1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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chancelier de France sous Louis VIII, auquel le cardinal d’Ostie ne saurait dire : « Je t’ordonne donc de prendre la place de confesseur du Dauphin. » 32 Ce tableau est très intéressant du point de vue du choix des acteurs et du contenu de la lettre. Overhoff a préféré faire intervenir non le pape Honorius III dont c’était alors le pontificat, il lui a préféré le cardinal d’Ostie, qui deviendra pape en 1227. Pourquoi ? La raison est sans doute à chercher dans la personnalité de ces deux hommes. Honorius III est considéré comme un pape bienveillant et faible, figure effacée entre les deux grands papes que furent son prédécesseur Innocent III et son successeur Grégoire IX. Le deuxième chapitre s’ouvre sur Rome, symbole du pouvoir spirituel. Dans ce tableau introductif sont présentés les différents courants qui traversent le siècle. Dans la lettre qu’il envoie à son « homologue » anonyme, le cardinal d’Ostie trace le tableau des puissances en présence en Occident et en Orient. C’est la scène d’exposition de la pièce qui est en train de se jouer en Europe et en Orient. Les positions de chacun sont expliquées, présentées, les événements importants sont évoqués dans leur signification pour le moment présent et pour les objectifs de l’Église (la chute de Constantinople, la victoire sur les hérétiques, la création des ordre mendiants, le couronnement de Frédéric II). Dans ce tableau, les jalons sont posés sur lesquels l’action des tableaux suivants pourra reposer. Y sont évoqués des éléments qui seront repris dans la suite des tableaux, formant ainsi une trame linéaire conférant un cadre au récit (par exemple l’incapacité du légat Pélage devant Damiette, la visite de saint François d’Assise au sultan El-Kamel). De quoi est-il question dans cette lettre ? Principalement de l’attitude que l’Église doit adopter face à l’hérésie, cathare en particulier. Le cardinal se pose en partisan d’une politique ferme face à ce péril. Dans ce tableau apparaît l’intransigeance du futur pape face à l’hérésie. Cela est d’autant plus significatif qu’il sera le fondateur de l’Inquisition, dont il chargea les Dominicains en 1231. Dans la lettre d’Overhoff, le cardinal se pose déjà en protecteur des ordres. Le cardinal énumère tous les dangers qui menacent l’Église : les adaptes de Pierre Valdes, car ils ne sont pas armés pour lutter contre le Mal ; les hérétiques (Cathares), car ils attirent les âmes simples. Les Cathares sont anéantis, mais le clergé ne peut se permettre de faiblesse ou de relâchement. 33 D’autre part, le pouvoir des cités-États d’Italie, qui ont de meilleures relations avec l’Orient que le Vatican, inquiète le cardinal. Gênes et Venise 32 „Ich befehle Dir also, die Stelle als Beichtvater des Dauphin anzunehmen.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 62). 33 „So wirst du mich nicht dahin bringen, beim Heiligen Vater Fürsprech der Provence zu werden. Nein, der weltliche Arm walte weiter seines Amtes mit Strenge, ja mit Härte!“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 61). 191
disposent, grâce à leurs comptoirs en Orient, de réseaux d’informations qui leur confèrent un pouvoir que n’a pas le Vatican ; le cardinal songe alors à utiliser les ordres mendiants qui viennent de se créer pour former ses propres réseaux. Les troubadours enfin, qui propagent le parjure et l’adultère, sont des maux à surveiller et éliminer. Le Vatican se bat pour la suprématie politique de l’Église, que lui disputent les détenteurs du pouvoir séculier. 34 C’est surtout Frédéric II qui représente un danger. Il s’oppose à l’Église et ne reconnaît pas son autorité. Le futur Grégoire IX se trouve confronté à un adversaire déterminé, raffiné et intelligent. Tout à sa lutte contre ce monarque qui menace sa prééminence en Europe, le Vatican ne voit en son action en Orient que manœuvres de déstabilisation. Le Vatican a besoin de lui pour mener à bien une nouvelle croisade, ou pour sortir les croisés du siège de Damiette où ils se sont enlisés. Le cardinal soupèse les forces en présence, s’efforçant d’en déduire la meilleure tactique pour la grandeur de l’Eglise. Perception des Mongols Les Mongols n’apparaissent que comme un instrument à utiliser avec discernement. Ils sont une réalité, qui ne présente toutefois aucun caractère menaçant : « Tu as certainement dû entendre les bruits concernant les Mongols. Il semble qu’ils aient obtenu de grandes victoires contre les musulmans. » À ce stade, la force mongole est encore considérée comme un facteur positif ; la Chrétienté n’a pas à se défendre contre elle. Pour l’Église, il s’agit de tirer parti de la rumeur – considérée avec scepticisme – qui voit le prêtre Jean comme chef des Mongols : cette croyance est un fait qu’il est possible d’instrumentaliser pour sa propre politique : « Pourtant nous ne devrions pas favoriser cette croyance selon laquelle règnerait sur eux un roi-prêtre chrétien Jean ou un David. Nous devrions plutôt ramener cette rumeur vers l’Éthiopie [d’où elle était originaire]. » Il faut surtout empêcher que la prophétie sur la victoires du prêtre Jean serve aux adversaires de l’Eglise : « Si cette rumeur selon laquelle le prêtre Jean renversera bientôt l’Islam avec ses troupes se propageait, cela donnerait un nouveau prétexte au Staufen pour différer la croisade pour laquelle il nous adresse pourtant exigence sur exigence. » 35 L’époque dont le cardinal d’Ostie trace un tableau est marquée par le changement, la transition. Les désordres entre les Croisés d’Orient ont un effet sur l’Occident : l’autorité du 34 „Vergiß keinen Augenblick, welche Gefahr der Heiligen Kirche von der Machtgier der weltlichen Herren droht.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 59). 35 „Das Gerede von den Mongolen ist gewiß auch dir zu Ohren gekommen. Sie scheinen gegen die Muselmanen gewaltige Siege zu erfechten. Dennoch sollten wir dem Glauben an das Regiment eines christlichen Priesterkönigs Johannes oder David über sie nicht weiter Vorschub tun, dieses Gerücht vielmehr auf Äthiopien zurücklenken. […] Festigt sich die Meinung, der Priester Johannes werde mit seinen Scharen den Islam bald stürzen, so gewinnt der Staufer am Ende Vorwand zu neuem Zögern, den Kreuzzug zu unternehmen, für den er doch Forderung um Forderung an uns richtet.“ (Le Monde avec Gengis Khan, p. 64). 192
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gewaltige Siege zu erfechten. Dennoch sollten wir <strong>de</strong>m Glauben an das Regiment eines christlichen<br />
Priesterkönigs Johannes o<strong>de</strong>r David über sie nicht weiter Vorschub tun, dieses Gerücht vielmehr auf Äthiopien<br />
zurücklenken. […] Festigt sich die Meinung, <strong>de</strong>r Priester Johannes wer<strong>de</strong> mit seinen Scharen <strong>de</strong>n Islam bald<br />
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doch For<strong>de</strong>rung um For<strong>de</strong>rung an uns richtet.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 64).<br />
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