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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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ne profitait plus de l’enseignement exigeant qu’elle recevait dans l’école privée, mais c’était<br />

<strong>au</strong>ssi injuste pour les <strong>au</strong>tres enfants de la classe de devoir supporter ses colères. Cette<br />

divergence de vue sur la prise en charge la plus adaptée pour Eleonora, qui s’affirme de plus<br />

en plus <strong>au</strong> fur et à mesure que Catherine prend de la distance <strong>par</strong> rapport à Marina, repose <strong>au</strong><br />

fond sur une manière différente de concevoir les problèmes d’Eleonora. On ne peut savoir<br />

précisément depuis quand Catherine a développé une théorie diagnostique différente de celle<br />

de Marina. Néanmoins, il est clair que sa formulation de façon explicite est concomitante de<br />

la fragilisation, puis de l’implosion de la maisonnée lors de l’été 2005 (il n’y a pas de conflit<br />

explicite entre Catherine et Marina, mais un quasi-arrêt des relations de fait, avant une reprise<br />

progressive). Ainsi, le terme « <strong>au</strong>tiste » n’est selon elle qu’une étiquette pratique mais sans<br />

réel fondement, qui masque plus qu’elle ne révèle :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Et (je cherche mes mots) sur le terme <strong>au</strong>tiste etc., est-ce que vous trouvez que ça<br />

correspond bien ?<br />

Non ! du tout. Non. (cherche ses mots) Alors qu’est-ce que c’est, un <strong>au</strong>tiste ? C’est assez<br />

vaste <strong>au</strong>ssi et puis à vrai dire, je n’ai jamais pris un livre pour lire ce que c’est qu’un<br />

<strong>au</strong>tiste. (…)<br />

Et du coup, vous pensez que le terme ‘<strong>au</strong>tiste’ – c’est ce que vous disiez tout à<br />

l’heure –, c’est pratique pour expliquer rapidement…<br />

Ouais, voilà, pour que les gens comprennent, ouais. Parce que si tu dis <strong>au</strong>x gens :<br />

‘(cherche ses mots) Elle est simplette… (s’arrête)’ Si tu veux être cruel, enfin brut, c’est<br />

un enfant qui est simplet. C’est ce qu’on disait dans le temps, je pense, en gros. Mais elle<br />

a des graves problèmes, chroniques même, je dirai, de comportement. Voilà. Et ça, tu<br />

peux pas dire : ‘C’est <strong>par</strong>ce qu’elle a un problème… (s’arrête)’ Après, c’est une<br />

culpabilisation <strong>au</strong>ssi. Parce que si elle a un grave problème de comportement, c’est de la<br />

f<strong>au</strong>te de qui ? Hein ? C’est notre f<strong>au</strong>te après tout. »<br />

Le « notre » qu’emploie ici Catherine est d’une ambiguïté révélatrice ; est-ce qu’elle<br />

s’y inclut, en tant que personne ayant <strong>par</strong>ticipé à l’éducation d’Eleonora ? Ou bien est-ce<br />

qu’elle se met, plus abstraitement, à la place d’une mère quelconque d’enfant ayant des<br />

troubles du comportement ? Toujours est-il qu’elle exprime ici un reproche quasi-explicite à<br />

Marina, même si elle hésite peut-être à se l’adresser <strong>au</strong>ssi à elle-même. Pour elle, les troubles<br />

du comportement d’Eleonora sont <strong>au</strong> moins <strong>par</strong>tiellement dus à la forme d’éducation qu’elle a<br />

reçue. Plusieurs fois pendant l’entretien, elle critique la façon de faire de Marina avec sa fille,<br />

trouvant qu’elle lui passe trop de choses. On retrouve ce genre de reproches, de manière<br />

encore plus explicite, formulés <strong>par</strong> Cynthia, l’amie de Marina :<br />

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