l{o Inv. l*"ry - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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291 lJne chose est certaine, les peres ne font que se servir des apports de I'humanisme, l'esprit dans lequel on travaill est tout autre que la pensée grecquet romaine. Ils utilisent l'éloquence comme un outil, et ne cherchent pas directement à former des orateurs. Même si I'on surveille ses gestes, seS reactions, sa respiration, cette culture doit rester desintéressee pour conduire plus loin. Aussi bien dans leurs eglises baroques que dans leurs pièces de thêâtre, les jesuites refusent l'art pour t'art. Là ou justement on se donne le plus de peine pour arriver à I'image ou à I'effet recherché, le résultat est ailleurs. 0n retrouve dans nombre de pieces une structure en fait issue du thêâtre grec, que saint lgnace emploie egalement dans les "Exercices spirituels". Le mouvement est le suivant : le choc, la catharsis, [e denouemenr. Les themes traite s'y prêtent d'ailleurs assez naturellement : mort et rêdemption, péche et vertu, terre et ciel, vie humaine et transcendance, aujourd'hui et demainl... Goethe, de passage au collège de Ratisbonne en 17832. note ce souci des peres de la Compagnie3 : 'Je me trouvais au college des jésuites a Ratis'oonne. ou les eier-es iouaient la piece de théatre annuelle, je i E. Srorotu Das Tesuirendrama in deutschen Soracheebiei. Eine Periocben-Edition Texte und Komnentare. Muocben l')79, p 12 2 Donc dix ans après la suppression canocique de l'ordre, mais pltrsieurs anciens jésuiæs étaient encore eD. poste au collège. 3 ;,W v Goethe, Italienische Reise. Ausgabe l$67 Bd 19 S. 4 'lch verfugte mich in Regensburg in das Jesuiten- [ollegium, vo das jahdiche Schauspiel durch Schuler gegeben ward, sah das Ende der Oper und den Anfang des Tratterspiels (,.,) Auch diese offentliche Darstellung hat nich von der Elugheit der Jesuiten auf's netre ttberzeugt. Sie verschrnahten oicÀts, vas irgead virEen Eonnte, und vuBtea es nit Liebe und Aufmerksamkeit zu behandeln Hier ist nicht t'lugheit vie nan sie sich it abstracto denkt, es ist eine Freude ao der Sache dabei, eio it{it- und Selbstgeaul3, vie er aus dem Gebrauche des Lebens entspringt. Wie diese grotle geistliche Gesellschaft Orgelbauer, Bildschniuer und Vergulder unter sicb hat, siod gewil} auch eiaige, die sich des Theaters mit Kenntnis und Neigung annéhmen. und wie durch gefalligen Pruok sie ihre liirchen auszeicbnen, so bemâchtigen sich hier die einsichtigen Manner der weltlichen Sinnlichkeit durch ein ansbndiges Theater." (Citc par K. Edinghagen, llathotische Bildung in Barock. Haanover ,1972, p. 130i.
292 vis la fin de l'opéra et le début de la pièce. (...) Cette représentation publique m'a coovaincune fois de plus du savoir faire des jésuites. Ils ne reculent devant rien qui puisse avoir un effet quelconque, et présentett les choses avec amour et attention. Leur intelligence n'est pas celle qu'on pourrait concevoir dans I'abstrait, c'est la joie qu'il y a à Icavailler et le plaisir qu'il y a à participer, tel qu'il nait de [a vie elle-méme." tlne pièce de théâtre scolaire n'est pas seulement la presenration publique du travail effectué, elle entre pour les pères dans le cadre de leur pasrorale, oeuvre à laquelle ils ont su faire participer les élèves eux-mêmes. LIne pièce de théâtre jésuite est à la fois une predication, une exhortation et une confession de foi. L'æuvre de Jakob Bidermann'est qu'une Srande fresque sous forme dramatique, où il cétèbre comm en prêchant le triomphe de la charité et la gloire du Père. La conception fondamentale reste constante, la scène ne doit servir qu'à la glorification de l'EBlise victorieuse, jouer montre comment le royaume de Dieu se construit et devient sans cesse davantage [ui-même, par la vie des hommes et à un niveau plus concret, grâce aux missions. Les évênements evoques prennent soudain une importance beaucou plus profonde gue les personnaBes représentés. Le titre des pièces - c'est souvent le nom du personnage' principal, tout simplement -, est accompagné de quelques mots d'erplication sur la couverture du programme ou du texte. C'est un signe bien concret de la pensée qui s'est développée au sein de la Compagnie. Sur scène, I'histoire, I'art, la foi, la philosophie, les conflits potitiques ou les problènes de société incarnentoute uûe conception du monde. Sans cesse dans les collèges, il est question des principes du bien et du ma1 de la duatité du corps et de l'esprit, de l'accomplissement de l'étre, de I'opposition du temps et de l'éternite, du choix entre la damnation et la gloire. Les sujets que les pères abordent se prêtent volontairement à cela lorsqu'ils traitent des qualités de La personnalité, de la noblesse du caractère, de la reputation et des honneurs, de la ricbesse, des vertus. de l'amitié, de la souffrance, du iuste et de I'iniuste, des conventions, de la crainr et de [a honte, de I'envie et de la pirié. de l'émulation, du pouvoir en place... De nombreuses pièces traitent aussi d'un sujet historique, qu'il soit tiré de l'histoire sacree. profane ou lêgendaire. Mais les pères ne
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baroques que dans leurs pièces <strong>de</strong> thêâtre, les jesuites refusent l'art pour<br />
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ou à I'effet recherché, le résultat est ailleurs.<br />
0n retrouve dans nombre <strong>de</strong> pieces une structure en fait<br />
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mort et rê<strong>de</strong>mption, péche et vertu, terre et ciel, vie humaine et<br />
transcendance, aujourd'hui et <strong>de</strong>mainl...<br />
Goethe, <strong>de</strong> passage au collège <strong>de</strong> Ratisbonne en 17832. note<br />
ce souci <strong>de</strong>s peres <strong>de</strong> la Compagnie3 :<br />
'Je me trouvais au college <strong>de</strong>s jésuites a Ratis'oonne.<br />
ou les eier-es iouaient la piece <strong>de</strong> théatre annuelle, je<br />
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Texte und Komnentare. Muocben l')79, p 12<br />
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jésuiæs étaient encore eD. poste au collège.<br />
3 ;,W v Goethe, Italienische Reise. Ausgabe l$67 Bd 19 S. 4<br />
'lch verfugte mich in Regensburg in das Jesuiten-<br />
[ollegium, vo das jahdiche Schauspiel durch Schuler gegeben<br />
ward, sah das En<strong>de</strong> <strong>de</strong>r Oper und <strong>de</strong>n Anfang <strong>de</strong>s Tratterspiels<br />
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Elugheit <strong>de</strong>r Jesuiten auf's netre ttberzeugt. Sie verschrnahten<br />
oicÀts, vas irgead virEen Eonnte, und vuBtea es nit Liebe<br />
und Aufmerksamkeit zu behan<strong>de</strong>ln Hier ist nicht t'lugheit<br />
vie nan sie sich it abstracto <strong>de</strong>nkt, es ist eine Freu<strong>de</strong> ao <strong>de</strong>r<br />
Sache dabei, eio it{it- und Selbstgeaul3, vie er aus <strong>de</strong>m<br />
Gebrauche <strong>de</strong>s Lebens entspringt. Wie diese grotle geistliche<br />
Gesellschaft Orgelbauer, Bildschniuer und Vergul<strong>de</strong>r unter<br />
sicb hat, siod gewil} auch eiaige, die sich <strong>de</strong>s Theaters mit<br />
Kenntnis und Neigung annéhmen. und wie durch gefalligen<br />
Pruok sie ihre liirchen auszeicbnen, so bemâchtigen sich hier<br />
die einsichtigen Manner <strong>de</strong>r weltlichen Sinnlichkeit durch<br />
ein ansbndiges Theater."<br />
(Citc par K. Edinghagen, llathotische Bildung in Barock. Haanover ,1972, p. 130i.