29.12.2013 Views

1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

d'âme et la mesquinerie ordinaire. Il compose, à la manière <strong>de</strong> Shakespeare, son roman avec<br />

un foisonnement d’épiso<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> personnages, qu’ils soient prince ou brigand, cardinal ou<br />

marchand, mé<strong>de</strong>cin ou soldat. Dans le théâtre shakespearien, à une intrigue entre personnages<br />

<strong>de</strong> haute condition correspond souvent une intrigue entre individus <strong>de</strong> basse condition. Un<br />

souci analogue se retrouve chez Overhoff, en raison <strong>de</strong> la perspective polyphonique qu’il a<br />

adoptée, qui découle du principe <strong>de</strong> mosaïque. Il veut représenter la perception <strong>de</strong> Gengis<br />

Khan dans toutes les couches <strong>de</strong> la société, sans quoi l’image qu’il en donne serait<br />

incomplète.<br />

VI.2.1.5 Conclusion<br />

Certains <strong>de</strong>s tableaux du roman, qui prennent la forme d’écrits (lettres, édits)<br />

remplissent la fonction du récit dans la tragédie classique. « Ce qu’on ne doit point voir,<br />

qu’un récit nous l’expose » a dit Boileau. 184 Les récits font partie intégrante <strong>de</strong> la tragédie<br />

classique ; ils sont une conséquence à la fois <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> lieu empêchant <strong>de</strong> transporter le<br />

spectateur en d’autres lieux, et <strong>de</strong> la bienséance, qui proscrit <strong>de</strong> répandre le sang sur scène et<br />

donc d’y représenter <strong>de</strong>s combats. Overhoff respecte ce principe pour une raison technique : il<br />

ne peut relater les scènes <strong>de</strong> batailles et <strong>de</strong> façon générale l’avance <strong>de</strong>s Mongols sous la forme<br />

<strong>de</strong> dialogues, il utilise donc les récits, mais sans retourner à la technique romantique<br />

traditionnelle. Dans celle-ci, c’est l’auteur qui parle. Chez Overhoff, l’événement est relaté<br />

par un personnage lui-même historique, concerné par cet événement. Là où Horace 185<br />

préconisait <strong>de</strong> ne pas montrer <strong>de</strong> scènes violentes par un souci <strong>de</strong> morale, il s’agit chez<br />

Overhoff <strong>de</strong> contraintes stylistiques.<br />

VI.2.2 Dimension spatio-temporelle<br />

VI.2.2.1 Le temps<br />

Une remarque préliminaire s’impose : si Overhoff a fixé le cadre <strong>de</strong> son récit dans la<br />

pério<strong>de</strong> précise allant <strong>de</strong> 1221 à 1225, il s’est permis <strong>de</strong>s libertés avec les réalités historiques<br />

avérées. Il s’agit la plupart du temps d’anachronismes au sujet <strong>de</strong> références à <strong>de</strong>s<br />

événements. On pourra citer à titre d’exemple dans le tableau 6 (Sicile, Palerme) l’évocation<br />

<strong>de</strong> l’appel à l’ai<strong>de</strong> adressé à l’Ordre <strong>de</strong>s Chevaliers teutoniques par le duc Conrad <strong>de</strong><br />

184 Nicolas Boileau : Art poétique, Chant III, v. 51.<br />

185 « que Médée n’égorge pas ses enfants <strong>de</strong>vant le public » ( « ne pueros coram populo Me<strong>de</strong>a truci<strong>de</strong>t »).<br />

(Horace : Art poétique. Édition et traduction <strong>de</strong> Léon Herrmann, (= Collection Latomus, 7), Bruxelles, 1951, p.<br />

38, v. 185).<br />

127

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!