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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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L’entretien avec Odile et Suzanne éclaire la résistance opposée <strong>par</strong> Marie-Hélène à ce<br />

que je les rencontre pour <strong>par</strong>ler de Rodrigue. Alors que Marie-Hélène m’en <strong>par</strong>le dès les<br />

premières secondes de notre entretien, sa belle-mère (Odile) et sa belle-sœur (Suzanne,<br />

vendeuse de prêt-à-porter) ne mentionnent pas une fois la notion de « troubles de type<br />

aphasique » et décrivent Rodrigue comme un garçon certes lent dans son développement,<br />

mais surtout élevé de manière très maladroite :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Alors Rodrigue, est-ce que vous pouvez me raconter un peu les premières fois que<br />

vous avez trouvé qu’il avait des difficultés etc., comment ça s’est passé ?<br />

Odile : Alors quand il était petit, (…) ses <strong>par</strong>ents (…) étaient très intellectuels… (se<br />

reprend) enfin j’ai l’impression que Jacques avait (cherche ses mots) pas mal acquis<br />

l’expérience des enfants <strong>par</strong>ce qu’il avait des frères et sœurs, mais il me semble que<br />

Marie-Hélène n’avait absolument pas d’expérience et que tout était très livresque. Alors<br />

ma fille aînée et moi… (léger rire) (se reprend) enfin mes <strong>au</strong>tres filles étaient un petit<br />

peu… (se reprend) très (insiste sur ce mot) très étonnées de la façon dont on s’occupait<br />

de Rodrigue. Alors moi la grand-mère – (sourire dans la voix) la grand-mère, c’est-à-dire<br />

la belle-mère –, c’est difficile de dire quelque chose ! Par exemple, on avait l’impression<br />

qu’il était couvé.<br />

Suzanne : Mais c’était pas une impression, il était vraiment couvé ! Par exemple il<br />

apprenait à marcher, sa mère était derrière : ‘Attention ! attention ! tu vas tomber !’ Donc<br />

Rodrigue n’osait pas se lancer.<br />

Odile : C’était pas du tout le genre (en riant légèrement) d’éducation qu’ont eue mes<br />

enfants. Alors ça nous <strong>par</strong>aissait un petit peu aberrant. Alors <strong>au</strong> début, on se disait : ‘Bon<br />

ben il a été trop couvé, il a été trop dorloté, il a eu peur, c’est pour ça qu’il a quelques<br />

problèmes !’ (…) Parce que moi, j’avais un mari qui était très lent, (léger rire) archi lent,<br />

alors comme je voulais une famille nombreuse, je voulais pas qu’ils soient trop empotés<br />

alors (cherche ses mots) j’essayais de leur apprendre le plus vite possible à être dégourdis.<br />

Alors si un enfant tombait, ben il tombait, il se relevait. Et je lui disais : ‘Ben tu vois, tu<br />

es pas cassé, ça va, c’est bien !’ Ensuite il se relevait et ça va. Tandis que dès qu’il<br />

tombait, c’était plutôt : ‘Oh ! mon p<strong>au</strong>vre chéri ! mon p<strong>au</strong>vre ! ouh ! la la la la la !’ (rires)<br />

Moi, ça m’étonnait be<strong>au</strong>coup. Et même des fois je disais à Jacques : ‘Mais je comprends<br />

pas ! c’est vrai, tu ne dis rien !’, ‘Oh ! ben tu comprends, moi, (hésite) f<strong>au</strong>t pas d’histoire,<br />

on peut pas dire…<br />

Suzanne : ‘On fait pas toujours ce qu’on veut.’<br />

Odile : … on fait pas toujours ce qu’on veut’, des choses comme ça. Mais je crois que<br />

(cherche ses mots) pour elle, c’était pas inné (insiste sur ce mot) si vous voulez, d’être<br />

maman. Je crois qu’elle avait jamais eu d’enfant, de bébé entre les bras, alors elle était un<br />

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