1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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sur sa route. Il s’ensuivit une destruction si radicale de son empire que certaines régions ne s’en relevèrent jamais. 101 Cette victoire des Mongols, aussi fulgurante que totale, assigne à l’empire du Kharezm un rôle particulier dans la perception de l’Occident. Le Kharezm est le premier pays qui se trouvait sur le chemin des Mongols dans leur conquête de l’Ouest. L’anéantissement de l’empire fonda leur réputation d’invincibilité et de cruauté, mais fut aussi à l’origine des premières rumeurs sur les Mongols qui circulèrent en Égypte, dans les camps des croisés, et de là, en Occident. L’opposition des destins des empires d’Égypte et du Kharezm saute aux yeux du lecteur. Il en ressort que le sort d’un État découle non seulement de sa puissance, mais des décisions de ses maîtres. Cela nous explique la place importante des affaires d’Égypte et du Kharezm dans la seconde partie du Monde avec Gengis Khan. Les tableaux 1, 4, 5, 6, 7 y ont un rapport plus ou moins direct. Le tableau 14 du troisième chapitre est entièrement consacré à la lutte de chah Mohammed. III.1.3 L’Inde L’Inde n’ayant été soumise que plus tard aux invasions mongoles, elle forme un espace à part dans le monde islamique. Overhoff se livre à un bref aperçu historique marqué par les étapes de la conquête musulmane dans les terres indiennes à partir du VIII e siècle. Celle-ci ne prit vraiment d’envergure que sous Mahmud de Gazni autour de l’an 1000 et n’aboutit qu’en 1192 avec la création du sultanat de Dehli par la dynastie des Ghurides, ellemême supplantée par la dynastie des « généraux esclaves », qui rendirent indépendant le sultanat de Delhi et régnèrent de là sur une grande partie de l’Inde. Si l’empire de Gengis Khan n’influença pas le destin de l’Inde, il en va tout autrement de la seconde conquête mongole, celle de Tamerlan, qui décomposa « l’alliage » 102 entre Hindous et Musulmans. Elle donna naissance à l’empire mogol d’Akbar, un des plus grands souverains qu’ait compté l’histoire, dont la splendeur fut tout orientale. 103 101 „Schon lockte das reiche Indien. Da geriet Mohammed mit Dschingiz-Chan aneinander. So traf ihn der erste nach Westen gerichtete Stoß der Mongolen. In unglaublich kurzer Zeit wurde er mitsamt seinem Riesenreich weggefegt. Von diesem Vernichtungskrieg haben sich große Teile Mittelasiens nie wieder erholt.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 21). 102 „Aber erst nach dem zweiten Mongolensturm unter Timur dem Lahmen klärt sich die Legierung persischislamischen und indischen Wesens.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 22). 103 „Das Mogulreich ist bis zum heutigen Tage sprichwörtlich für orientalischen Glanz schlechthin: ein Kaiser Akbar wird zu den Größten der Weltgeschichte gezählt.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 22). 169

III.2 La Chine La moitié des deux pages dédiées à la Chine est consacrée à son paysage religieux, qui se dessine à la suite des invasions barbares qu’elle connut, tout comme l’Europe. 104 Overhoff établit un parallèle entre les rôles joués par le christianisme en Europe et le bouddhisme en Chine. Il évoque les doctrines en concurrence avec le bouddhisme et les différentes manifestations qu’il prend : bouddhisme zen, lamaïsme, tantrisme. Toutes ces tendances se retrouveront dans le roman : le bouddhisme zen est représenté au deuxième tableau, dans le premier chapitre. Toutes les autres sont présentes dans le quatrième chapitre : le taoïsme au tableau 25, qui se réfère au Livre des transformations, écrit fondateur du taoïsme, le lamaïsme au tableau 27, l’hindouisme au dernier tableau. La Chine attendait l’invasion mongole pour connaître un renouveau. 105 Overhoff présente la Chine comme un empire exsangue, 106 épuisé par les luttes incessantes aux frontières contre les nomades, en particulier les Toungouses, ou par les efforts pour les assimiler. Overhoff admire la rapidité et la profondeur de l’assimilation des conquérants mongols par l’empire de Chine, 107 qui mena à une période d’épanouissement culturel. Une des manifestations de cette assimilation exemplaire est le règne de l’empereur Koubilaï, petit-fils de Gengis Khan, reconnu par les annales comme empereur chinois à part entière, à la cour duquel Marco Polo passa de nombreuses années. Du fait de la domination mongole, les empires du nord et du sud furent de nouveau réunis, donnant naissance à un commerce florissant. 108 S’il est légitime qu’Overhoff évoque l’empire de Chine dans son aperçu sur l’Asie, il est néanmoins frappant qu’il insiste plutôt sur les bienfaits ultérieurs de la conquête mongole que sur les aspects contemporains de l’action du livre. Sa façon de présenter une culture chinoise qui a dépassé son zénith au moment des conquêtes nomades et renaissant de ses cendres est certainement un indice pour le lecteur : le regard doit se porter au-dedes horreurs de la guerre, qu’Overhoff ne cherche pas à minimiser, et discerner les conséquences 104 „Wie Europa hat China sein klassisches Altertum, das im Sturm der Völkerwanderung untergeht, sein Mittelalter, das sich mühevoll der zweiten Barbarei entringt.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 22). 105 „Es schien, als hätte man nur auf die starke Hand gewartet.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 23). 106 „So erwartete man den Gewittersturm, das Gericht von außen, als unabwendbares Schicksal.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 23). 107 „In keinem anderen der eroberten Länder haben sich die Mongolen so schnell angeglichen, so rasch eine heimische Dynastie geformt, die von den Annalen mit recht als legitim gezählt wird.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 24). 108 „Plötzlich gab es das einige Reich wieder, von Nord nach Süd, das Reich der Mitte. Plötzlich waren die Handelswege nach Zentralasien offen, endlich erreichten Schiffe wieder die Sunda-Inseln.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 24). 170

III.2 La Chine<br />

La moitié <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pages dédiées à la Chine est consacrée à son paysage religieux, qui<br />

se <strong>de</strong>ssine à la suite <strong>de</strong>s invasions barbares qu’elle connut, tout comme l’Europe. 104 Overhoff<br />

établit un parallèle entre les rôles joués par le christianisme en Europe et le bouddhisme en<br />

Chine. Il évoque les doctrines en concurrence avec le bouddhisme et les différentes<br />

manifestations qu’il prend : bouddhisme zen, lamaïsme, tantrisme. Toutes ces tendances se<br />

retrouveront dans le roman : le bouddhisme zen est représenté au <strong>de</strong>uxième tableau, dans le<br />

premier chapitre. Toutes les autres sont présentes dans le quatrième chapitre : le taoïsme au<br />

tableau 25, qui se réfère au Livre <strong>de</strong>s transformations, écrit fondateur du taoïsme, le lamaïsme<br />

au tableau 27, l’hindouisme au <strong>de</strong>rnier tableau.<br />

La Chine attendait l’invasion mongole pour connaître un renouveau. 105 Overhoff<br />

présente la Chine comme un empire exsangue, 106 épuisé par les luttes incessantes aux<br />

frontières contre les noma<strong>de</strong>s, en particulier les Toungouses, ou par les efforts pour les<br />

assimiler. Overhoff admire la rapidité et la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’assimilation <strong>de</strong>s conquérants<br />

mongols par l’empire <strong>de</strong> Chine, 107 qui mena à une pério<strong>de</strong> d’épanouissement culturel. Une <strong>de</strong>s<br />

manifestations <strong>de</strong> cette assimilation exemplaire est le règne <strong>de</strong> l’empereur Koubilaï, petit-fils<br />

<strong>de</strong> Gengis Khan, reconnu par les annales comme empereur chinois à part entière, à la cour<br />

duquel Marco Polo passa <strong>de</strong> nombreuses années. Du fait <strong>de</strong> la domination mongole, les<br />

empires du nord et du sud furent <strong>de</strong> nouveau réunis, donnant naissance à un commerce<br />

florissant. 108<br />

S’il est légitime qu’Overhoff évoque l’empire <strong>de</strong> Chine dans son aperçu sur l’Asie, il<br />

est néanmoins frappant qu’il insiste plutôt sur les bienfaits ultérieurs <strong>de</strong> la conquête mongole<br />

que sur les aspects contemporains <strong>de</strong> l’action du livre. Sa façon <strong>de</strong> présenter une culture<br />

chinoise qui a dépassé son zénith au moment <strong>de</strong>s conquêtes noma<strong>de</strong>s et renaissant <strong>de</strong> ses<br />

cendres est certainement un indice pour le lecteur : le regard doit se porter au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

horreurs <strong>de</strong> la guerre, qu’Overhoff ne cherche pas à minimiser, et discerner les conséquences<br />

104 „Wie Europa hat China sein klassisches Altertum, das im Sturm <strong>de</strong>r Völkerwan<strong>de</strong>rung untergeht, sein<br />

Mittelalter, das sich mühevoll <strong>de</strong>r zweiten Barbarei entringt.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p.<br />

22).<br />

105 „Es schien, als hätte man nur auf die starke Hand gewartet.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p.<br />

23).<br />

106 „So erwartete man <strong>de</strong>n Gewittersturm, das Gericht von außen, als unabwendbares Schicksal.“ (Le Mon<strong>de</strong><br />

avec Gengis Khan, avant-propos, p. 23).<br />

107 „In keinem an<strong>de</strong>ren <strong>de</strong>r eroberten Län<strong>de</strong>r haben sich die Mongolen so schnell angeglichen, so rasch eine<br />

heimische Dynastie geformt, die von <strong>de</strong>n Annalen mit recht als legitim gezählt wird.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis<br />

Khan, avant-propos, p. 24).<br />

108 „Plötzlich gab es das einige Reich wie<strong>de</strong>r, von Nord nach Süd, das Reich <strong>de</strong>r Mitte. Plötzlich waren die<br />

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Gengis Khan, avant-propos, p. 24).<br />

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