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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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« Il ne f<strong>au</strong>t pas s’étonner de cette indifférence que l’âge classique semble opposer <strong>au</strong><br />

<strong>par</strong>tage entre la folie et la f<strong>au</strong>te, l’aliénation et la méchanceté. Cette indifférence n’est pas<br />

d’un savoir trop fruste encore, elle est d’une équivalence choisie de façon concertée et<br />

posée en connaissance de c<strong>au</strong>se. Folie et crime ne s’excluent pas ; mais ils ne sont pas<br />

confondus dans un concept indistinct ; ils s’impliquent l’un l’<strong>au</strong>tre à l’intérieur d’une<br />

conscience qu’on traitera <strong>au</strong>ssi raisonnablement, et selon ce qu’imposent les<br />

circonstances, <strong>par</strong> la prison ou <strong>par</strong> l’hôpital. » [Fouc<strong>au</strong>lt, 2006, p. 182]<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Malgré la naissance et le développement rapide de la psychiatrie <strong>au</strong> XIX ème siècle,<br />

dont le projet classificatoire [Goldstein, 1997] remet en c<strong>au</strong>se l’indistinction sur laquelle<br />

repose l’Hôpital général, l’association latente entre arriération <strong>mental</strong>e (elle-même associée à<br />

l’inutilité sociale, <strong>par</strong>fois à la folie) et criminalité persiste, dans les esprits du plus grand<br />

nombre comme dans de nombreux écrits de spécialistes. La notion de « dégénérescence », que<br />

Bénédict-Augustin Morel impose <strong>au</strong> XIX ème siècle comme catégorie psychiatrique générique<br />

à <strong>par</strong>tir de ses études sur les « crétins », met ainsi en valeur l’importance de l’hérédité comme<br />

facteur de transmission de tares résultant de certaines conditions de vie, comme l’alcoolisme<br />

ou le manque d’hygiène. Lombroso <strong>par</strong>lera même quelque temps plus tard de « maladie<br />

sociale », avec l’idée d’une liaison entre déchéance sociale, criminalité et débilité <strong>mental</strong>e<br />

[Stiker, 1997 et 2001].<br />

Cette liaison entre <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> et délinquance va occuper une place importante<br />

dans les représentations jusqu’à <strong>au</strong>jourd’hui, confortée <strong>par</strong> les analyses du nouve<strong>au</strong> discours<br />

psychiatrique de l’entre-deux-guerres, comme le montrent Patrice Pinell et Markos<br />

Zafiropoulos :<br />

« On voit donc (…) le mixage réalisé entre la psychologie génétique, la psychométrie, la<br />

psychanalyse et la génétique. Ces différents corps d’explication <strong>par</strong>cellaire sont utilisés<br />

pour donner un fondement scientifique à la liaison inadaptation-personnalité fragiledélinquance.<br />

» [Pinell et Zafiropoulos, 1978, p. 31]<br />

L’association entre ce qu’on appellera bientôt le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> et la délinquance va<br />

se poursuivre dans les années 50 en se focalisant sur les « bandes de blousons noirs »,<br />

nouvelle figure de la délinquance populaire érigée <strong>par</strong> les média de l’époque en flé<strong>au</strong> social.<br />

Or Patrice Pinell et Markos Zafiropoulos montrent que pour nombre de neuropsychiatres de<br />

l’époque [F<strong>au</strong> et alii, 1966], ces bandes sont composées de diverses sortes de « débiles » :<br />

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