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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Elle cite en <strong>par</strong>ticulier Agathe, qui l’<strong>au</strong>rait accusée de ne pas laisser suffisamment de<br />

place à son mari. Lors de l’entretien que j’ai fait avec Agathe, elle revient effectivement sur<br />

ce problème, qu’elle présente en des termes psychologisants, tout en tâchant de nuancer ses<br />

critiques :<br />

« C’est vrai que pendant très longtemps, ma belle-sœur Fabienne a été en totale symbiose<br />

avec son fils, personne ne pouvait y toucher. Dès qu’elle s’absentait cinq minutes, le fils<br />

angoissait peut-être, mais la mère angoissait be<strong>au</strong>coup <strong>au</strong>ssi (léger rire). Donc y’avait un<br />

comportement très protecteur de la <strong>par</strong>t de la mère, excluant be<strong>au</strong>coup <strong>au</strong>tour d’elle. Bon,<br />

(cherche ses mots) c’est normal, quelque <strong>par</strong>t je pense que c’est normal, mais c’est pas<br />

toujours très facile. »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Agathe n’est cependant pas la seule à faire ce reproche à Fabienne. Du côté de ses<br />

proches également, qui soulignent tous l’extraordinaire façon dont elle <strong>par</strong>vient à faire en<br />

sorte que son fils s’épanouisse <strong>au</strong> maximum, on retrouve des critiques plus ou moins voilées<br />

de la place prise <strong>par</strong> Fabienne <strong>au</strong>près de Tristan <strong>au</strong> détriment des <strong>au</strong>tres. Ainsi, le frère aîné de<br />

Fabienne, Gilles, souligne sans agressivité les ambivalences qu’il ressent chez sa sœur : elle a<br />

besoin d’aide pour s’occuper de Tristan mais l’exige souvent de manière trop <strong>au</strong>toritaire, ce<br />

qui décourage les bonnes volontés :<br />

« Fabienne essaye de nous solliciter mais d’une façon be<strong>au</strong>coup trop directive, je trouve,<br />

pour qu’on s’occupe de lui, pour qu’on s’occupe de Tristan. Alors que bon, (en riant<br />

légèrement) peut-être que je suis très indépendant, je comprenais tout ça mais j’avais<br />

envie, moi, de faire comme je voulais <strong>au</strong> moment où je voulais. Voilà. Et je peux<br />

comprendre ça <strong>au</strong>ssi <strong>par</strong>ce que Fabienne, il fallait absolument qu’elle <strong>par</strong>tage. D’ailleurs<br />

elle me l’a exprimé, elle me l’a même exprimé en pleurant, (hésite) elle m’a fait<br />

comprendre que c’était très lourd et qu’à certains moments, elle en pouvait plus et qu’elle<br />

nous sollicitait d’une façon directive <strong>par</strong>ce qu’on venait peut-être pas suffisamment. Qu’à<br />

ce moment-là, elle en pouvait plus et qu’il fallait qu’on soit là. Donc c’est plein de<br />

contradictions, (cherche ses mots) qui sont le signe qu’on n’a peut-être pas été présents<br />

toujours <strong>au</strong> bon moment. »<br />

Les torts sont donc selon lui <strong>par</strong>tagés et la situation est le résultat d’un cercle vicieux<br />

qui laisse tout le monde insatisfait : Fabienne est fatiguée de s’occuper seule de Tristan et<br />

exprime son mécontentement vis-à-vis de ses proches en leur demandant sans ménagement,<br />

de façon <strong>par</strong>fois très directive, de l’aider (et <strong>au</strong>ssi de <strong>par</strong>ticiper à mon enquête). Dans ces<br />

conditions, be<strong>au</strong>coup refusent, agacés <strong>par</strong> le ton de la requête, ce qui laisse Fabienne encore<br />

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