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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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Le choix <strong>de</strong> l’année 1225 pour clore l’unité <strong>de</strong> temps repose sur <strong>de</strong>s critères moins<br />

évi<strong>de</strong>nts. Il ne faut pas en rechercher les raisons dans <strong>de</strong>s événements, mais dans la biographie<br />

<strong>de</strong> Gengis Khan, comme le montre l’avant-<strong>de</strong>rnier tableau du roman, celui qui met Gengis<br />

Khan en scène, Repos lors <strong>de</strong> la marche. Après avoir, tout au long du livre, évoqué Gengis<br />

Khan sous les traits d’un conquérant intrépi<strong>de</strong>, Overhoff a choisi, dans le tableau où le<br />

personnage historique est enfin révélé, sans intermédiaire, <strong>de</strong> présenter Gengis Khan dans<br />

« les années <strong>de</strong> repos du conquérant ». 175 L’auteur prend ici le contre-pied <strong>de</strong> la progression<br />

<strong>de</strong> tout le roman, choisissant <strong>de</strong> montrer Gengis Khan en 1225, alors que, rentré en Mongolie,<br />

il se « détend » avant d’entamer sa <strong>de</strong>rnière campagne, contre les Tangout du royaume <strong>de</strong> Si-<br />

Hia auxquels il ne pardonnait pas l’offense <strong>de</strong> lui avoir refusé leur alliance lors <strong>de</strong> sa<br />

campagne contre le Kharezm.<br />

VI.2.1.2 Sous le rapport <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> lieu<br />

Agnès Pierron, dans son Dictionnaire <strong>de</strong> la langue du théâtre, voit dans l’instauration<br />

<strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> lieu une réaction contre les lieux multiples <strong>de</strong> la scène médiévale, la<br />

« scène à mansions » tel que cela se pratiquait dans les mystères, miracles et passions<br />

représentés dans les rues <strong>de</strong>s villes. 176 Un rapprochement entre ces représentations <strong>de</strong>s<br />

mystères <strong>de</strong> la religion chrétienne, qui apparaissent vers 1400 et dont le but était d’édifier et<br />

<strong>de</strong> divertir le peuple et Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan pourrait être établi. Les spectateurs <strong>de</strong> ce<br />

théâtre « simultané », se jouant sur <strong>de</strong>s mansions (<strong>de</strong>s espaces où se déroulaient les différents<br />

épiso<strong>de</strong>s) 177 se déplaçaient <strong>de</strong> mansion en mansion pour avoir la perception <strong>de</strong> la<br />

représentation dans sa totalité (plus tard, quand il sera joué dans un seul lieu, le théâtre se fera<br />

« successif »). La technique d’Overhoff dans Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Kahn se rapproche assez<br />

<strong>de</strong> ce procédé <strong>de</strong> théâtre « simultané ». De plus, dans ces mystères, selon Gaston Baty, «<br />

l’évangile n’apparaissait pas une histoire lointaine, abstraite et quelque peu mythique, mais<br />

une réalité vécue […] ». 178 C’est là tout à fait l’objectif poursuivi par Overhoff.<br />

Un premier regard porterait à conclure au défaut d’unité <strong>de</strong> lieu. Chaque tableau a son<br />

propre lieu d’action et le lecteur est emporté aux confins du mon<strong>de</strong> médiéval, <strong>de</strong> l’Angleterre<br />

au Japon. Le véritable lieu unique, dans le roman d’Overhoff, c’est la région dans laquelle se<br />

tient Gengis Khan, qui est observée selon différents angles, considérée selon plusieurs<br />

perspectives. Ce lieu unique sert <strong>de</strong> point commun à la diversité <strong>de</strong>s lieux du roman. Ces<br />

175 René Grousset : Le Conquérant du mon<strong>de</strong>. Vie <strong>de</strong> Gengis Khan, Paris, 1944, p. 347.<br />

176 Cf. Agnès Pierron : Dictionnaire <strong>de</strong> la langue du théâtre, Paris, 2002, p. 456.<br />

177 Cf. ibid., p. 320.<br />

178 Gaston Baty : Ri<strong>de</strong>au baissé, Paris, 1949, p. 65.<br />

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