1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine 1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
avoir une patrie, un foyer, où ils pouvaient s’établir et fonder une famille, une société, un État. Ce monde fermé est lui-même symbolisé par la basilique romane : « Le Haut Moyen-Âge en Europe avait surmonté le chaos des invasions barbares et édifié, sur le plan des idées du moins, un monde fermé. La basilique romaine en est le symbole. » 28 Idée qu’exprimera également Georges Duby : « Ces édifices se présentent comme des mondes clos où l’on se glisse latéralement et dont on ne découvre que lentement le secret. » 29 Cette étude sur l’Europe du XIII e siècle est l’occasion pour Overhoff de reprendre un thème qui lui est cher : la symbolique de l’architecture religieuse. Il a traité ce sujet en diverses occasions. Dans Un Livre de la ville de Soest, il se livre à des descriptions de l’architecture religieuse des différentes églises que compte la ville de Soest. La moitié des quatorze chapitres du livre est consacrée à la description d’une église. Ces portraits présentent aussi bien les caractéristiques architecturales ou picturales des édifices que l’effet produit sur le visiteur. Les Inscriptions européennes de 1949 ne manquent pas d’évoquer l’architecture religieuse, qu’elle soit romane ou gothique. Overhoff consacre, outre le texte en prose qui forme le commentaire, deux sonnets à l’art religieux. 30 La symbolique religieuse a fait l’objet d’une publication sous la forme d’un essaifiction, La Cathédrale, relatant « l’histoire imaginaire d’un édifice ». Ce texte, conçu en 1949, publié une première fois en 1955 dans la Neue Rundschau puis, dans une édition bilingue allemand-français, sous forme de monographie en 1976, raconte l’édification d’un ouvrage religieux fictif et les transformations que l’histoire et l’évolution de la conscience religieuse des hommes lui ont apportées. Partant des tous premiers temps du christianisme, Overhoff 28 „Das hohe Mittelalter Europas hatte das Chaos der Völkerwanderung in sich überwunden und wenigstens der Idee nach eine geschlossene Welt erbaut. Ihr Gleichnis ist die romanische Basilika.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 11). Cf. Inscriptions européennes, p. 111 : „Die geschlossene Welt um den göttlichen Mittelpunkt und die menschliche Seele auf ihn zu.“ 29 L’Eurasie XI e -XIII e siècle. Sous la direction de Georges Duby et Robert Mantran, Paris, 1982, p. 592. 30 Voici le sonnet sur l’art religieux roman : „Romanische Basilika Wie, wenn das Tote wirklich auferstände ? Da lag der Same, in der Säulengruft Der Krypta, keimte, klafterstarke Wände Brachen hervor und stiegen in die Luft. Kristalle, aneinander aufgestuft, Das Langhaus, Apsis und Arkadenblende, Das Querschiff und was ihm entgegenruft Als Westwerk, Antiphon vom andern Ende. Die Säulen auf den Häuptern der Chimären Zuseiten des Portals. Nach vorwärts weist Der Stützenwechsel. Doch das Wiederkehren Der Vierungsbogen, das zur Höhe reißt, Führt in die Kuppel, in Gesang der Sphären Empor, der um die Mandelglorie kreist.“ (Inscriptions européennes, pp. 111-112). 155
décrit les différentes constructions de l’édifice, de la première église en bois jusqu’à la cathédrale gothique en passant par la basilique romane. En se servant des symboles et du vocabulaire de l’architecture dans son avant-propos, Overhoff veut nous décrire l’Europe du XIII e siècle comme un édifice, 31 comme un ensemble – selon son principe d’entière perception – et veut nous présenter les interdépendances entre les différents éléments qui le constituent. Mais il veut aussi nous montrer que les bases de cet édifice sont ébranlées par l’apparition de nouveaux éléments. II.1.1 L’art roman À l’art sacré roman correspond une idée religieuse fermement établie, qui permet une appréhension, une conception du monde qui parait simple et claire aux yeux d’Overhoff : « Chacun sait que le bas monde et l’au-delà – qui dans son infini est de loin le plus éminent – sont reliés par le Jugement dernier. » 32 C’est l’enseignement qui sera donné sur les tympans des édifices romans par la représentation du Jugement dernier : l’église est comprise comme le château-fort de Dieu, le lieu où la justice sera rendue. 33 Overhoff utilise le vocabulaire de l’architecture religieuse au sens propre, pour décrire un édifice religieux, comme il le fait pour la basilique romane : « Le croyant avance dans la longue nef de l’existence, passe devant les piliers des arcades pour arriver sous la croisée. Le transept étend ses bras dans le geste de la prière, à genoux devant l’abside de divine majesté. » 34 Mais il l’utilise aussi au sens figuré. Ainsi, pour illustrer la « construction intellectuelle » de l’organisation politique de l’Europe, Overhoff emprunte les images de son vocabulaire à l’art roman. Après avoir évoqué la basilique, monde fermé, donc stable, et avant de présenter le gothique et les fissures qu’il introduit dans cet agencement, Overhoff qualifie le système de séparation des pouvoirs entre le pape et l’empereur de « système lié », « gebundenes System », 35 terme qu’il met lui-même entre guillemets. Le terme est utilisé dans 31 Le choix du vocabulaire est ici aussi révélateur : le Moyen-Âge avait « construit » un monde fermé. 32 „Jeder weiß, wie Diesseits und Jenseits, das in seiner Unendlichkeit weit überwiegende Jenseits, miteinander verbunden sind: durch das Gericht. So kann und sollte jeder wissen, wie er sich im Irdischen zu verhalten hat.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 12). 33 Cf. L’Eurasie XI e -XIII e siècle. Sous la direction de Georges Duby et Robert Mantran, Paris, 1982, p. 591. 34 „Durch das Langhaus des Daseins, vorbei an den Stützen der Arkaden, die wechselnden Durchblick gewähren, schreitet der Gläubige vor bis unter die Vierung. Das Querschiff hebt seine Arme in die Geste des Beters, er kniet vor der Apsis göttlicher Majestät.“ (Le Monde avec Gengis Khan, avant-propos, p. 12). 35 „Gebundenes System: Quadratisches System, häufiges Planungs- und Konstruktionschema der romanischen Basilika, wobei für viele Bauteile das Quadrat der Vierung als Maßeinheit diente. Die Bindung an diese Maßeinheit wird manchmal auch ‚quadratischer Schematismus‘ genannt. Dieses Quadrat kehrt – gelegentlich mit kleinen Abweichungen – im Chor, den Jochen des Mittelschiffes und in den Querschiffarmen wieder. Die quadratischen Seitenschiffsjoche haben die halbe Seitenlänge des Vierungsquadrats. Die Länge des Mittelschiffes beträgt ein Mehrfaches des Vierungsquadrates. Auch für die Höhe des Bauwerkes galt das 156
- Page 103 and 104: Overhoff n’utilise pas le passé
- Page 105 and 106: Die Geschichte seines Lebens nach d
- Page 107 and 108: mais son origine n’est pas préci
- Page 109 and 110: Sources critiques citées dans la b
- Page 111 and 112: mythique du prêtre Jean. 140 Il es
- Page 113 and 114: Monde avec Gengis Khan, contemporai
- Page 115 and 116: frontières jusqu’en Corée, jusq
- Page 117 and 118: occasion, en est la preuve. Le Mond
- Page 119 and 120: virent les conquêtes des successeu
- Page 121 and 122: générale de l’œuvre se termine
- Page 123 and 124: Le choix de l’année 1225 pour cl
- Page 125 and 126: le centre asiatique, Au centre, Au-
- Page 127 and 128: d'âme et la mesquinerie ordinaire.
- Page 129 and 130: En dehors du premier tableau, où l
- Page 131: lui aussi la conception d’Overhof
- Page 136: n’apparaît-il qu’au terme d’
- Page 139 and 140: gothique. C’est ce que révélèr
- Page 141 and 142: qu’Overhoff ne fait nulle part ai
- Page 143 and 144: Le dialogue est utilisé huit fois
- Page 145 and 146: VI.2.3.2.2.1 Le monologue de récit
- Page 147 and 148: isquent sinon de lui demeurer d’u
- Page 149 and 150: cet ouvrage, consacré à une descr
- Page 151 and 152: parties consacrées aux terres d’
- Page 153: Overhoff ne considère pas le gothi
- Page 157 and 158: capital aux yeux d’Overhoff car i
- Page 159 and 160: marial, la Vierge trouve une place
- Page 161 and 162: secrète de l’Asie ? Les croisade
- Page 163 and 164: 2.1.1 Essor des villes Le XIII e si
- Page 165 and 166: les croisades l’accentuation des
- Page 167 and 168: qui avait pris le pouvoir en 1249.
- Page 169 and 170: III.2 La Chine La moitié des deux
- Page 171 and 172: empêchée que par la mort soudaine
- Page 173 and 174: Il est à noter qu’Overhoff s’a
- Page 175: Ces deux paragraphes qui terminent
- Page 178 and 179: proches de l’avancée mongole, se
- Page 180 and 181: à plusieurs niveaux : celui des pe
- Page 182 and 183: printemps 1221. 5 Cette lettre cont
- Page 184 and 185: Le pape a manifestement ordonné qu
- Page 186 and 187: Monologue (de récit) d’un moine
- Page 188 and 189: Perception des Mongols Dans ce dern
- Page 190 and 191: chancelier de France sous Louis VII
- Page 192 and 193: pape est contestée, et l’instabi
- Page 194 and 195: Nous préparons nos sabres et lance
- Page 196 and 197: fut-il un traître à son maître,
- Page 198 and 199: sujet comme on l’apprend au table
- Page 200 and 201: époque pleine de contradictions, d
- Page 202 and 203: Musulmans de se défendre et d’of
avoir une patrie, un foyer, où ils pouvaient s’établir et fon<strong>de</strong>r une famille, une société, un État.<br />
Ce mon<strong>de</strong> fermé est lui-même symbolisé par la basilique romane : « Le Haut Moyen-Âge en<br />
Europe avait surmonté le chaos <strong>de</strong>s invasions barbares et édifié, sur le plan <strong>de</strong>s idées du<br />
moins, un mon<strong>de</strong> fermé. La basilique romaine en est le symbole. » 28 Idée qu’exprimera<br />
également Georges Duby : « Ces édifices se présentent comme <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s clos où l’on se<br />
glisse latéralement et dont on ne découvre que lentement le secret. » 29<br />
Cette étu<strong>de</strong> sur l’Europe du XIII e siècle est l’occasion pour Overhoff <strong>de</strong> reprendre un<br />
thème qui lui est cher : la symbolique <strong>de</strong> l’architecture religieuse. Il a traité ce sujet en<br />
diverses occasions. Dans Un Livre <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Soest, il se livre à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong><br />
l’architecture religieuse <strong>de</strong>s différentes églises que compte la ville <strong>de</strong> Soest. La moitié <strong>de</strong>s<br />
quatorze chapitres du livre est consacrée à la <strong>de</strong>scription d’une église. Ces portraits présentent<br />
aussi bien les caractéristiques architecturales ou picturales <strong>de</strong>s édifices que l’effet produit sur<br />
le visiteur.<br />
Les Inscriptions européennes <strong>de</strong> 1949 ne manquent pas d’évoquer l’architecture<br />
religieuse, qu’elle soit romane ou gothique. Overhoff consacre, outre le texte en prose qui<br />
forme le commentaire, <strong>de</strong>ux sonnets à l’art religieux. 30<br />
La symbolique religieuse a fait l’objet d’une publication sous la forme d’un essaifiction,<br />
La Cathédrale, relatant « l’histoire imaginaire d’un édifice ». Ce texte, conçu en 1949,<br />
publié une première fois en 1955 dans la Neue Rundschau puis, dans une édition bilingue<br />
allemand-français, sous forme <strong>de</strong> monographie en 1976, raconte l’édification d’un ouvrage<br />
religieux fictif et les transformations que l’histoire et l’évolution <strong>de</strong> la conscience religieuse<br />
<strong>de</strong>s hommes lui ont apportées. Partant <strong>de</strong>s tous premiers temps du christianisme, Overhoff<br />
28 „Das hohe Mittelalter Europas hatte das Chaos <strong>de</strong>r Völkerwan<strong>de</strong>rung in sich überwun<strong>de</strong>n und wenigstens <strong>de</strong>r<br />
I<strong>de</strong>e nach eine geschlossene Welt erbaut. Ihr Gleichnis ist die romanische Basilika.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis<br />
Khan, avant-propos, p. 11). Cf. Inscriptions européennes, p. 111 : „Die geschlossene Welt um <strong>de</strong>n göttlichen<br />
Mittelpunkt und die menschliche Seele auf ihn zu.“<br />
29 L’Eurasie XI e -XIII e siècle. Sous la direction <strong>de</strong> Georges Duby et Robert Mantran, Paris, 1982, p. 592.<br />
30 Voici le sonnet sur l’art religieux roman :<br />
„Romanische Basilika<br />
Wie, wenn das Tote wirklich auferstän<strong>de</strong> ?<br />
Da lag <strong>de</strong>r Same, in <strong>de</strong>r Säulengruft<br />
Der Krypta, keimte, klafterstarke Wän<strong>de</strong><br />
Brachen hervor und stiegen in die Luft.<br />
Kristalle, aneinan<strong>de</strong>r aufgestuft,<br />
Das Langhaus, Apsis und Arka<strong>de</strong>nblen<strong>de</strong>,<br />
Das Querschiff und was ihm entgegenruft<br />
Als Westwerk, Antiphon vom an<strong>de</strong>rn En<strong>de</strong>.<br />
Die Säulen auf <strong>de</strong>n Häuptern <strong>de</strong>r Chimären<br />
Zuseiten <strong>de</strong>s Portals. Nach vorwärts weist<br />
Der Stützenwechsel. Doch das Wie<strong>de</strong>rkehren<br />
Der Vierungsbogen, das zur Höhe reißt,<br />
Führt in die Kuppel, in Gesang <strong>de</strong>r Sphären<br />
Empor, <strong>de</strong>r um die Man<strong>de</strong>lglorie kreist.“ (Inscriptions européennes, pp. 111-112).<br />
155