1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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connut des solutions très variées, certaines dangereuses aux yeux de l’Église, car s’approchant de l’hérésie, du paganisme, en suivant à la lettre la doctrine d’Aristote. 46 Thomas d’Aquin, auquel Overhoff rend hommage comme à l’un des principaux maîtres de la scolastique et de la théologie catholique, 47 a réalisé dans sa Somme théologique la grande synthèse de la raison et de la foi en intégrant la philosophie d’Aristote dans la pensée chrétienne. Il pense avoir trouvé chez Aristote le système philosophique le plus adéquat pour la construction d’une théologie chrétienne. Sa vision optimiste réconcilie foi et raison en mettant les ressources de la raison au service de l’intelligence de la foi, au point de constituer la théologie en science véritable – science des choses divines construite à l’aide de raisonnements et de démonstrations conformes aux principes aristotéliciens. Le gothique ne s’oppose pas au roman, il en est sorti par évolution, ce qui explique une longue coexistence. 48 Suger, l’abbé de Saint-Denis, est à la source de l’art gothique en France en un temps qui était encore l’âge d’or du roman. Il cherchait à fournir aux croyants de la nouvelle basilique un chemin vers l’illumination divine. 49 Sa métaphysique de la lumière, empruntée à Denys l’Aréopagite et à Jean Scot Erigène, le pousse à concevoir le gothique comme l’art du jaillissement et de la lumière, qu’il tenait pour le lien parfait entre l’homme et Dieu, porteuse de grâce et de prière, menant aux réalités spirituelles. 50 Le gothique, c’est la conquête du vide et de la lumière, qui aboutira à des merveilles de géométrie et de spiritualité, et qui traduit les deux traits essentiels du XIII e siècle : quête de l’ordre rationnel et de la clarté, 51 désir de construire une synthèse à l’image de l’univers. L’image du Christ s’y humanise : on passe du Dieu transcendant au Dieu incarné, se traduisant également dans la disparition des représentations effrayantes de monstres et créatures démoniaques, de scènes apocalyptiques dans les sculptures des églises. On représente le caractère humain du mystère chrétien, qui se libère de ses terreurs. Le XII e siècle avait été marqué par l’extension du culte 46 „Es bedarf scharfen Aufmerkens, daß der Rand des Christentums nicht in alte Vielgötterei aufspleisse.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 13). Cf. Inscriptions européennes : „Möglicherweise stand auf des Messers Schneide, daß die Bewegung ins Ketzerische abglitt.“ (Inscriptions européennes, p. 117). 47 „Der Katholizismus ist auf der Hut. Noch einmal bauen die Summen des Thomas von Aquin seine geistige Architektur vollständig auf, wie es später nie mehr glückt.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 14). Dans la Divine Comédie, qu’Overhoff admirait, Dante donne également à Thomas d’Aquin la première place parmi les théologiens. 48 „Um diese Zeit [mit dem Beginn des dreizehnten Jahrhunderts] vollendet die Gotik ihren Siegeszug durch das Abendland. Noch scheinen die großen Kathedralen, die ganz geglückten, den romanischen Bauwillen mit neuen, technischen Mitteln zu vollenden.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 12). 49 Cf . L’Eurasie XI e -XIII e siècle. Sous la direction de Georges Duby et Robert Mantran, Paris, 1982, p. 595. 50 Cf. Georges Duby/Robert Mandrou : Histoire de la civilisation française, t. 1 : Moyen Âge-XVIe siècle, Paris, 1968, p. 134. 51 Cf. L’Eurasie XI e -XIII e siècle. Sous la direction de Georges Duby et Robert Mantran, Paris, 1982, p. 598. 159
marial, la Vierge trouve une place prédominante dans ce nouvel art traduisant le rapprochement de Dieu, on s’adresse au Christ par son intermédiaire. 52 II.1.3 Les ordres mendiants Ce nouveau sentiment religieux qui se fait ressentir dans l’architecture et dans les arts, trouve son expression sous d’autres formes, dont les plus visibles furent la création des ordres mendiants et l’apparition de l’hérésie. À l’ombre des cathédrales s’installaient les ordres mendiants, qui poursuivaient des objectifs opposés à ceux à l’origine des constructions de cathédrales gothiques, 53 qu’Overhoff exprime ainsi : « Les ordres mendiants naissent d’une soif de religion ressentie par les masses, qui veut passer outre à la hiérarchie. » 54 Au cours du XII e siècle, on voit la charité changer d’aspect. De symbolique et traditionnelle, elle revêt un nouveau sens. De cette époque date la fondation d’hôtels-Dieu, d’hospices, où une confrérie se dévoue au service des indigents. La quête d’une pauvreté véritable avait suscité contre le faste de Cluny la contestation de Bernard de Clairvaux et de son ordre : Après 1170, la conviction que pour entrer dans le Royaume des Cieux il faut renoncer aux biens de ce monde […] s’affirme et se propage dans le patriciat urbain. Elle poussa Pierre Valdès, marchand lyonnais fortuné, après avoir vendu tout ce qu’il possédait, à prêcher lui-même […]. Un nouveau pouvoir spirituel s’installe ainsi au milieu du peuple, celui des « bons hommes » qui ont choisi de vivre comme vivaient les disciples de Jésus. 55 ce 160 Le clergé vit en eux des usurpateurs, car les prêtres avaient le monopole de la prédication. Les « pauvres de Lyon » furent pourchassés. 56 Mais l’Église saura par ailleurs canaliser l’ardeur des ordres mendiants, en évitant de les pousser dans l’hérésie et se servira d’eux pour sa politique, ainsi que l’écrit Overhoff : « Ils deviennent dans la main de cette hiérarchie un pouvoir utilisé au service de l’ordre et à côté du faste de la fonction la pauvreté évangélique recouvre sa place, à égalité de droits. » 57 L’exemple des ordres mendiants met en évidence la démarche d’Overhoff. Il en a expliqué dans son avant-propos, en un court portrait, la création, la motivation et leur instrumentalisation par l’Église. Ainsi pourra-t-il les faire apparaître au cours du roman : ils 52 „Marienliebe brennt im Volk und als geistliche Minne der Ritter; die Nähe der weiblichen, der Jungfrau, der Muttergöttin speist die Seelen kräftiger als die von den Kirchenvätern kunstvoll aufgebaute Trinitätsdogmatik.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 13). 53 Cf. Willibald Sauerländer : Le Siècle des cathédrales 1140-1260, Paris, 1989, p. 2. 54 „Ein drängendes Religionsbedürfnis der Massen, das die Hierarchie überspringen möchte, läßt die Bettelorden entstehen.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 13). 55 Georges Duby : Le Moyen Âge. De Hugues Capet à Jeanne d’Arc. 987-1460, Paris, 1987, p. 200. 56 Cf. Le Monde avec Gengis Khan, p. 61. 57 „In der Hand dieser Hierarchie aber werden sie zur planvoll eingesetzten Ordnungsmacht, und neben das Schaugepränge des Amtes tritt gleichberechtigt wieder die evangelische Armut.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 13).
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À l’ombre <strong>de</strong>s cathédrales s’installaient les ordres mendiants, qui poursuivaient <strong>de</strong>s<br />
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d’eux pour sa politique, ainsi que l’écrit Overhoff : « Ils <strong>de</strong>viennent dans la main <strong>de</strong> cette<br />
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évangélique recouvre sa place, à égalité <strong>de</strong> droits. » 57<br />
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(Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p. 13).<br />
53 Cf. Willibald Sauerlän<strong>de</strong>r : Le Siècle <strong>de</strong>s cathédrales 1140-1260, Paris, 1989, p. 2.<br />
54 „Ein drängen<strong>de</strong>s Religionsbedürfnis <strong>de</strong>r Massen, das die Hierarchie überspringen möchte, läßt die Bettelor<strong>de</strong>n<br />
entstehen.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p. 13).<br />
55 Georges Duby : Le Moyen Âge. De Hugues Capet à Jeanne d’Arc. 987-1460, Paris, 1987, p. 200.<br />
56 Cf. Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, p. 61.<br />
57 „In <strong>de</strong>r Hand dieser Hierarchie aber wer<strong>de</strong>n sie zur planvoll eingesetzten Ordnungsmacht, und neben das<br />
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avant-propos, p. 13).