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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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chez chacune d’elles, de théories diagnostiques mettant l’accent sur la responsabilité de<br />

Marina. À la fin de l’entretien de septembre 2005, sa belle-sœur Catherine exprime cette prise<br />

de distance en la reliant à un changement plus global dans son attitude :<br />

« Là, on s’éloigne et ça vient de toutes les deux, d’elle comme de moi, je pense. (cherche<br />

ses mots) Maintenant, en prenant un peu de recul, je pense qu’elle était pas là pour nous<br />

comme nous on était là pour elle, pour sa fille. Elle avait un week-end à remplir avec sa<br />

fille, donc peut-être qu’on n’avait <strong>au</strong>cune complicité finalement, s<strong>au</strong>f qu’elle nous<br />

appelait en permanence pour boucher une après-midi avec sa fille. Bien sûr, on se <strong>par</strong>lait<br />

comme des amies, mais en même temps ça me manque pas de plus voir Marina. Et je<br />

pense que moi, je lui manque pas. »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Ce que décrit ici Catherine, sous le coup d’une colère qui passera dans les semaines<br />

suivantes, c’est la rupture d’une logique de maisonnée. Tout à coup, elle se remet à compter, à<br />

com<strong>par</strong>er ce qu’elle a apporté à Marina et ce que celle-ci lui a apporté. La collectivisation des<br />

efforts <strong>au</strong> profit d’Eleonora dis<strong>par</strong>aît, tandis que la sé<strong>par</strong>ation entre les deux ménages (celui<br />

de Marina et celui de Catherine) réap<strong>par</strong>aît. Le nouve<strong>au</strong> regard que porte Catherine sur<br />

Eleonora et Marina la pousse à être plus attentive <strong>au</strong>x « injustices » qui sont la conséquence<br />

des difficultés d’Eleonora et du fait qu’elle a été instituée comme c<strong>au</strong>se commune.<br />

« Toujours, Eleonora était la reine, c’était toujours Eleonora, Eleonora ci, Eleonora ça, il<br />

fallait que tout le monde s’adapte <strong>au</strong>tour d’Eleonora. Et même <strong>au</strong>jourd’hui, je vais dire<br />

qu’avec mon aîné, Marina, elle est très dure avec mon aîné. ‘Oui, il f<strong>au</strong>t pas faire ci ! Fais<br />

attention à Eleonora ! Tu te fous (cherche ses mots) d’elle !’ Donc du coup, mon aîné des<br />

fois… (s’arrête) Bon, je dis rien, je le prends de côté quand je vois que vraiment, ça va<br />

trop loin et puis je lui explique : ‘Tu comprends qu’Eleonora, je t’avais déjà expliqué, elle<br />

est pas comme les <strong>au</strong>tres enfants, elle est différente etc., donc des fois, il f<strong>au</strong>t qu’on fasse<br />

des concessions.’ Et j’essaye de lui expliquer que lui, il a de la chance d’être un enfant<br />

normal et puis de pas avoir ce genre de soucis. Donc il essaye de rentrer… (s’arrête) mais<br />

c’est une injustice horrible. (cherche ses mots) Qu’on rencontre souvent avec les enfants<br />

<strong>handicap</strong>és, vis-à-vis des enfants qui sont norm<strong>au</strong>x. »<br />

Catherine reproche même à Marina de vouloir trop imposer Eleonora à ses amis, ses<br />

proches et de ne pas assez se tourner vers les structures spécialisées et les professionnels de<br />

l’enfance <strong>handicap</strong>ée. Elle me raconte d’ailleurs qu’elle a poussé Marina à chercher une<br />

structure comme l’hôpital de jour où entre Eleonora en septembre 2004, après avoir fréquenté<br />

une petite école privée hors-contrat du type d’ABC École. Selon elle, non seulement Eleonora<br />

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