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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

La visibilité du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> est donc variable selon les cas, mais <strong>au</strong>ssi vécue de<br />

manière variable <strong>par</strong> l’entourage selon que l’on souhaite plutôt que le <strong>handicap</strong> passe inaperçu<br />

(<strong>au</strong>quel cas l’invisibilité du <strong>handicap</strong> est plutôt un atout) ou soit <strong>au</strong> contraire reconnu, et non<br />

nié voire mal interprété (<strong>au</strong>quel cas l’invisibilité agit plutôt comme un sur-<strong>handicap</strong>). L’aspect<br />

physique des personnes <strong>handicap</strong>ées <strong>mental</strong>es ap<strong>par</strong>aît donc comme un « stigmate » <strong>au</strong> sens<br />

d’Erving Goffman. Les stigmates sont généralement cachés <strong>par</strong> ceux qui les portent, mais ils<br />

peuvent <strong>au</strong>ssi fonctionner comme des sign<strong>au</strong>x d’alerte [Goffman, 1975]. Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi préciser<br />

que l’ap<strong>par</strong>ence physique prend une plus grande importance encore dans le cas des jeunes<br />

filles (comme pour Fanny dans l’exemple ci-dessus) que dans celui des jeunes garçons, pour<br />

lesquels <strong>au</strong>cun enquêté n’a mis en avant devant moi l’importance d’un aspect physique<br />

agréable (Sylvie Man<strong>au</strong>d n’échappant pas à la règle). Dans le cas d’Anne-Lise, il f<strong>au</strong>t<br />

vraiment que sa mère veuille que ses difficultés soient reconnues pour qu’elle passe outre le<br />

sur-<strong>handicap</strong> que représente le nouvel aspect physique, moins attrayant, de sa fille.<br />

Toujours est-il que comme le montre l’exemple de Frédéric, l’allure ou le<br />

comportement hors normes de ces enfants ou adolescents suscite chez ceux qui les côtoient de<br />

près ou de loin bien des interrogations, <strong>au</strong>xquelles leurs proches sont directement confrontés.<br />

On tient sans doute là une première explication de la facilité avec laquelle mon enquête a pu<br />

susciter la <strong>par</strong>ole. En même temps, on voit bien que cette <strong>par</strong>ole s’exprime difficilement et se<br />

heurte à la fois à l’absence de repères et à l’existence de mots réducteurs ou stigmatisants que<br />

l’on ne sait pas toujours comment contourner.<br />

2 Parler à un sociologue<br />

Le thème des enfants et adolescents <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x et des difficultés qu’ils<br />

peuvent entraîner pour leurs <strong>par</strong>ents est un sujet d’emblée « problématique », c’est-à-dire<br />

construit comme un problème pour la plu<strong>par</strong>t des gens, a fortiori pour ceux qui y sont<br />

directement confrontés. Bien qu’on m’ait souvent demandé pourquoi j’avais choisi de<br />

m’intéresser à ce sujet, <strong>au</strong>cun de mes enquêtés n’a été étonné que je puisse m’y intéresser et<br />

ne m’a demandé de justifier l’intérêt de mon entreprise, hormis dans quelques cas pour mettre<br />

en doute la démarche sociologique elle-même. Tous mes interlocuteurs reconnaissaient qu’il y<br />

avait véritablement un « problème » dont il était légitime de <strong>par</strong>ler.<br />

De plus, le fait que ce problème soit difficilement visible, objectivable rend la <strong>par</strong>ole<br />

d’<strong>au</strong>tant plus nécessaire. Pour reprendre l’exemple de Frédéric, son comportement dans les<br />

12 Qui s’est déroulé en octobre 2005. Le premier entretien s’est déroulé en octobre 2004.<br />

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