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1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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nouveau survient et précipite l’action. Le roman commence comme une tragédie classique au<br />

moment où une crise qui se développait <strong>de</strong>puis longtemps atteint son point culminant : les<br />

conquêtes mongoles au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> la steppe, commencées en 1215, sont dirigées<br />

vers l’Occi<strong>de</strong>nt à partir <strong>de</strong> 1220. Le tableau chronologique joint par Overhoff à son ouvrage<br />

(cf. annexe) le montre bien. Il s’y trouve <strong>de</strong>s repères chronologiques concernant les différentes<br />

régions du mon<strong>de</strong> (Trézibon<strong>de</strong>, Alamout, Bagdad, le Kharezm, Thessalonique, l’Épire, la<br />

Géorgie, l’In<strong>de</strong>, la Russie, la Syrie et l’Égypte, la France, l’Angleterre, l’Espagne, Byzance,<br />

Nicée, Konya, ainsi qu’une rubrique pour les Mongols, les papes et les Hohenstaufen) pour la<br />

pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> 1204 à 1221. On aurait pu légitimement s’attendre à ce que ce rappel<br />

historique évoquât la pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> 1221 à 1225, cadre chronologique où se déroulent les<br />

événements du roman. Ce choix montre bien qu’Overhoff présente le mon<strong>de</strong> tel qu’il est au<br />

moment où commence son roman. Il fournit les éléments antérieurs nécessaires pour<br />

comprendre « la crise » que déclenche l’arrivée <strong>de</strong>s rumeurs sur les Mongols en Occi<strong>de</strong>nt,<br />

telle qu’il la présente dans le premier tableau.<br />

Il est donc intéressant, car révélateur, d’envisager l’œuvre selon les principes <strong>de</strong> la<br />

tragédie classique. Le propos d’Overhoff n’est certes pas <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong> la tragédie classique<br />

telle qu’elle a été définie par la Renaissance. Pour configurer Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan,<br />

qui est avant tout un roman, c’est-à-dire appartenant à un genre sans règles exigeant <strong>de</strong><br />

l’auteur <strong>de</strong> définir ses propres lois, Overhoff s’inspire <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> la tragédie classique,<br />

dans la mesure où ils s’adaptent à son œuvre. Il en respecte l’esprit, mais non la forme : il les<br />

renverse intégralement pour s’en servir en négatif. Ce respect <strong>de</strong>s règles dans leur principe et<br />

cette inversion dans leur forme confèrent au Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan son caractère<br />

particulier. L’examen du roman selon les critères <strong>de</strong> la tragédie classique est révélateur <strong>de</strong><br />

l’art d’Overhoff, <strong>de</strong>s règles qu’il s’est assignées. Il les a choisies en fonction <strong>de</strong> leur aptitu<strong>de</strong> à<br />

transcrire le principe <strong>de</strong> mosaïque à la base du roman.<br />

Les principes <strong>de</strong> la tragédie classique sont représentés par la règle dite <strong>de</strong>s trois unités :<br />

unités <strong>de</strong> temps, <strong>de</strong> lieu, d’action, auxquelles s’ajoute l’unité <strong>de</strong> ton, qui découle <strong>de</strong> l’unité<br />

d’action. 173 Il apparaîtra qu’au-<strong>de</strong>là d’une apparente absence d’unités, le principe en est sousjacent.<br />

Le cadre du roman établi, suivra l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux dimensions constitutives : le temps<br />

et l’espace, ainsi que les fonctions qu’elles remplissent au sein <strong>de</strong> l’œuvre. La présentation<br />

173 L’intérêt doit être centré sur une seule intrigue, dépouillée <strong>de</strong> tout épiso<strong>de</strong> secondaire, l’action doit se dérouler<br />

en un jour et en un seul lieu. L’unité d’action entraîne l’unité <strong>de</strong> ton qui interdit le mélange <strong>de</strong>s genres. « Il faut<br />

toujours représenter l’histoire ou le jeu en un même jour, en un même temps et en un même lieu », a déclaré Jean<br />

<strong>de</strong> La Taille dès 1572 (De l’Art <strong>de</strong> la tragédie, Paris, 1968, p. 123).<br />

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