l{o Inv. l*"ry - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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I image de la politique immobile a laquelle tient la Compagnie qui, au
contraire des moines. n'introduisit jamais un seul cours de droir, de
politique ou d'économie avant 1773.
Les jesuites ne gardent de l'étude de l'Antiquite grecque er
latine que l'enveloppe, l'apparence. Au XVIII' siecle, l'evolution est telle
que le véritable esprit grec ou latin ne se retrouve plus dans les textes
etudiés et les pieces de theâtre jouêes dans les collegesl.0n en garde Ia
forme mais le contenu est totalement faussé. volontairement desincarne.
L Antiquite est une sorte d'imaginaire culturel indispensable. Les peres
font grandir les enfants dans un univers antique qui s'eloigne de
l'Antiquitê - synonyme de Beau et de Bien -, er se rrouve impregne de
l'humanisme chretien des pères de l'Eglise, grecs - tels Grégoire de Naziance
ou Jean Chrysostome - ou latins - tel Augustin. La foi d'un Erasm est pour
saint lgnace par trop insipide. Il ne peut l'accepter et exige que les colleges
forment cles hommes a la foi plus solide et combattante, qu ils sauront
mettre en pratique dès l'adolescence selon les grandes lignes de la
spir itualite ignacienne,
Autant les jesuites avaient-ils Buidè la formation et la
culture intellectuelle des generations du XVII' siècle, autant ils s'accrochent
au XVIII'a leur tradition de pensee sans saisir le tournant de l'evolution
apportee par les lumieres. La Compagnie publie en France un periodtque,
les 'Mémoires de Trêvoux', dans lequel elle reussit a enlever â I actualite
son caractere d'actualité. parfois en la denaturant2. L'evénement est nie :
cette façon d'aborder le debat est peut-etre une arme plus efficace encore
que le debat lui-mème. Une vingtaine d'articles. par eremple, sont publies
sur Rousseau3, I exemple même de la nouveaute qui fait evenement. Les
jesuites accentuent celle-ci pour aussitôt I'enfermer dans I'instant. ou bien
reduisent la polemique au caractere de Rousseau lui-memer. L'historique
I R Favre Bilao et perspectives de recherchesur les 'Memoires de Trevour ( in
"XVIII' siècle". n' S, 1976 Revue annuelle publiee avec le coûcours du CIiRS par la
Societe fraocaise d'Etude du X\rlll' siocle), Paris, 1976, p 243
2 Cf J Garagoon (Llniversitê de Lyon II) Les'Ilemoiris de Trevoux" etRousseau rrn
"NVIII' siecle , n' 8, 1976, Revue annuelle pubtiee avec le coocours du CNRS par la
Societe française du XVIII' siecte), Paris, l9?6, pp 2l6s
3 Le compte-rendu de l' Emile publie en 1742 compte plus de l{0 pages
't 0n parle en avril 17,{l du "syst€me favori" de Rousseau, on explique aussi qu il ne
veut voir que I auùoriæ des honnes. pourquoi ne veut-il pLs que Dieu" etc (avril 1755
p 990).