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Les promesses non tenues des projets SOA

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Architecture <strong>SOA</strong> – Module IVa<br />

Reproduction de l’article de 01-Informatique publié sur le site du journal à l’adresse :<br />

http://www.01informatique.fr/infrastructures-stockage-serveurs-116/<strong>projets</strong>-soa-45499/<br />

Enquête de Vincent Berdot, 4 février 2009.<br />

<strong>Les</strong> <strong>promesses</strong> <strong>non</strong> <strong>tenues</strong> <strong>des</strong> <strong>projets</strong> <strong>SOA</strong><br />

Une fois mises en œuvre, les architectures orientées<br />

services ont peu à voir avec les espoirs qu’elles<br />

avaient suscités. Elles restent surtout cantonnées à<br />

<strong>des</strong> <strong>projets</strong> d’intégration technique.<br />

Ce qui marche ou pas<br />

<strong>Les</strong> points de satisfaction<br />

• Maturité de l’infrastructure technique Soap, UDDI, WSDL... la « quincaillerie »<br />

technique proposée par les suites d’infrastructure est mûre pour l’intégration d’applications<br />

standardisée.<br />

• Des <strong>projets</strong> tactiques : ils s’appliquent avec succès dans <strong>des</strong> <strong>projets</strong> locaux. C’est là que la<br />

transposition d’objets métier en services métier est la moins complexe.<br />

<strong>Les</strong> points d'achoppement<br />

• L’approche service sans l’urbanisation : la conception de services métier réutilisables<br />

devient plus complexe lorsque le SI n’a pas été catalogué.<br />

• Un ROI encore à démontrer : difficile à calculer.<br />

• Une réorganisation <strong>des</strong> équipes IT relativement lourde : la mise à jour <strong>des</strong> services<br />

exige la mobilisation d’un très grand nombre de personnes.<br />

Avec son billet publié sur son blog, an<strong>non</strong>çant la mort <strong>des</strong> architectures orientées services<br />

(<strong>SOA</strong>), Anne Thomas Manes, vice-présidente de Burton Group, a déclenché une avalanche de<br />

réactions. Selon elle, ces <strong>SOA</strong>, uniquement appréhendées sous l’angle de la technologie,<br />

mériteraient de disparaître.<br />

Il est vrai que la cote <strong>des</strong> architectures <strong>SOA</strong> a baissé avec les valeurs boursières. Il y a encore<br />

un an, tous les acteurs de l’informatique s’étaient emparés du terme – à défaut de s’en<br />

approprier les concepts – et le déclinaient à l’envi dans leurs présentations et leurs lancements<br />

de produits. Cette époque est révolue.<br />

Ce terme serait devenu une coquille vide voire un gros mot. Qu’on se rassure, c’est bien<br />

l’utilisation de cet acronyme (Service-oriented architecture) qui est remis en cause, et <strong>non</strong> son<br />

principe. Le débat lancé par Anne Thomas Manes a le mérite de révéler un malaise qui<br />

couvait depuis plusieurs mois. Il tient du décalage trop criant entre les <strong>promesses</strong><br />

révolutionnaires avancées par les promoteurs de ce type d’architecture et les résultats sur le<br />

terrain. En effet, qu’ils se soient soldés par <strong>des</strong> succès ou <strong>des</strong> échecs, ces <strong>projets</strong> ne font pas,<br />

ou si peu, appel à <strong>des</strong> « processus transversaux », à <strong>des</strong> « services métiers réutilisables »,<br />

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encore moins à <strong>des</strong> « architectures évolutives ». Ces éléments étaient pourtant au cœur <strong>des</strong><br />

<strong>promesses</strong>. <strong>Les</strong> architectures orientées services devaient casser les approches par silos,<br />

autrement dit la logique applicative, et les remplacer par <strong>des</strong> processus faisant intervenir <strong>des</strong><br />

composants métier mutualisés par les différentes divisions de l’entreprise. Elles promettaient<br />

également de dissocier cette logique métier de la cuisine technique qui sert à les mettre en<br />

œuvre.<br />

Seulement, dans la pratique, ces architectures répondent la plupart du temps à une logique<br />

avant tout… technique. Quoi de plus naturel puisqu’elles ont d’abord été promues par <strong>des</strong><br />

fournisseurs de middleware. « <strong>Les</strong> entreprises exploitent surtout les fondements techniques<br />

<strong>des</strong> architectures <strong>SOA</strong>. Elles ont la même approche qu’avec l’EAI (intégration d’applications<br />

d’entreprise), sauf qu’elles remplacent leurs connecteurs propriétaires par <strong>des</strong> services<br />

web », explique Stéphane Dao, consultant chez Devoteam. Souvent réalisés dans l’urgence,<br />

ces <strong>projets</strong> sont avant tout constitués de services techniques développés sans réel souci de<br />

réutilisation. Mais ils ont au moins le mérite d’exister et, pour beaucoup, de fonctionner.<br />

Pourquoi cette réutilisation de services métier est-elle si difficile à obtenir ? « Le concept de<br />

mutualisation de composants est apparu bien avant les architectures orientées services,<br />

avance Cyrille Leclerc, consultant chez Xebia, société de conseil spécialisée dans les<br />

middlewares Java. Il existe depuis <strong>des</strong> années avec Corba, les EJB ou les objets<br />

COM/DCOM. Ces modèles, qui s’adressent aux techniciens, restent complexes à mettre en<br />

œuvre. »<br />

Une simplicité aux effets pervers<br />

<strong>Les</strong> architectures de type <strong>SOA</strong> reprennent ces fondements en y apportant deux notions<br />

supplémentaires : la simplicité (à travers la standardisation de Soap, WSDL…) et la globalité.<br />

« Ces architectures, à en croire ses apôtres, ont vocation à être étendues à tout le système<br />

d’information. C’est un argument classique quand on souhaite justifier une innovation : on<br />

joue la carte de la rupture totale », rapporte Olivier Mallassi, consultant chez Octo<br />

Technology. C’est précisément l’effet pervers de cette simplicité qui a donné lieu à bon<br />

nombre de dérives. On ne compte plus les organisations dont les départements ont déployé ici<br />

et là <strong>des</strong> services sans aucune concertation. « Sans même parler de réutilisation, ces mises en<br />

œuvre négligent bien souvent les questions de qualité ou de typologie de services et<br />

connaissent en retour <strong>des</strong> problèmes de volumétrie et de performance », indique Alain<br />

Helaili, ingénieur chez Dynatrace, éditeur de gestion de performance d’application.<br />

De la même façon « beaucoup d’entreprises masquent avec <strong>des</strong> ESB l’imbroglio de leur<br />

architecture, déplore Jacky Manai, architecte chez Pholème. C’est à l’opposé de la démarche<br />

d’urbanisation qui doit être initiée avant tout déploiement <strong>SOA</strong>. Il n’y aura jamais de<br />

mutualisation de services si l’on ne prend pas le temps de définir les domaines fonctionnels<br />

avec leurs objets métier associés ». L’étape suivante consistant à décliner ces objets métier en<br />

services métier. Simple à dire, extrêmement compliqué à réaliser.<br />

En dépit <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> existantes (Praxeme, CBM, Soma) et <strong>des</strong> solutions de cartographie, le<br />

passage de relais entre urbanisation et conception de composants reste encore confus. « Après<br />

avoir conçu leur catalogue d’objets métier, très peu d’entreprises parviennent à en déduire<br />

<strong>des</strong> services réutilisables, recomposables et limités en nombre », rapporte Yves Caseau,<br />

directeur général adjoint de Bouygues Telecom, qui a mis l’opérateur sur les rails <strong>des</strong><br />

architectures orientées services. « Autant cette déduction peut être intuitive pour <strong>des</strong> <strong>projets</strong><br />

locaux, autant à l’échelle de l’entreprise la maturité n’est pas au rendez-vous » précise-t-il.<br />

La mutualisation de services métier n’achoppe pas uniquement lors du <strong>des</strong>ign de<br />

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l’architecture. Elle est également complexe à maintenir dans le temps et pose <strong>des</strong> problèmes<br />

organisationnels. « Dans une architecture <strong>SOA</strong>, lorsqu’un service doit être modifié, il faut<br />

réunir les responsables de l’application, du service, et <strong>des</strong> processus qui en subissent<br />

l’impact. Soit une vingtaine de personnes. C’est incompatible avec <strong>des</strong> prises de décisions<br />

rapi<strong>des</strong> », rapporte un autre responsable de Bouygues Telecom, pour qui ce concept reste<br />

pourtant le seul viable.<br />

Une maintenance complexe<br />

Cette maintenance soulève également <strong>des</strong> écueils techniques, liés à la gestion <strong>des</strong> versions <strong>des</strong><br />

services partagés. « Le rythme d’évolution d’un service doit être calé sur celui de ses<br />

différents clients. Car si son contrat est amené à changer, chaque client doit modifier sa<br />

procédure d’appel, détaille Cyrille Leclerc. La solution consiste à générer plusieurs versions<br />

du même service. » Ce qui ne va pas exactement dans le sens de la simplification… Chez<br />

Octo Technology, on pointe également le besoin de coordination : « Ce type d’architecture<br />

implique de gérer <strong>des</strong> équipes de développement en plus grand nombre, et surtout, ayant <strong>des</strong><br />

rythmes différents », avance Dominique Jocal, architecte senior dans ce cabinet spécialisé.<br />

Cette distorsion existe notamment entre les équipes qui gèrent les services frontaux, souvent<br />

exposés à l’extérieur de l’entreprise et celles en charge <strong>des</strong> services back end qui n’ont pas les<br />

mêmes priorités.<br />

En dépit de la difficulté à mutualiser les services, il serait aberrant d’enterrer les architectures<br />

<strong>SOA</strong> après les avoir autant adulées. L’approche big bang ne fonctionne pas, ou mal ? Place<br />

aux approches pragmatiques, à l’échelle d’un département, d’un processus ou d’une petite<br />

entreprise. Des <strong>projets</strong> locaux qui, s’ils connaissent le succès, s’étendront naturellement à<br />

l’échelle de l’entreprise. L’informatique a toujours été rythmée par <strong>des</strong> <strong>promesses</strong><br />

démesurées, revues à la baisse avec le temps. C’est le cas du décisionnel, quand on<br />

envisageait d’entreposer toutes les données de l’entreprise dans un seul lieu. Ou de la gestion<br />

de contenu, pour laquelle les éditeurs poussaient le concept de référentiel unique. Laissons<br />

donc le temps aux fournisseurs d’architecture <strong>SOA</strong> de pondérer leurs ambitions. Elle entre<br />

seulement dans ses premières années d’implémentations.<br />

Interview : Anne Thomas Manes, vice-présidente de Burton Group<br />

Beaucoup vous accusent de remettre en question les principes de l’architecture <strong>SOA</strong>...<br />

ATM : C’est faux. A la fin de mon billet, j’insiste précisément sur l’importance de cette<br />

architecture. Je dis seulement que les gens devraient davantage se focaliser sur les buts. Car<br />

nombre d’organisations ne sont pas parvenues à démontrer la valeur métier de leur projet. Des<br />

<strong>projets</strong> souvent couronnés de succès, mais qui visent à intégrer <strong>des</strong> applications au niveau<br />

local. Dans ces conditions, il y a peu de chance que les directions leur octroient plus de<br />

budget.<br />

Une fois ce type d’architecture choisie, quelles sont les conséquences du passage à la<br />

pratique ?<br />

ATM : La déployer ne commence pas avec le choix d’un ESB, d’un référentiel de services ou<br />

d’un mode de communication. Elle exige en revanche une réelle transformation du système<br />

d’information avec une réduction du nombre d’applications et un bouleversement<br />

organisationnel. Ce qui implique souvent le changement du DSI en place. Car il est plus facile<br />

de tout faire chambouler par un nouvel arrivant dont c’est le mandat. Si vous voulez <strong>des</strong><br />

résultats spectaculaires, vous devez faire <strong>des</strong> changements spectaculaires...<br />

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L'avis de l'éditeur, de l'utilisateur et de l'analyste<br />

L'éditeur : Hubert Lalanne, architecte <strong>SOA</strong> et Distinguished Engineer chez IBM<br />

« L’urbanisation du système passe avant l’architecture <strong>SOA</strong> »<br />

« En quelques années, nous sommes passés d’un monde où les clés du système<br />

d’information étaient confiées aux applications à un modèle reposant sur les<br />

vertus de l’infrastructure et d’une architecture en composants et domaines<br />

applicatifs. De cette urbanisation naît ou <strong>non</strong> la nécessité de <strong>projets</strong> <strong>SOA</strong> pour<br />

gérer les problèmes d’interfaces. <strong>Les</strong> difficultés portent donc sur cette<br />

urbanisation, parfois négligée. Ce type d’architecture connaît les problèmes liés à ses<br />

premières implantations sur le terrain. Des problèmes dus par exemple à la sémantique <strong>des</strong><br />

services ou à leur variabilité. Nous connaissons trois types de <strong>projets</strong>. <strong>Les</strong> uns sont<br />

techniques, liés à <strong>des</strong> changements protocolaires. <strong>Les</strong> autres sont locaux. Ils portent sur la<br />

modification d’un processus. <strong>Les</strong> troisièmes, plus rares, touchent toute l’entreprise. »<br />

L'utilisateur : Christophe Juillet, responsable technique du projet SGE (système de<br />

gestion <strong>des</strong> échanges) d’ERDF<br />

« La redondance de service a un impact sur la maintenance »<br />

« Nous avons débuté notre virage <strong>SOA</strong> en 2005. Il nous fallait à l’époque bâtir<br />

une infrastructure de services dans le cadre de l’ouverture du marché de<br />

l’électricité, effective le 1er juillet 2007. Le projet a été achevé dans les temps,<br />

mais dans l’urgence. Avec plus de délai, nous aurions mieux modélisé notre<br />

système d’information. Nous avons commencé la phase de développement<br />

alors même que les métiers n’avaient pas fini leurs spécifications. Par ailleurs, les équipes<br />

techniques travaillaient en parallèle sans trop se concerter sur la granularité et la dépendance<br />

<strong>des</strong> services. Ceci n’a pas eu d’incidence sur la mise en production et le fonctionnement. En<br />

revanche, cette redondance de services représente un surcoût en termes de maintenance. Nous<br />

réajustons le tir progressivement. »<br />

L'analyste : Massimo Pezzini, analyste chez Gartner<br />

« Cette discussion sur la mort supposée <strong>des</strong> <strong>SOA</strong> n’a pas de sens »<br />

« La dernière étude que nous avons réalisée sur ce sujet indique qu’en Europe,<br />

65 % <strong>des</strong> entreprises, quelle que soit leur taille, ont déployé <strong>des</strong> <strong>projets</strong> <strong>SOA</strong>,<br />

techniques ou métier. Même si ces chiffres ont été obtenus avant la crise, ils<br />

témoignent de la forte pénétration de ce type d’architecture. Son problème<br />

fondamental est son retour sur investissement, incontestable mais qui prend<br />

souvent beaucoup de temps. Peut-être a-t-on pris conscience <strong>des</strong> difficultés <strong>des</strong> architectures<br />

orientées services avec les premières implémentations. Peut-être également que les éditeurs<br />

ont survendu leur middleware. Je ne vois aucune raison pour remettre en cause ces <strong>projets</strong><br />

<strong>SOA</strong>. Chaque technologie aujourd’hui passée dans les mœurs, a connu une phase de doute.<br />

Ce fut le cas pour XML ou Java, par exemple. »<br />

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