1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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Nous préparons nos sabres et lances [contre nos ennemis], cependant la Mort nous anéantit<br />
sans coup férir.<br />
Qui n’a aimé la vie, dans le passé ? Pourtant nul moyen <strong>de</strong> l’étreindre [éternellement].<br />
Et, en cette vie, la part <strong>de</strong> jouissance <strong>de</strong> celui que tu aimes n’a pas plus <strong>de</strong> réalité qu’en songe<br />
la possession <strong>de</strong> ce que tu vois. 44<br />
Les poèmes du troubadour musulman égalent aux yeux du Franc la poésie du sud <strong>de</strong><br />
l’Europe. Celle-ci est d’ailleurs en plein renouveau. Il évoque une nouvelle forme <strong>de</strong> poème<br />
qui vient <strong>de</strong> Palerme, composée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux strophes à quatre vers suivies <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux strophes à trois<br />
vers 45 ; claire allusion à la cour <strong>de</strong> Frédéric II, qui avait réuni autour <strong>de</strong> lui un cercle <strong>de</strong><br />
poètes, formant la « scuola siciliana », 46 à laquelle appartenaient Pierre <strong>de</strong> La Vigne, Giacomo<br />
da Lentini, Bonagiunta Orbicciani Da Lucca. On doit à ce cercle lyrique l’invention du<br />
sonnet. Giacomo da Lentini (1210-1260) en adoptant <strong>de</strong> nouvelles formes métriques en fut le<br />
précurseur. Parmi ses textes qui nous sont parvenus, se trouvent <strong>de</strong>s tenzones, formées <strong>de</strong><br />
plusieurs sonnets. De Bonagiunta Orbicciani Da Lucca, né en 1220 sont connus une vingtaine<br />
<strong>de</strong> sonnets, datés entre 1242 et 1257. 47<br />
Perception <strong>de</strong>s Mongols<br />
Les Mongols, vus <strong>de</strong> la Syrie, apparaissent pour la première fois sous un angle<br />
inquiétant, objets <strong>de</strong> préoccupations et <strong>de</strong> spéculations. S’ils ne sont pas considérés comme<br />
une menace directe, leur présence militaire est montrée comme un fait établi et fait l’objet <strong>de</strong><br />
questionnements : iront-ils attaquer les Russes ou le calife <strong>de</strong> Bagdad ? 48 Il n’est plus question<br />
ici d’utiliser la rumeur qui les entoure, mais <strong>de</strong> l’éventualité <strong>de</strong> les instrumentaliser euxmêmes.<br />
Certains croisés voient en eux <strong>de</strong>s alliés potentiels pour la lutte contre l’Islam, 49 ce<br />
que le narrateur juge erroné, présumant que Gengis Khan se retournerait contre les<br />
Occi<strong>de</strong>ntaux une fois la victoire sur l’Islam acquise. 50 La perception <strong>de</strong>s Mongols s’élargit à<br />
44 Traduction <strong>de</strong> Régis Blachère, in : ibid., p. 166.<br />
45 „[…] ein Gedicht aus Palermo, […] <strong>de</strong>ssen Reime waren, kunstvoll verschränkt, in vier Strophen geordnet,<br />
erst zwei zu vier, dann zwei zu drei Zeilen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 72).<br />
46 „In <strong>de</strong>r ersten Hälfte <strong>de</strong>s 13. Jahrhun<strong>de</strong>rts, kurz nach 1220 […] entstand am Hofe <strong>de</strong>s Suebenkaisers Friedrich<br />
II. von Sizilien die erste Dichterschule Italiens, die sogenannte Scuola siciliana.“ (Manfred Hardt : Geschichte<br />
<strong>de</strong>r italienischen Literatur, Francfort/M., 2003, p. 25).<br />
47 Cf. ibid., pp. 29-34. Overhoff parlait <strong>de</strong> l’invention du sonnet dans l’avant-propos du Mon<strong>de</strong> avec Gengis<br />
Khan. Dans les Inscriptions européennes il écrit : „Das Sonett tritt zuerst in <strong>de</strong>r sizilischen Dichterschule auf;<br />
weiter zurükliegen<strong>de</strong> Vorbil<strong>de</strong>r, etwa orientalische, haben sich bislang nicht feststellen lassen.“ (Inscriptions<br />
européennes, p. 169).<br />
48 „Und die Mongolen drohen im Rücken. […] Wir hören hier viel von <strong>de</strong>n Mongolen o<strong>de</strong>r Tartaren, wohl mehr<br />
als Ihr zu Hause; schnell fliegt im Morgenland eine Nachricht von Mund zu Mund, bald wer<strong>de</strong>n wir wissen, ob<br />
sie gegen die Russen reiten o<strong>de</strong>r gegen <strong>de</strong>n Kalifen in Baghdad.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 75).<br />
49 „Viele <strong>de</strong>r Barone sind voll Hoffnung <strong>de</strong>r Mongolen wegen, sie meinen, an ihnen einen Bun<strong>de</strong>sgenossen zu<br />
gewinnen, <strong>de</strong>r <strong>de</strong>n Feind überrennt. Einige sollen schon versucht haben, mit ihrem Häuptling Dschingiz-Chan<br />
Botschaft zu tauschen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 77).<br />
50 „Mir scheint solches Tun töricht und überständig. Denn Dschingiz-Chan wird nicht zögern, gegen uns zu<br />
ziehen, sobald er <strong>de</strong>r Moslims Herr gewor<strong>de</strong>n.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 78).<br />
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