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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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La place des cousines maternelles de Tristan illustre bien ces processus. Fabienne et<br />

son frère Gilles ont entretenu toute leur vie des relations étroites, tandis que François, le<br />

troisième de la fratrie, est resté plus à l’écart. Tous trois ont cependant régulièrement <strong>par</strong>tagé<br />

des vacances ensemble dans la maison normande familiale, avec puis sans leurs <strong>par</strong>ents.<br />

Lorsque ces derniers sont morts, la maison a en effet été possédée en indivision <strong>par</strong> les trois<br />

frères et sœur. Les deux filles de Gilles et Vanessa, Magali et Charlotte (qui sont nées en 1979<br />

et 1981 et qui sont toutes deux lancées dans des études de médecine <strong>au</strong> moment de l’enquête),<br />

ont elles <strong>au</strong>ssi be<strong>au</strong>coup fréquenté cette maison, notamment l’été, où elles retrouvaient<br />

Fabienne et sa famille, Tristan inclus. Voici comment Magali (l’aînée) me raconte l’ambiance<br />

qui y régnait et la manière dont son attitude vis-à-vis de Tristan et Fabienne a évolué :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Bon j’ai pris, à ce moment-là, de la distance avec ma tante et je pense <strong>au</strong>ssi <strong>par</strong> rapport<br />

à l’obligation, la mission qu’on se sentait <strong>par</strong> rapport à Tristan, <strong>par</strong> rapport <strong>au</strong>ssi à cette<br />

maison de Normandie, <strong>par</strong>ce qu’elle nous reprochait de pas l’entretenir, de pas y aller<br />

souvent et tout ça. Mais bon, y’a un moment dans ta vie où t’es disponible pour y aller<br />

ou… (s’arrête) Enfin y’avait une sorte de modèle, comme ça, qu’elle demandait pas du<br />

tout à ses enfants. (…) (cherche ses mots) Mais je pense que c’était pas uniquement une<br />

obligation qu’elle nous donnait, c’était quelque chose qu’on ressentait sans qu’elle nous<br />

dise, tu vois ? C’est de l’éducation. Maintenant que j’ai compris un petit peu le<br />

mécanisme, même si j’ai pas tout compris, je pense qu’il y avait be<strong>au</strong>coup d’obligations<br />

qu’on se donnait, <strong>au</strong>ssi, à nous-mêmes. (…)<br />

Et les reproches dont tu <strong>par</strong>les sur la maison de Normandie, c’est vraiment<br />

justement les mêmes qu’elle fait à ton père <strong>au</strong>ssi, de pas assez s’occuper de la<br />

maison ? C’est la même chose avec vous et… ?<br />

Ouais, ouais ouais. (réfléchit et cherche ses mots) C’est complètement illogique, enfin<br />

c’était pas fondé. (réfléchit) Je sais pas, <strong>par</strong> exemple, y’a des groseilliers, (rires) <strong>au</strong><br />

moment de la récolte des groseilles, moi j’avais toujours fait ça <strong>par</strong> plaisir – enfin je crois<br />

(rires), c’est toujours difficile de savoir la raison – et ces dernières années, elle a pu très<br />

bien poser le se<strong>au</strong> sur la table en disant : ‘Mais tu t’occupes pas des groseilles, va<br />

ramasser les groseilles !’ Là, t’as pas envie de le faire (rires). Et Tristan, c’est un petit peu<br />

<strong>par</strong>eil peut-être, tu vois si elle m’a dit – mais encore, avec Tristan, c’était plus<br />

(incompréhensible) – mais si elle te dit : ‘Tu devrais jouer à ça avec Tristan’, t’as pas<br />

envie de le faire. »<br />

La com<strong>par</strong>aison entre « l’entretien » de la maison de Normandie et celui de Tristan est<br />

intéressant : dans les deux cas, la question centrale est celle de la ré<strong>par</strong>tition des places <strong>au</strong> sein<br />

d’un collectif de production dépassant le cadre du ménage habituel et assurant « l’entretien »,<br />

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