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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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A. Un père <strong>par</strong>tagé<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Flora est née en 1989 et est atteinte d’un <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> qui n’est pas clairement<br />

identifié. Ses <strong>par</strong>ents (Françoise Villars et Lucien Langrin), qui n’ont jamais été mariés, se<br />

sont sé<strong>par</strong>és deux ans après sa naissance. Ils avaient eu avant elle Louis, né en 1985. Son père<br />

(Lucien Langrin) s’est ensuite installé avec sa nouvelle compagne (Valérie), qui a donné<br />

naissance à une fille en 2001 (Mona). Il avait également eu, avant de s’installer avec<br />

Françoise, deux <strong>au</strong>tres enfants (Cécile et Loïc) avec une première femme. Après avoir<br />

effectué en maternelle une scolarité presque ordinaire, Flora n’a pu entrer en CP et a été<br />

orientée vers une école intégrée à un hôpital, permettant de scolariser des enfants ayant divers<br />

problèmes psychologiques. Elle y reste trois ans puis rejoint ABC École, ses <strong>par</strong>ents refusant<br />

des solutions plus classiques, comme un IMP. À la rentrée 2004 malgré tout, ils se résolvent à<br />

accepter qu’elle intègre un IMPro. Elle n’a été officiellement reconnue <strong>handicap</strong>ée qu’à ses<br />

douze ans, pendant son séjour à ABC École. C’est l’époque où Françoise a cessé de croire à<br />

l’intégration scolaire à tout prix et à un hypothétique « retour à la normale ». Elle a alors<br />

également cessé de penser la reconnaissance officielle du <strong>handicap</strong> (et les allocations qui vont<br />

avec) uniquement comme un stigmate et s’est mise à la considérer <strong>au</strong>ssi comme une<br />

ressource. La CDES a reconnu à Flora un t<strong>au</strong>x d’invalidité se situant entre 50 et 80 %, ce qui<br />

donne alors droit à l’allocation d’éducation spéciale (et éventuellement à ses compléments),<br />

mais pas à une demi-<strong>par</strong>t d’impôt en plus ni <strong>au</strong> macaron GIG-GIC, qui ne sont accordés<br />

qu’<strong>au</strong>-delà de 80 %.<br />

J’ai rencontré Françoise <strong>par</strong> le biais d’ABC École, fin 2002. Après un premier<br />

entretien chez elle, lors duquel je la trouve très investie <strong>par</strong> rapport à l’enquête et désireuse de<br />

me faciliter la tâche en me fournissant des contacts ou des documents qui pourraient selon elle<br />

m’être utiles, je lui demande quelles sont les personnes de l’entourage de Flora qui pourraient<br />

me <strong>par</strong>ler d’elle. Françoise ne m’oriente pas vers l’ensemble des personnes que j’<strong>au</strong>rais voulu<br />

voir. Elle est clairement dans une logique de sélection et m’incite <strong>au</strong>ssi vivement à aller <strong>par</strong>ler<br />

avec certains (son ex-compagnon, sa mère, son fils aîné, mais <strong>au</strong>ssi une amie à elle et<br />

quelques professionnelles qui se sont d’après elle bien occupées de Flora) qu’elle me désincite<br />

à aller en voir d’<strong>au</strong>tres (son frère, la nouvelle femme de Lucien). Contrairement à d’<strong>au</strong>tres cas<br />

de sé<strong>par</strong>ations, Françoise tient absolument à ce que son ancien compagnon non seulement<br />

continue à <strong>par</strong>ticiper à l’entretien et à l’éducation de Flora, mais continue même à <strong>par</strong>ticiper<br />

avec elle à la maisonnée formée <strong>au</strong>tour de leur fille, ce qui explique son insistance <strong>au</strong>près de<br />

moi et de lui pour qu’il <strong>par</strong>ticipe à l’enquête, malgré ses réticences pour ce genre d’exercice.<br />

On est donc là dans une forme poussée de co<strong>par</strong>entalité, qui n’est cependant pas<br />

exceptionnelle [Bastard, 2002].<br />

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