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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Et puis y’a des choses <strong>au</strong>ssi qui sont dites et (cherche ses mots) qui font du mal dans les<br />

familles. Parce que y’a eu une émission qui s’appelait La Marche du siècle – y’en a eu<br />

deux ou trois sur la trisomie 21 – et y’en a une à laquelle nous avons assisté. Se trouvaient<br />

là le professeur Réthoré et une plus jeune femme, be<strong>au</strong>coup plus jeune que Réthoré, qui<br />

travaille dans une fondation pour la recherche sur la trisomie, quelque chose dans ce goûtlà.<br />

(…) Et (cherche ses mots) Jean-Marie Cavada demande à un moment : ‘Mais enfin,<br />

est-ce que c’est plutôt la mère ou le père qui apporte ça ?’ Ça, c’est la première (insiste<br />

sur ce mot) question que posent les <strong>par</strong>ents. (cherche ses mots) Enfin moi, c’est la<br />

première question que j’ai posée à Réthoré (qui a suivi Jeanne), j’ai dit : ‘Mais enfin,<br />

c’est qui qui… (se reprend) d’où ça vient ?’ Et Réthoré répond : ‘On s’en fiche que ça<br />

vienne de l’un ou l’<strong>au</strong>tre, de toute façon c’est comme pour un <strong>au</strong>tre enfant, la moitié vient<br />

du père, l’<strong>au</strong>tre moitié vient de la mère. Maintenant, savoir si le supplémentaire, il vient<br />

du père ou de la mère, (plus fort) ça nous avance à quoi ?’ Voilà ce qu’elle répond. Et<br />

Jean-Marie-Cavada pose cette question, il ne la pose pas à Réthoré, il la pose à cette<br />

personne et cette personne de répondre : ‘D’après nos statistiques et d’après nos<br />

recherches en cours, il semblerait que le chromosome supplémentaire soit plutôt sur les<br />

gènes de la mère (insiste sur ce mot).’ Ça vous arrange un couple, ça vous arrange une<br />

famille ! (…) Or nous, on avait déjà un rejet <strong>au</strong> dé<strong>par</strong>t, avec quelqu’un qu’avait déjà sorti<br />

qu’elle avait rompu la chaîne familiale, eh ben en plus de la f<strong>au</strong>te à qui ? de la f<strong>au</strong>te à sa<br />

mère ! Alors là, la belle-fille, qui n’a jamais une <strong>au</strong>réole – enfin c’est très rare qu’elle ait<br />

une <strong>au</strong>réole dans une famille – là c’était la totale de chez totale ! »<br />

Si Sylvie réagit si vivement, c’est bien sûr que la question la touche de près. Sa fille,<br />

Jeanne, est née en 1990. Ses <strong>par</strong>ents n’ont découvert qu’elle était trisomique qu’<strong>au</strong> moment de<br />

sa naissance. Ils savaient d’après les tests faits pendant la grossesse qu’il y avait un risque<br />

assez important (une chance sur deux cents, leur avait-on dit), mais ils avaient refusé d’en<br />

savoir plus (en pratiquant une amniocentèse), car elle sentait déjà le bébé bouger et ils<br />

craignaient que l’examen ne provoque une f<strong>au</strong>sse couche. L’annonce de la nouvelle à leur<br />

entourage a été très dure et ils ont très mal accepté les réactions qu’ils ont pu avoir, en<br />

<strong>par</strong>ticulier celles des grands-<strong>par</strong>ents maternels. Voici comment Sylvie me raconte la chose :<br />

« Mes <strong>par</strong>ents sont venus me voir à la maternité le lendemain matin, donc elle était née<br />

depuis douze heures et la première chose et la seule chose qu’a dit ma mère, c’est quand<br />

même : ‘T’<strong>au</strong>rais pu faire des examens’, ce que je traduis en français normal <strong>par</strong> ‘T’<strong>au</strong>rais<br />

pu avorter quand même.’ Et elle a dû ajouter un truc du style : ‘Pourquoi tu me fais ça à<br />

moi ? Pourquoi tu nous fais ça ?’ ou un truc comme ça, enfin bref. (cherche ses mots)<br />

Puis après, y’a eu tous les gens, les amis, qui ont des réactions du style : ‘Oh ! mais ces<br />

enfants-là, ils sont heureux <strong>au</strong>ssi’ ou ‘ils sont plus heureux que nous <strong>par</strong>ce qu’<strong>au</strong> moins,<br />

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