br />

byzantin. 84<br />

Sur cet échiquier vacillant, Théodore Ange Comnène essaie d’avancer ses pions. Au<br />

moment où se situe l’action <strong>de</strong> ce tableau, il a réussi à arracher <strong>de</strong>s territoires aux Francs et est<br />

sur le point d’envahir Thessalonique. Il parviendra à conquérir complètement le royaume <strong>de</strong><br />

Thessalonique en 1224 et eût peut-être atteint la consécration suprême, ceindre la couronne <strong>de</strong><br />

l’empire re<strong>de</strong>venu byzantin, si les Bulgares ne l’avaient vaincu et fait prisonnier en 1230.<br />

Les ruines <strong>de</strong> l’empire byzantin sont à ce moment-là une zone <strong>de</strong> combats incessants<br />

entre Chrétiens et Musulmans. S’associer aux Mongols pour venir à bout <strong>de</strong> ces ennemis<br />

paraissait une tactique vouée au succès. Mais le lecteur sait que cette alliance ne se fera pas,<br />

que les Mongols n’emprunteront pas ce chemin pour leur avancée en Europe.<br />

84 „Darum können nur wir das Reich retten, die Aristokraten. Und <strong>de</strong>shalb sind wir bei<strong>de</strong> übrig geblieben von<br />

<strong>de</strong>n vielen, die es gewagt haben, mein Freund Theodor Laskaris in Nicäa und ich, <strong>de</strong>r Wolf von Epirus.“ (Le<br />

Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 99).<br />

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