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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

soit <strong>par</strong> rapport à ceux qui les connaissent, <strong>au</strong>tres enquêtés ou proches (confidentialité), soit<br />

<strong>par</strong> rapport à la masse anonyme des lecteurs potentiels (anonymat). » [Béliard et Eideliman,<br />

2008, p. 2]<br />

Dans le cas des monographies de familles qui composent le cœur de mon matéri<strong>au</strong>,<br />

l’exigence de confidentialité est à la fois cruciale (la circulation de l’information dans la<br />

famille est, comme on le verra plus loin en détail, un enjeu très important et l’enquêteur n’a<br />

pas vocation à l’influencer) et très problématique puisque la confrontation des points de vue<br />

est essentielle à la réflexion. Plusieurs solutions peuvent être adoptées. Tout d’abord, on peut<br />

s’en tenir <strong>au</strong> maximum à l’exposé des résultats de l’analyse, <strong>au</strong>x conclusions théoriques et<br />

minimiser les citations d’extraits d’entretien et l’exposé de cas <strong>par</strong>ticuliers. Cette solution<br />

comporte selon moi l’inconvénient majeur de briser pour le lecteur le lien étroit entre empirie<br />

et théorie et de rendre abstraite une réflexion ancrée dans des cas <strong>par</strong>ticuliers. Faire œuvre de<br />

science, en ethnographie comme ailleurs, c’est <strong>au</strong>ssi mettre <strong>au</strong> jour les procédures <strong>par</strong><br />

lesquelles les résultats sont produits et permettre <strong>au</strong>x lecteurs de refaire en pensée le chemin<br />

<strong>par</strong>couru <strong>par</strong> l’<strong>au</strong>teur.<br />

On peut ensuite, sans s’interdire de recourir à des cas concrets, choisir de donner un<br />

minimum de détails sur les caractéristiques de chaque protagoniste jusqu’à en faire des<br />

individus définis uniquement <strong>par</strong> leur position dans une configuration donnée et non <strong>par</strong> leurs<br />

diverses ap<strong>par</strong>tenances qui permettent de les identifier. Il devient alors difficile, même pour<br />

un lecteur impliqué dans le cas, d’attribuer à chacun les <strong>par</strong>oles éventuellement reproduites<br />

dans le texte final. L’adoption d’un tel procédé est, <strong>au</strong>-delà d’un choix déontologique, un<br />

choix scientifique qui oriente vers une forme <strong>par</strong>ticulière d’ethnographie, bien décrite <strong>par</strong><br />

Isabelle Baszanger et Nicolas Dodier, qui la nomment « combinatoire » [Baszanger et Dodier,<br />

1997]. Or ce type d’ethnographie suppose de mettre l’accent sur les observations plus que sur<br />

les entretiens, ce à quoi mon objet se prêtait mal. Je me suis donc plutôt dirigé, d’<strong>au</strong>tant que<br />

ma formation <strong>au</strong> Laboratoire de sciences sociales (ENS/EHESS) m’y poussait, vers une<br />

ethnographie que Florence Weber appelle multi-intégrative [Weber F., 2001] et qui considère<br />

que le comportement d’un individu s’explique en grande <strong>par</strong>tie <strong>par</strong> son ap<strong>par</strong>tenance à<br />

différentes sphères sociales. Les entretiens approfondis ont alors notamment pour but de<br />

mettre <strong>au</strong> jour ces ap<strong>par</strong>tenances 25 . De plus, restituer ces ap<strong>par</strong>tenances, c’est <strong>au</strong>ssi faire<br />

ap<strong>par</strong>aître <strong>au</strong> lecteur les enquêtés comme des personnes plus que comme des individus, lui<br />

permettre de les identifier socialement et ainsi attribuer, <strong>au</strong> fil de l’exposé, différents actes et<br />

discours à une même personne.<br />

25 On incite <strong>par</strong> exemple à recueillir en entretien « l’histoire familiale du côté paternel et maternel, la trajectoire<br />

scolaire, professionnelle, résidentielle, les ap<strong>par</strong>tenances politiques et religieuses » [Be<strong>au</strong>d, 1996, p. 242].<br />

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