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t6r surtout, les plaintesont rêgulieres aupres du père recteur contre ceux qui vont à la pêche dans des etangs loues par des habitants de la villel. Le college d'Amberg ne semble pas avoir eu que des élèves paisibles : en t760,le magistrat envoie une délégation au recteur, les élèr.'es passent rrop de temps dans les auberges, et d'une manière générale, boiventrop2. A Innsbruck, c'est le carnaval qui tourne nal, les étudiants cassent des vitres aur fenêtres des maisons, et â plusieurs reprises, il a fallu par la suite interdire les masques. Gérer la présence des élèves dans les villes n'était donc pas une affaire des plus simples. En ce qui concerne maintenant la tenue de chacun en particulier, les prescriptions portent d'abord sur les cheveur longs. Le père provincial lui-même se plaint des "chevelures trop longues et mal soignées, comme les ont les valets de ferme et d'écurie. Une longueur qui ne cache pas le visage et ne tombe pas sur les epaules peut être plus facilement tolérée". D'après les "Consuetudines generales" de 1630, les cheveur longs ne sont permis qu'aux seuls nobles3. Plus grave encor est le port d'une plume au chapeaui : on ne tolère pas une telle désinvolture ! Les eleves sont, aussi rappeles à l'ordre s'ils se promenent, ville sans leur manteau bleu, qui est pour tous le symbole de l'étudiant. Johann-Baptist Fuchs, un juriste de Colognentre comffie elève au collège de Munstereifel en t770, raconte dans ses souvenirs de ieunesse comment il habite alors en ville dans différentes families, et cle quelle façon ses camarades et lui achètent un jour une bouteille d'eau de vie et quelques raisins secs. "Nous nous sommes assis tout en bas des escaliers qui descendaient vers la rivière, et qn jubilant. nous avons dêguste avec dêlice ce petit dêjeuner de perversion"5, Mais les cris d'allégresse semblent avoir été un peu forts, de sorte que ce genre de petit déjeuner ne devint jamais une habitude... I II. Batzl, Geschichte des Erasmus-Gymnasiums Anberq, Araberg, 1976, p. 31. 2 mic., p. 3s. 3 Y. Bauer, Aus den Diarium GEmnasii Sl Monaceasis, Munchen, 1S78, p. l), { Ibid,, p 15 et H. Batzl, Geschichte des Erasmus-Gvmnasiums Amberg, Amberg, p. 34 5 "So vareo urserer einige, die sich io llompagnie eio Kanachen Branntvein und Rosinen kaufæn, Fir seuten uns dann auf die tiefen Treppen, die zurn Bach fuhrten und verschnausten im Jubel dieses verderbliche Fruhstuck" (H. Iiupper, Das St, lfichael-Gymnasiun zu ilIuostereifel. r1luostereifel, 197], p. 13).

t62 La présence turbulente des garÇons des collèges ne semble pas être appreciée par toutes les municipalités. En particulier a certaines occasions. Les élèves avaient ainsi pris l'habitude d'assister a Munichl et Munstereifel aux éxécutions publiques, depuis que les responsables civils en avaient donne expressement l'ordre aux recteurs le 5 mai 1695 (ils at'aient souhaité jusque là que les élèves n'assistent pas a ce specracle, et le 5 mai 1673,le recteur en place fit même fermer toutes les portes de I êcole pour que personne ne puiss en sortir2). fulais vers la fin du TVIII' siècle, c'est la vilie elle-même qui demande aux pères de garder chez eux les éleves jusqu'à la fin de l'éxécution publique d'un certain Michael Ïafelmayer de Rosenberg. Ce qui montre de quelle maniere les etudiants devaienr se mettre à hurler... C'est en pensant à cette charge pour les peres, de devoir supporter tous ces élèves difficiles, que le géneral compare La tâche d'éducation en Europe à la mission en 0rient : parfois un véritable nartl'p3. Comment les professeurs et le recteur reagissent-ils en de telles circonstances ? Ils tiennent a une disciplin extérieure sfficte, c est une chose certaine. lvtais selon les principes pedagogiques jesuites, les punitions ne sont en géneral ni très sévères, ni très frequentes. 0n préfère la dissuasion comme moyen preventif, ou parler avec un eleve de son attitude, plutôt que de mettre en pratique un catalogue de punitions, distribuees de façon automatique. Les documents emis par la prorrince d'Autriche rappellent eû 1736 qu'il faur toujours avertir avanr de punir, fermer les veux lorsqu'il û'y a pas de dommages a craindre, ne pas être impulsif et s'abstenir de toute surveillance indiscrercq, It doit etre manifeste que la punition est donflèe à contrecæur5. Eile ne doit jamais l g. Bauer, Ausdem Diarium G..rmnasii SJ il{onacensis. illunchen, lt7S, p 19 (pour les peadaisons d'hérétiques tout spécialemen [). 2 G. Ho.'er, Da riecht's nach Jesuitenpulver, Frankfurt iM..1972, p j4 3 F. Charmot, La $edagoSie des jesuites, Paris, l9)1, p. 49 { B, Duhr, Die Studieoordnung der Gesellschaft Jesu. Freiburg i 8,, 1396, p. a9. -T Les choses û'oût pas toujours été aussi sinples, oo ûoce qu'en 1704, les elèves de Graz se révoltent cootre les pères avec le slogan "ad arma, ed orma !" en coatrepoint à 'ad majorem Dei gloriam" pour uoe questioo de sanctions (F, v. Krones, Geschichte der Karl Franzens-Universitat in Graz,Graz,IEES, p. 333) Un cas analogue se reproduit en 1729 iL Heiligenstadt après une décision iajuste (F. Grimme, Festschrift zu der -1 Sacularfeier des Gymoasiums zu Heilieenstadt, Heiligeostadt, 1875, p. I0).

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surtout, les plaintesont rêgulieres aupres du père recteur contre ceux qui<br />

vont à la pêche dans <strong>de</strong>s etangs loues par <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la villel. Le<br />

college d'Amberg ne semble pas avoir eu que <strong>de</strong>s élèves paisibles : en<br />

t760,le magistrat envoie une délégation au recteur, les élèr.'es passent rrop<br />

<strong>de</strong> temps dans les auberges, et d'une manière générale, boiventrop2.<br />

A Innsbruck, c'est le carnaval qui tourne nal, les étudiants<br />

cassent <strong>de</strong>s vitres aur fenêtres <strong>de</strong>s maisons, et â plusieurs reprises, il a<br />

fallu par la suite interdire les masques. Gérer la présence <strong>de</strong>s élèves dans<br />

les villes n'était donc pas une affaire <strong>de</strong>s plus simples.<br />

En ce qui concerne maintenant la tenue <strong>de</strong> chacun en<br />

particulier, les prescriptions portent d'abord sur les cheveur longs. Le père<br />

provincial lui-même se plaint <strong>de</strong>s "chevelures trop longues et mal soignées,<br />

comme les ont les valets <strong>de</strong> ferme et d'écurie. Une longueur qui ne cache<br />

pas le visage et ne tombe pas sur les epaules peut être plus facilement<br />

tolérée". D'après les "Consuetudines generales" <strong>de</strong> 1630, les cheveur longs<br />

ne sont permis qu'aux seuls nobles3. Plus grave encor est le port d'une<br />

plume au chapeaui : on ne tolère pas une telle désinvolture ! Les eleves<br />

sont, aussi rappeles à l'ordre s'ils se promenent,<br />

ville sans leur manteau<br />

bleu, qui est pour tous le symbole <strong>de</strong> l'étudiant.<br />

Johann-Baptist Fuchs, un juriste <strong>de</strong> Colognentre comffie<br />

elève au collège <strong>de</strong> Munstereifel en t770, raconte dans ses souvenirs <strong>de</strong><br />

ieunesse comment il habite alors en ville dans différentes families, et cle<br />

quelle façon ses camara<strong>de</strong>s et lui achètent un jour une bouteille d'eau <strong>de</strong><br />

vie et quelques raisins secs. "Nous nous sommes assis tout en bas <strong>de</strong>s<br />

escaliers qui <strong>de</strong>scendaient vers la rivière, et qn jubilant. nous avons<br />

dêguste avec dêlice ce petit dêjeuner <strong>de</strong> perversion"5, Mais les cris<br />

d'allégresse semblent avoir été un peu forts, <strong>de</strong> sorte que ce genre <strong>de</strong> petit<br />

déjeuner ne <strong>de</strong>vint jamais une habitu<strong>de</strong>...<br />

I II. Batzl, Geschichte <strong>de</strong>s Erasmus-Gymnasiums Anberq, Araberg, 1976, p. 31.<br />

2 mic., p. 3s.<br />

3 Y. Bauer, Aus <strong>de</strong>n Diarium GEmnasii Sl Monaceasis, Munchen, 1S78, p. l),<br />

{ Ibid,, p 15 et H. Batzl, Geschichte <strong>de</strong>s Erasmus-Gvmnasiums Amberg, Amberg, p. 34<br />

5 "So vareo urserer einige, die sich io llompagnie eio Kanachen Branntvein und<br />

Rosinen kaufæn, Fir seuten uns dann auf die tiefen Treppen, die zurn Bach fuhrten<br />

und verschnausten im Jubel dieses ver<strong>de</strong>rbliche Fruhstuck" (H. Iiupper, Das St,<br />

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