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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

à l’école Montessori. Encore f<strong>au</strong>t-il que l’on se sente suffisamment légitime à exprimer sa<br />

souffrance pour accepter d’effectuer une telle démarche. Au-delà de cette question de la<br />

souffrance légitime, cette ambivalence se retrouve dans de nombreux domaines : être en<br />

première ligne, c’est avoir la charge et le bénéfice de l’entretien le plus quotidien de l’enfant ;<br />

c’est avoir le pouvoir et le souci de prendre les décisions importantes pour lui ; c’est, en bref,<br />

avoir la responsabilité de l’enfant, qui représente à la fois un formidable pouvoir et un terrible<br />

poids.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi avoir la légitimité nécessaire pour se pencher sur les aspects médic<strong>au</strong>x et<br />

psychologiques des difficultés de l’enfant, ce qui représente là encore à la fois une forme de<br />

pouvoir et une source de culpabilité, d’angoisse. Bien que chacun ait tendance à chercher des<br />

explications <strong>au</strong> comportement de l’enfant, à essayer de synthétiser ses impressions en un<br />

schéma global cohérent, chaque personne qui le connaît ne développe pas une théorie<br />

diagnostique, ou du moins pas avec la même précision. La « quête diagnostique » à laquelle<br />

les <strong>par</strong>ents peuvent difficilement échapper ne s’impose pas avec la même force <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres<br />

membres de l’entourage. En <strong>par</strong>ticulier, ceux qui ne font pas <strong>par</strong>tie de la famille de l’enfant se<br />

sentent la plu<strong>par</strong>t du temps illégitimes à s’intéresser <strong>au</strong>x aspects médic<strong>au</strong>x. Dans le cas de<br />

Tristan, même si la trisomie 21 est suffisamment connue pour que be<strong>au</strong>coup se contentent de<br />

cette dénomination en guise de théorie diagnostique, ses troubles associés sont susceptibles de<br />

provoquer des interrogations diagnostiques. Il a en effet un comportement que les spécialistes,<br />

y compris de la trisomie, estiment « perturbé ». Certains ont évoqué un syndrome <strong>au</strong>tistique,<br />

d’<strong>au</strong>tres ont simplement mentionné des difficultés relationnelles, d’<strong>au</strong>tres encore ont <strong>par</strong>lé<br />

d’une véritable maladie génétique s’ajoutant à la trisomie, dont l’existence n’a cependant pas<br />

été médicalement prouvée. Lorsque j’évoque ces questions avec Viviane Blanchoux, une<br />

voisine et amie de Fabienne qui connaît bien Tristan et le garde de temps en temps, elle<br />

exprime clairement son illégitimité à s’intéresser de près à ces questions :<br />

« Est-ce qu’elle a <strong>par</strong>lé à un moment du diagnostic médical qui avait été posé ? Estce<br />

qu’elle a expliqué ce que c’était ?<br />

Pas tant que ça, justement. Et moi, c’est vrai que c’est un truc, j’ose pas trop… (s’arrête)<br />

(…) Tout ça pour moi, c’est assez flou et en fait j’en <strong>par</strong>le pas avec Fabienne. (…) Mais<br />

c’est vrai que je pose pas de questions <strong>par</strong>ce que (hésite) je crois que j’ai pas envie de…<br />

(s’arrête) Pour moi, (en riant légèrement) ce serait de la curiosité mal placée <strong>par</strong> rapport<br />

à Fabienne. Moi, je pense que Fabienne, elle <strong>par</strong>le assez facilement, donc si elle me <strong>par</strong>le<br />

pas de ça, (cherche ses mots) je pense que c’est <strong>par</strong>ce qu’elle n’a pas envie d’en <strong>par</strong>ler, ou<br />

que c’est pas important pour elle. On <strong>par</strong>le de plein de choses <strong>au</strong>tres à propos de Tristan,<br />

on <strong>par</strong>le be<strong>au</strong>coup de Tristan. On <strong>par</strong>le de sa scolarité, de son développement, (hésite)<br />

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