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253 werde verstanden sein"l. Son successeur Adam-Friedrich v. Seinsheim est plus decidé encore à renouv-eler l'enseignement. Sans tenir compte de I'avis cles jesuites, il ordonnen 1715 une réforme de type philanthropique pour les étabtissements scolaires2. On ne peut nier qu'il eriste une "Aufklarung" carholique, les lumieres ne touchent pas seulement les milieux ou les pays protestatts. Les pères continuent de penser que la langue maternelle ne peut que gêner celui qui doit apprendre le latin et le grec. Dans bien des cas. en tant qu'écoles humanistes où les etudes sont couronnees par la theologie, les colleges délaissent volontairement l'allemand dans la formation des fururs jesuites ou théologiens. De fait, I'allemand n'est pas eûcore passé au début du siecle dans les mains de ceux qu'on appellera plus tard les classiques. Personne n'est autorisé à Ie parler, ni en classe ni en prive en ce qui concerne les professeurs, ni dans le travail ni aux récrêations en ce qui concerne les élèves. Ils parviennent tous assez vite à suivre les cours et la prédication. 0n traduit bien sùr de temps en temps en allemand, mais c'est suftout pour s'assurer de'la compréhension. Au milieu du siècle neanmoins, un mouvemeût se fait jour, influencê par la double ertension des lumieres et du pietisme. Dans certaines grammaires latines, on trouve en note des remarquesur la langue allemande. Quelques voir - chez les jésuites aussi - s'élevent pour favoriser le mouvement. Le père Mederer par exemple salue cette nouvelle tendance. Il écrit en 1756 en se désolant3 : "Après de nombreuses années. après des efforts enormes, après des iours et des nuits 'passês à travailler les langues anciennes et mortes, nous ne pouvions même pas rédiger ou parler correctement dans notre propre langue, et rie pouvions la lire qu'à grande peine." Johann-Baptist Fuchs, ce iuriste de Cologne qui avait éié élève au cotlège Saint-Michel de Munstereifel. raconte comment en 1770, un scolastique. "Jakob Kamphausen de Dusseldorf était tellement en avance I lvl. Spindler, Handbuch der bav. Geschichtelll Bd. 3 : Franken, Schvaben. Oberpfalz bis zum Ausgang des l3 Jahrhunderts, Munchen, 1971, p'694. 3 luia, p 6e5 3 Cite par C. Grober,Geschichte des lesuiænkoltess in Konstanz, Konstanz, l90a' p.81.

254 qu il enseignait, plus des cours habituels en latin, aussi en allemand, et qu'il faisait composer et déclamer chaque semaine aux éleves des poèmes allemands"l. il,lais méne en 1770, cela reste erceptionnel. Par ailleurs, est inrèressanr de voir côËment la néthode du cours en allemand est impregnee de celle des cours de latin et grec. 0n commence par des exercices de srvle, a partir d'une chrestomathie, un recueil de textes, on lit ensuite des poènnes de Gellert, l"'Ossian", les premiers uhants du "il{essias" de Klopstock, er on approche la theorie littéraire gràce à des cÈuvres comme celles de Batleurl. 0n s'apercoit en lisant cette "Epistola", un exercice sous forme de lettre qu'un eleve redig en 1782, un peu apres la suppression de la Compagnie, comûent I'ancien idéal d'éloquence transparait dans ces quelques lignes. En decrivant un paysage, l'elève emploie un style inspiré des modeles antiques, et truffe d'ajoutsS : 'Devant moi s'étend le lac Kochelsee, comme une vasle plaine ou se mire le soleil à I'infini, et plus loin vers ie Nord un grand nombre de champs et de prairies, que la besogne perseverante du pa,v-san a fait fleurir jusque dans ces contrees fraiches. iVIais rien n'est aussi remarquable que la vue des montagnes énormes. que les mains de la nature ont disposé presqu'a la verticale. Ces piliers solides et majestueul d'une construction si vaste et si haute, ce squelette, ces côtes de la terre, la mere du genre humain. sont lâ, dépourvus de toute couleur verte, et seulement atteints de temps en temps par les stigmates du tonnerre, ils sont la comme la main toute puissante du qèateur les a faits naitre. ils ont survècu à des myriades d'hommes et sont restés inchangés malgré les innombrables revolutions que la patrie a connues." A partir de 1760, plusieurs livres de grammaire allemande composés par des jésuites font leur apparition dans les colleges d'Allenagne du Sud. En 1763,le père lVeittenauer de Munich publie un perit manuel sur les difficultés de la langue allemande, conûu sous le nom t H. I.iupper, Das St. Michael-Gvmnasium zu ùftinstereifel, Munsterteifel, 1975. p 13. ! Cbarles Batteux (1713-l7S0l, critique littéraire français, il ainfluencé Gottscbed et Schlegel 3 S. Hafner,400 lahre Filhelmssvmoasium,lllunchen, 19t9, p. lltl.

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qu il enseignait,<br />

plus <strong>de</strong>s cours habituels en latin, aussi en allemand, et<br />

qu'il faisait composer et déclamer chaque semaine aux éleves <strong>de</strong>s poèmes<br />

allemands"l. il,lais méne en 1770, cela reste erceptionnel. Par ailleurs,<br />

est<br />

inrèressanr <strong>de</strong> voir côËment la nétho<strong>de</strong> du cours en allemand est<br />

impregnee <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> latin et grec. 0n commence par <strong>de</strong>s<br />

exercices <strong>de</strong> srvle, a partir d'une chrestomathie, un recueil <strong>de</strong> textes, on lit<br />

ensuite <strong>de</strong>s poènnes <strong>de</strong> Gellert, l"'Ossian", les premiers uhants du "il{essias"<br />

<strong>de</strong> Klopstock, er on approche la theorie littéraire gràce à <strong>de</strong>s cÈuvres comme<br />

celles <strong>de</strong> Batleurl.<br />

0n s'apercoit en lisant cette "Epistola", un exercice sous<br />

forme <strong>de</strong> lettre qu'un eleve redig en 1782, un peu apres la suppression <strong>de</strong><br />

la Compagnie, comûent I'ancien idéal d'éloquence transparait dans ces<br />

quelques lignes. En <strong>de</strong>crivant un paysage, l'elève emploie un style inspiré<br />

<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>les antiques, et truffe d'ajoutsS :<br />

'Devant<br />

moi s'étend le lac Kochelsee, comme une<br />

vasle plaine ou se mire le soleil à I'infini, et plus loin<br />

vers ie Nord un grand nombre <strong>de</strong> champs et <strong>de</strong><br />

prairies, que la besogne perseverante du pa,v-san a fait<br />

fleurir jusque dans ces contrees fraiches. iVIais rien<br />

n'est aussi remarquable que la vue <strong>de</strong>s montagnes<br />

énormes. que les mains <strong>de</strong> la nature ont disposé<br />

presqu'a la verticale. Ces piliers soli<strong>de</strong>s et majestueul<br />

d'une construction si vaste et si haute, ce squelette, ces<br />

côtes <strong>de</strong> la terre, la mere du genre humain. sont lâ,<br />

dépourvus <strong>de</strong> toute couleur verte, et seulement<br />

atteints <strong>de</strong> temps en temps par les stigmates du<br />

tonnerre, ils sont la comme la main toute puissante du<br />

qèateur les a faits naitre. ils ont survècu à <strong>de</strong>s<br />

myria<strong>de</strong>s d'hommes et sont restés inchangés malgré<br />

les innombrables revolutions que la patrie a connues."<br />

A partir <strong>de</strong> 1760, plusieurs livres <strong>de</strong> grammaire alleman<strong>de</strong><br />

composés par <strong>de</strong>s jésuites font leur apparition dans les colleges<br />

d'Allenagne du Sud. En 1763,le père lVeittenauer <strong>de</strong> Munich publie un<br />

perit manuel sur les difficultés <strong>de</strong> la langue alleman<strong>de</strong>, conûu sous le nom<br />

t H. I.iupper, Das St. Michael-Gvmnasium zu ùftinstereifel, Munsterteifel, 1975. p 13.<br />

! Cbarles Batteux (1713-l7S0l, critique littéraire français, il ainfluencé Gottscbed et<br />

Schlegel<br />

3 S. Hafner,400 lahre Filhelmssvmoasium,lllunchen, 19t9, p. lltl.

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