1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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occasion, en est la preuve. Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan lui est entièrement consacré, mais le<br />
XIII e siècle apparaissait dans <strong>de</strong>s œuvres antérieures : dans Un Livre <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Soest, en<br />
1935, dans les Inscriptions européennes, en 1949, dans la nouvelle Incipit vita nova, rédigée<br />
la même année, qui se déroule dans l’Italie du XIII e siècle. 164 À l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s considérations<br />
contenues dans ces textes, nous examinerons dans le chapitre III, consacré à l’avant-propos du<br />
Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan le rôle joué par le XIII e siècle dans l’histoire. Qu’il soit juste<br />
remarqué ici que le XIII e<br />
siècle est selon Overhoff une « pério<strong>de</strong> tellement<br />
chargée [d’événements] » qu’elle « en fait presque peur. […] De nombreux facteurs<br />
déterminants pour les époques à venir éclosent dans cette époque lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinée. » 165<br />
La coïnci<strong>de</strong>nce entre l’épanouissement d’une civilisation et l’apogée <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>struction qui la menacent est l’élément le plus marquant <strong>de</strong> cette époque. 166 En évoquant le<br />
XIII e siècle où l’Europe s’est constituée, Overhoff parle du mon<strong>de</strong> actuel dans ses racines,<br />
comme il l’expose dans son avant-propos. Avant le XIII e siècle, l’Europe n’existe pas en tant<br />
qu’entité politique. On ne connaît que la Chrétienté. Emmanuel Berl le souligne :<br />
Chaque nation européenne est moins influencée par son histoire particulière que par l’histoire<br />
générale <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt chrétien. Toutes, elles languissent après la catastrophe romaine. […]<br />
Toutes, elles pâtissent <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> montée asiatique. […] Mais, comme les nations aspirent<br />
toutes à se sentir distinctes, elles grandissent toujours ce qui flatte leurs particularismes, et<br />
diminuent ce qui intéresse leur <strong>de</strong>stinée commune. 167<br />
C’est à cette époque que « les profils <strong>de</strong>s nations se <strong>de</strong>ssinent plus nettement », dit<br />
Overhoff. 168 En rappelant dans l’avant-propos du Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan les fon<strong>de</strong>ments<br />
sur lesquels est bâti le mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, il propose au lecteur <strong>de</strong>s voies pour rentrer dans<br />
l’histoire. L’Europe veut sortir <strong>de</strong> l’histoire, mais une puissance extérieure va l’y faire<br />
rentrer ; elle ne peut sortir <strong>de</strong> l’histoire. Car l’Europe ne pourra échapper à l’histoire, qu’elle<br />
la subisse en tant que victime ou qu’elle l’écrive en tant qu’auteur. L’intention d’Overhoff<br />
<strong>de</strong>vient parfaitement limpi<strong>de</strong> à la fin <strong>de</strong> son avant-propos :<br />
164 Voir partie « Présentation » du chapitre III.<br />
165 „Doch erleben wir zuweilen Perio<strong>de</strong>n nach, <strong>de</strong>ren Gela<strong>de</strong>nheit fast fürchten macht. Eine solche ist das 13.<br />
Jahrhun<strong>de</strong>rt. Viel, was später abschnittbil<strong>de</strong>nd dasteht, hat in dieser Schicksalszeit seine Geburtsstun<strong>de</strong>.“<br />
(Inscriptions européennes, p. 124).<br />
166 C’est là ce qu’exprimait aussi Krause : „Die Epoche, in <strong>de</strong>r Mongolenhor<strong>de</strong>n ziemlich ganz Asien<br />
überfluteten und ihre alles zermalmen<strong>de</strong>n Scharen sogar bis zur Wahlstatt von Liegnitz gelangten, bietet ein in<br />
<strong>de</strong>r Weltgeschichte einzig dastehen<strong>de</strong>s Bild: wie ein aus <strong>de</strong>r Steppe geborenes und völlig uncivilisiertes Volk<br />
durch eroberungslustigen Ansturm vermöge seiner hohen kriegerische Tüchtigkeit und <strong>de</strong>r vor nichts<br />
zurückschrecken<strong>de</strong>n Tatkraft seiner Führer einen ganzen Erdteil über <strong>de</strong>n Haufen rennen kann.“ (Friedrich Ernst<br />
August Krause : Die Epoche <strong>de</strong>r Mongolen. Ein Kapitel aus <strong>de</strong>r Geschichte und Kultur Asiens, in : Mitteilungen<br />
<strong>de</strong>s Seminars für Orientalische Sprachen zu Berlin 26/27, Erste Abteilung, Ostasiatische Studien, Berlin, 1924,<br />
p. 6).<br />
167 Cf. Emmanuel Berl : Histoire <strong>de</strong> l’Europe, Paris, 1945, t. 2, p. 14.<br />
168 „Die Profile <strong>de</strong>r Nationen zeichnen sich schärfer.“ (Le Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p. 18).<br />
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