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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

changement dans la configuration familiale (un décès, un mariage, une naissance etc.) ou <strong>par</strong><br />

une évolution des symptômes pathologiques de l’enfant, la logique de maisonnée sur laquelle<br />

se reposait une mère seule en première ligne se fissure ou s’évanouit, la laissant largement<br />

isolée <strong>face</strong> <strong>au</strong>x contraintes matérielles engendrées <strong>par</strong> l’enfant. Comme le montre Michel<br />

Dobry [1986] à propos des crises politiques, une caractéristique essentielle de la crise est de<br />

faire communiquer des sphères fonctionnant <strong>au</strong><strong>par</strong>avant de manière <strong>au</strong>tonomes, de remettre<br />

en question des évidences sur lesquelles s’appuie la routine. Si l’on transpose ces analyses <strong>au</strong>x<br />

cas qui nous occupent ici 15 , on assiste effectivement à de multiples remises en c<strong>au</strong>se :<br />

relectures de l’histoire familiale dans un cas, développement de nouvelles théories<br />

diagnostiques dans l’<strong>au</strong>tre. Les théories diagnostiques constituent un levier important sur<br />

lequel peuvent jouer les différents protagonistes pour modifier leur positionnement <strong>par</strong><br />

rapport à la maisonnée. Dans certains cas cependant (comme celui de Tristan), une théorie<br />

diagnostique <strong>par</strong>tagée <strong>par</strong> be<strong>au</strong>coup est trop solidement assise pour laisser une marge de<br />

manœuvre suffisante (c’est souvent le cas pour des <strong>handicap</strong>s découlant de processus<br />

pathologiques bien identifiés, comme la trisomie 21 et d’<strong>au</strong>tres syndromes génétiques) ; dans<br />

d’<strong>au</strong>tres (comme celui d’Eleonora), le flou entourant la nature et l’origine des troubles laisse<br />

<strong>au</strong> contraire la place à des hypothèses diverses, dont les conséquences touchent souvent à la<br />

fois les principes d’éducation à adopter et les prises en charge institutionnelles à privilégier.<br />

La com<strong>par</strong>aison entre ces deux cas montre <strong>au</strong>ssi qu’il existe des situations<br />

intermédiaires entre la logique de maisonnée élargie, l’aide ponctuelle et l’isolement d’une<br />

« première ligne ». Dans le cas de Tristan, les avis divergent sur l’existence même d’un<br />

collectif constitué <strong>au</strong>tour de lui. On est dans une situation de conflit larvé, où les tensions sont<br />

palpables sans être jamais à l’origine d’une véritable crise ouverte. Dans le cas d’Eleonora, le<br />

conflit est be<strong>au</strong>coup plus ouvert, même s’il n’a pour le moment pas donné lieu à une véritable<br />

rupture (Catherine et Marina ont d’ailleurs repris des relations plus importantes à <strong>par</strong>tir de<br />

l’<strong>au</strong>tomne 2005). Le cas de Tristan comme celui d’Eleonora montrent en tout cas combien les<br />

relations à l’intérieur de la maisonnée peuvent être complexes et soumises à des évolutions,<br />

lentes ou violentes. Ce n’est pas tant que les membres d’une même maisonnée doivent<br />

forcément avoir les mêmes manières de penser ou de faire, mais un travail d’homogénéisation<br />

et de masquage des divergences (qui n’empêche pas ces dernières d’exister malgré tout) rend<br />

difficile leur expression, tant qu’une crise ne vient pas bousculer la logique de maisonnée.<br />

15 Je remercie Emmanuel Soutrenon de m’avoir suggéré cette transposition.<br />

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