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263 C'est aussi Christoph Scheiner qui invente en 1622 à Ingolstadt le pantographel, qui permet d'agrandir ou de réduire mecaniquement, dessins ou croquis2. Les pères publient surtout quantité de livres d'arithmétique, sur les logarithmes, La géométrie analytique, I'hydrolique et I'hydrosratique, 1'hydrographie... En astronomie, ils calculenr avec les élèves des colleges des trajectoireS de comètes, les taux des marées, font des calendriers... [,ne ambiguite de fond subsistait. A vouloir considérer la science comme un moyen en vue d'une fin, bien des observations réelles s'opposaient a l'idee d'un "s1'51èûle" fermé - celui de Ptolémée par exemple - que !'on aurait voulu élaborer et conserver pour représenter l'unil'ers. Il n'aurait dù y avoir aucune place possible pour le doute3. L'universite d'lngolstadr etait tes représentative de cette tendance. qui posait plusieurs questions fondamentales quani à l'activite de la Compagnie au lVIil" siècle. Ordie moderne se vouiant a la pointe du progrès. la Compagnie travaille dans un double rapport a I'Eglis et au monde, mais elle re*{te tributaire des orientations de Rorne, de la theologie et de l'ecclésiologie du concile de Trenre, et confroûtée par ailleurs à une tâche missionnaire complese. Affronree par vocation aur debats de la culture, de 'la science. cles rechniques, de I'economie. de I'economie politique, elle conservait vivante au X\illl'siècle une conception de I'homme, de Ia liberté er de I'action élaborée au XYi", malgre deur siècles d'histoire, d'évolution, de conrroverse... Elle ne parvenait pas à intégrer la pensee nouvellet. Les methodes, 6'2r,'aîl-Barde au XVI' siecle, avaienl conservé et conservaieflt un contenu ancien et vieilli, à commencer par le domaine de la piété populaire telle que la concevaient les pères. C'est sous la pression du pouvoir politique que les choses evoluent lentementS. Au collège de Passau, le gouvernement autrichien, I Le terme lui-même date de 1743 (Dictionaaire "Robert") 2 B. Hubensteiner. op cit, p 19 3 luid. p zi, r J Lortz, Geschichte der l.irche in ideenseschichtlicher Betrachtung (Bd 2 : Die Neuzeit), ilIuoster, 1964, p. 155 5 D'une naniere genêrale, t'Eglise de la première noitié du XVIII' siècle n'est pas "progressisæ" Un-sigoe, entre 1730 et 17,{0, ClemeotXII faitrevetir pour la seconde

264 porJsse par les opposants aux jésuites, intervienr par deux fois, en 1747 pour faire enseigner l'histoire et surtout l'arithmétique dans les classes du "Gymnasium', en lTjZ pour la géographiet l'allemandl. En philosophi et théologie, une sorte de stagnarion se fair sentir très fortement. Pas une fois les élèves ne lisaient vraiment Aristote, on ne leur en donnait que des éditions spiritualisées2. C'etait la même chose pour Plutarque3. Les pères utilisent au XVIII" siecle une néo-scolastique qu'ils appellent eur-mêmes comme cela. La seizieme congregation générale cle 1730 rappelle encore la necessire d'adapter les theses d'Aristo[e, en physique par exemple{. Comme les oratoriens, certains jesuites sont suspects à la hierarchie, non sans raison car ils se situent en porle à faux, ne parvenant, pas comae ils le voudraient a christianiser le profane, ce que le concile avait "oublié" de faire. La Réforme égalemenr... Comment l'EBlise aurait-elle pu accueillir la science nais.çante quand la Genese continuait d'être tenue pour le recit fidèle de [a création] ? Peu a peu, les universites du Sud de l'Allemagne apparaisseni colome etant moins a la hauteur ou a la page que celles du Nord6. Alors qu au XVII' siecle, les iésuites avaient eu un rôle préponcleraut dans la culture et la civilisation de l'époque baroque, l"'Auflilarung' mertait fin a l'influence d'une tradition de pensee de laquelle tout le monde -s eloignait. méme au sein de I'Eglise. It etaii inpossible de tenir un systeme scolaire base sur saint Thomas ou Aristote - que rroulair espressémenr saint lgnace, suivant en cela les dominicainsT -, aiors que l'influence de Descartes, Newton et Locke, Leibniz. Wolt'f. Voltaire fois de I'histoire les persoonages du 'Jugement dernier" a la Sirtine (cf C Dejob, De l'influeoce du concile de Trenæ sur la litterature et les beaux-arts, Paris, 1.$8a, p 2i8 ) I À. Aigo, Geschichte des Gvmoasiums Passau, Passau, 1962, p.79. 3 A. Iiluckhohn. Die Jesuiæn in Bavern nit besonderer Rucksichr auf ihre Lehrtarig[eit (in :Hisrorische Zeitschrifr, Bd. 31. l$74, S. 3,{3-{15). Munich. 1S7a. p 3.S6 3 C, Deiob, De l'influence du concile de Trente sur la litterarur er les beaur-arrs. Paris. lE$4, p 16l. + j ili Valentin, Le théàtre des Jêsuites dans les pays de langue allemande ( l1r4-l6E0i, Bern, 1973, p ll 5 Cf J, Deluneau, Le catholicisnentre Luther et Voluire, Paris, 1971, p i27 . 6 C. Pranil, Geschichte der Ludwid-ltlaximilian-thiversitat in Ingolstadt. Landshut. tr{unchen, }lunchen, 1872, tone L p 5+S. 7 F. de Daioville, Les iésuites et l'èducation de la societe francaise, Paris, t94tr, p. 1,3.

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porJsse par les opposants aux jésuites, intervienr par <strong>de</strong>ux fois, en 1747<br />

pour faire enseigner l'histoire et surtout l'arithmétique dans les classes du<br />

"Gymnasium', en lTjZ pour la géographiet l'allemandl.<br />

En philosophi et théologie, une sorte <strong>de</strong> stagnarion se fair<br />

sentir très fortement. Pas une fois les élèves ne lisaient vraiment Aristote,<br />

on ne leur en donnait que <strong>de</strong>s éditions spiritualisées2. C'etait la même chose<br />

pour Plutarque3. Les pères utilisent au XVIII" siecle une néo-scolastique<br />

qu'ils appellent eur-mêmes comme cela. La seizieme congregation générale<br />

cle 1730 rappelle encore la necessire d'adapter les theses d'Aristo[e, en<br />

physique par exemple{.<br />

Comme les oratoriens, certains jesuites sont suspects à la<br />

hierarchie, non sans raison car ils se situent en porle à faux, ne parvenant,<br />

pas comae ils le voudraient a christianiser le profane, ce que le concile<br />

avait "oublié" <strong>de</strong> faire. La Réforme égalemenr... Comment l'EBlise aurait-elle<br />

pu accueillir la science nais.çante quand la Genese continuait d'être tenue<br />

pour le recit fidèle <strong>de</strong> [a création] ?<br />

Peu a peu, les universites du Sud <strong>de</strong> l'Allemagne<br />

apparaisseni colome etant moins a la hauteur ou a la page que celles du<br />

Nord6. Alors qu au XVII' siecle, les iésuites avaient eu un rôle<br />

préponcleraut dans la culture et la civilisation <strong>de</strong> l'époque baroque,<br />

l"'Auflilarung' mertait fin a l'influence d'une tradition <strong>de</strong> pensee <strong>de</strong><br />

laquelle tout le mon<strong>de</strong> -s eloignait. méme au sein <strong>de</strong> I'Eglise. It etaii<br />

inpossible <strong>de</strong> tenir un systeme scolaire base sur saint Thomas ou Aristote -<br />

que rroulair espressémenr saint lgnace, suivant en cela les dominicainsT -,<br />

aiors que l'influence <strong>de</strong> Descartes, Newton et Locke, Leibniz. Wolt'f. Voltaire<br />

fois <strong>de</strong> I'histoire les persoonages du 'Jugement <strong>de</strong>rnier" a la Sirtine (cf C Dejob, De<br />

l'influeoce du concile <strong>de</strong> Trenæ sur la litterature et les beaux-arts, Paris, 1.$8a, p 2i8 )<br />

I À. Aigo, Geschichte <strong>de</strong>s Gvmoasiums Passau, Passau, 1962, p.79.<br />

3 A. Iiluckhohn. Die Jesuiæn in Bavern nit beson<strong>de</strong>rer Rucksichr auf ihre<br />

Lehrtarig[eit (in :Hisrorische Zeitschrifr, Bd. 31. l$74, S. 3,{3-{15). Munich. 1S7a. p<br />

3.S6<br />

3 C, Deiob, De l'influence du concile <strong>de</strong> Trente sur la litterarur er les beaur-arrs. Paris.<br />

lE$4, p 16l.<br />

+ j ili Valentin, Le théàtre <strong>de</strong>s Jêsuites dans les pays <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong> ( l1r4-l6E0i,<br />

Bern, 1973, p ll<br />

5 Cf J, Deluneau, Le catholicisnentre Luther et Voluire, Paris, 1971, p i27 .<br />

6 C. Pranil, Geschichte <strong>de</strong>r Ludwid-ltlaximilian-thiversitat in Ingolstadt. Landshut.<br />

tr{unchen, }lunchen, 1872, tone L p 5+S.<br />

7 F. <strong>de</strong> Daioville, Les iésuites et l'èducation <strong>de</strong> la societe francaise, Paris, t94tr, p. 1,3.

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