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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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des invités à dîner donc avec un peu de chance, il va pas rentrer trop tard mais…<br />

(s’arrête) Et (hésite) il s’en occupe pas be<strong>au</strong>coup. Il l’adore, ça y’a rien à dire, mais il<br />

s’en occupe pas be<strong>au</strong>coup.(…) Mais c’est ce qui manque un peu. Si vous voulez, quand je<br />

disais : ‘je dis toujours ‘je’ ‘, (hésite) malheureusement, je prends Tristan en charge à 95<br />

%. Mon mari est toujours d’accord, hein ! Mais c’est… (s’arrête) »<br />

(a)<br />

Être en première ligne : un pouvoir qui pèse lourd<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

La position de première ligne est plus complexe qu’il n’y <strong>par</strong>aît <strong>au</strong> premier abord. Le<br />

plus évident est que les « première ligne » sont les plus exposés à la charge que peut<br />

représenter un enfant <strong>handicap</strong>é. Ainsi, Fabienne a donné énormément de son temps et de son<br />

énergie pour trouver les spécialistes qui convenaient à Tristan, l’emmener régulièrement chez<br />

eux, trouver les bons établissements, trouver les activités qui allaient lui permettre de<br />

progresser le plus rapidement, ou encore passer des heures avec lui pour qu’il s’endorme. Elle<br />

a <strong>au</strong>ssi « sacrifié » en <strong>par</strong>tie sa carrière professionnelle, dans la mesure où son passage à mitemps,<br />

peu après la naissance de Tristan, a donné un sérieux coup d’arrêt à son ascension<br />

professionnelle (elle a fait HEC et travaille dans une agence de publicité). C’est en ce sens<br />

qu’on peut comprendre qu’elle estime avoir été insuffisamment soutenue. Elle considère que<br />

les membres de son entourage, et la société en général, ne se rendent pas compte du poids<br />

qu’elle porte car elle donne l’impression d’être solide et organisée. Elle me l’exprime dès<br />

notre premier entretien, en octobre 2004 :<br />

« C’est pas <strong>par</strong>ce qu’on gère qu’on n’en prend pas plein la gueule, hein ! Ils sont bons,<br />

eux. Ben oui ! Vous voyez : ‘(cherche ses mots) (imite quelqu’un qui <strong>par</strong>le d’elle) Ah !<br />

ben oui mais Fabienne…‘, ben Fabienne, elle fatigue comme tout le monde, hein ! Même<br />

physiquement, je me rends compte… (s’arrête) Je viens d’avoir quarante-six ans, eh ben<br />

je me dis que (hésite) je suis capable, <strong>par</strong>ce que physiquement, je suis celle qui porte,<br />

(hésite) bon, qui fait tout ça, mais je me dis que physiquement, ça a été dur, la présence<br />

de Tristan. Bon cinq enfants… (hésite) enfin pour moi, cinq enfants, je trouve pas ça<br />

excessif, mais on me dit : ‘Oh ! la la, cinq enfants, ben vous devez être fatiguée.’ Mais<br />

c’est surtout Tristan ! Quand vous dormez pas… (s’arrête) Moi, je me souviens de fois,<br />

mon mari <strong>par</strong>tant <strong>au</strong> bure<strong>au</strong> le matin, on avait dormi deux ou trois heures en pointillés,<br />

vous savez, en pointillés ! (soupire) F<strong>au</strong>t tenir, hein ! C’est ça <strong>au</strong>ssi, on se rend pas<br />

compte. Quand on <strong>par</strong>le du <strong>handicap</strong>, on se rend pas compte combien certains <strong>par</strong>ents<br />

sont fa-ti-gués (insiste sur ce mot). »<br />

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