l{o Inv. l*"ry - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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32t surmonter ses maladresses et sa timidite. Lin autre fait tres positif est que beaucoup d'eleves montent sur scene pendant leur scolarite, grace aux pieces de théâtre et aux declamations organisees a intervalles reguliers. Par contre, I'importance donnée au "par coeur" est elle aussi un peu dépassee dans la penseeducative du XVIII'siecle. Il manque aux eleves la possibilite d'observer, de constater des faits, d'examiner la nature. Les jésuites insistent sur la nécessaire qualite du professeur, peut-étre moins sur l'esprit inventif de l'élève, ce qui ne veut pas dire sur sa participation, puisqu'ils interdisent - officiellement, er dans le "Rario studiorum" - le cours dicte, et favorisent I'eveil et I'interêt des enfants pendant la classe, ce qui constitue la encore un aspect très moderne de leur éducation. Le cours est coûstitue des matières du trivium et du quadrivium. II manque peut-ètre aux eleves des colleges cet élan nouveau vers les sciences de la nature, vers I'histoire ou la geographie. En meme temps, la formation du "Lyzeum" est rès complète en ce qui concerne la physique ou l'astronomie, vu le nombre de scientrfiques de qualite que compte à ce moment-là l'ordre des jesuites. Tres en avance est cette volonte de faire participer pleinement les élèves à la vie du collège, ce sont eux qui composenr la musique qui accompa8ne les pieces de theâtre, ce sont eux qui jouent rJes instruments et chantent a la tribune de leur eglise et preperent les nombreuses fêtes. Les élèves jouissent aussi d'une grande liberte, ils ne se trouvent pas enfermes au collège, peuvent sortir en ville rous les jours et organiser leurs loisirs comme ils I'entendent. Tous ne dorment pas a I internat de l'êcole, ils logent tres souvent chez l'habitant et sont eûcourages a prendre ainsi leur vie personnell en charge. Le college est un lieu de vie intense. c'est l'ufle des grandes caracteristiques des maisons d'avant la suppression de l'ordre, en 1773. Cet esprit se perd ensuite, il n est plus cultive de la même façon après 1814, lorsque la Compagniest rétablie par Pie VIL Jusqu'en 1964, exactenent j0 années, les superieurs generaux n'encouragent plus vraiment la creativite, tout est base sur I'imitation. C'est le père Arrupel qui a son election comme general essaie de faire revivre l'esprit - en fait traditionnel - des collèges iesuites, I esprit I Selon son principe "Deveoir des honmes pour les autres"
322 ignacien type, qui n'est pas par essence l'esprit de rigueur des internats du XIX" siècle. Comme leurs ainés, les pères du XVIII' siècle choisissent d'être des humanistes, et c'est bien une finalite de type humaniste qu'ils poursuivent. Ils semblent reprendre a leur compte la pensee de Montaigne rompant avec la scolastique : 'ce n est pas un corps que l'on dresse, ce n'est pas une âme, c'est un homme". Pour former "tout l'homme", comme dit saint lgnace, on semble faire un moment abstraction de la dissociation traditionnell entre corps et âme. D'une certaine manière, les pêres l'eulent former l'esprit critique de leurs élèves. et préfèrent obtenir plus tard coame le demande aussi saint lgnace, des têtes bien faites plutot que bien pieines. Dans "Les Brands Bédagogues", Pierre Mesnard resume ainsi le projet des jesuitesl : "Le but qu'on se propose est de lâcher a la sortie du college des gens cultives. capables de soutenir dans le monde une discussion brillante et serree sur tous les suyets touchant a la condition humaine, tout cela pour le plus grand profit de la vie social et pour la defense et l'illustration de la religion catholique". C'est plutot la methode qui est remise en question. Tout se passe comme s'il y avait une discontinuité radicale entre le but affirme d'une part, et les méthodes et moyers d'autre part. 0n s'en tient aur langues et a la litterature antiques sans travailler serieusement la langue maternelle et les sciences naissantes. 0n conserve' l'habitude d'une etude trop formelle de tertes d'avant-hier pour prépêrer l"'homme de demain 2. Il esr trop clair que les iésuites, comme les jansenistes et les oratoriens, tenaient ^ l'Ancien Régime. Ce n'est pas pour rien qu'ils continuaienl à conceder dans les êcoles un régime de faveur aur jeunes aristocrates, à un moment ou tout le monde commençait à prôner l'égalite des hommes entre eux. Peut-être cette pedagogie traditionnelle est-elle a I Pierre Mesnard, "Les grands pédagogues" - sous la direction de J. chdiæau - , pp. 4)s (cité par G Avanzioi, op cit.. p 306) 2 G Avanzini, Histoire de la pêdagogie du XVII' siecle à oos iours, Toulouse, l9sl, p 307
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Comme leurs ainés, les pères du XVIII' siècle choisissent<br />
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critique <strong>de</strong> leurs élèves. et préfèrent obtenir plus tard coame le <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
aussi saint lgnace, <strong>de</strong>s têtes bien faites plutot que bien pieines. Dans "Les<br />
Brands Bédagogues", Pierre Mesnard resume ainsi le projet <strong>de</strong>s jesuitesl :<br />
"Le but qu'on se propose est <strong>de</strong> lâcher a la sortie<br />
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C'est plutot la metho<strong>de</strong> qui est remise en question. Tout se<br />
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langues et a la litterature antiques sans travailler serieusement la langue<br />
maternelle et les sciences naissantes. 0n conserve' l'habitu<strong>de</strong> d'une etu<strong>de</strong><br />
trop formelle <strong>de</strong> tertes d'avant-hier pour prépêrer l"'homme <strong>de</strong> <strong>de</strong>main 2.<br />
Il esr trop clair que les iésuites, comme les jansenistes et les<br />
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aristocrates, à un moment ou tout le mon<strong>de</strong> commençait à prôner l'égalite<br />
<strong>de</strong>s hommes entre eux. Peut-être cette pedagogie traditionnelle est-elle a<br />
I Pierre Mesnard, "Les grands pédagogues" - sous la direction <strong>de</strong> J. chdiæau - , pp. 4)s<br />
(cité par G Avanzioi, op cit.. p 306)<br />
2 G Avanzini, Histoire <strong>de</strong> la pêdagogie du XVII' siecle à oos iours, Toulouse, l9sl, p<br />
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