27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

va pas mollo avec ! Il la fait bosser douze heures <strong>par</strong> jour. Et ça y va ! Vous l’avez vu,<br />

ça ?<br />

Non.<br />

Non ? Ben moi je l’ai vu ! Je l’ai vu à la télé, franchement, il est pas drôle avec elle. Il<br />

dit : ‘F<strong>au</strong>t y aller, quoi !’, ben moi je suis d’accord avec lui. Ouais, entièrement. »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Malgré la conviction que l’on peut sentir dans ce long extrait, la position de Didier est<br />

dans l’ensemble ambiguë. L’entretien est <strong>au</strong>ssi pour lui une occasion de se défouler, de dire<br />

tout ce qu’il a sur le cœur à propos d’Alexandra, quitte à exagérer sur certains points et à<br />

nuancer <strong>par</strong> la suite, voire à se contredire. La question de la prise en charge institutionnelle<br />

d’Alexandra est un point crucial, <strong>au</strong>quel Stéphanie et Didier sont <strong>au</strong> moment de l’entretien<br />

encore en train de réfléchir. Lorsque je les rencontre, Alexandra fréquente un IMP depuis sept<br />

ans, après avoir passé trois ans en hôpital de jour. Stéphanie reste floue sur la question de<br />

l’avenir d’Alexandra. Elle dit y penser be<strong>au</strong>coup, mais ne pas savoir s’il v<strong>au</strong>drait mieux la<br />

placer en internat ou non. Elle trouve en tout cas qu’il est be<strong>au</strong>coup trop tôt pour prendre une<br />

telle décision. Didier, lui, semble plus pressé sur cette question. Cependant, à la fin de<br />

l’entretien avec lui, alors que nous discutons tous les trois sur le pas de la porte, je me rends<br />

compte que Stéphanie et Didier semblent faire front contre Véronique, la sœur de Stéphanie,<br />

notamment sur le fait qu’elle voudrait selon eux qu’Alexandra soit placée <strong>au</strong> plus vite en<br />

internat. Comment comprendre l’ambivalence de Didier sur cette question ? Outre qu’elle<br />

souligne une véritable hésitation, elle est <strong>au</strong>ssi la conséquence d’un changement déterminant<br />

dans la configuration familiale, qui a une très forte influence sur le point de vue de Didier sur<br />

Alexandra : la naissance de P<strong>au</strong>l. Depuis celle-ci, il est <strong>par</strong>tagé entre la volonté de faire<br />

progresser Alexandra le plus possible en concourant activement à son éducation (le père<br />

d’Alexandra ne la voit que très rarement et Didier se considère comme son père, en tout cas<br />

quotidien) et celle de protéger P<strong>au</strong>l à la fois du comportement potentiellement violent<br />

d’Alexandra, mais <strong>au</strong>ssi de sa propension à absorber leur temps et leur énergie. Et ce d’<strong>au</strong>tant<br />

plus que, comme ils le disent tous deux vers la fin de l’entretien avec Didier (Stéphanie nous a<br />

alors rejoints), ils ne sont pas loin d’être à bout de force, physiquement et <strong>mental</strong>ement. C’est<br />

d’ailleurs cette impression qui me pousse, de manière inhabituelle, à donner mon avis sur leur<br />

manière de faire, en espérant leur redonner du courage.<br />

« Bon… (je réfléchis) Moi, ça y est, j’ai fait le tour de mes thèmes. Si vous voyez<br />

d’<strong>au</strong>tres trucs importants…<br />

Didier : Non, écoutez… (s’arrête) J’espère qu’elle va s’en sortir, j’espère qu’elle va faire<br />

des progrès. (soupire) Moi, je dis tout le temps que ça va aller, ça va aller, moi j’y crois,<br />

412

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!